@Eric F
"Lancer des missiles magiques à mille kilomètres ne présente guère
d’efficacité, les stocks, bases militaires et centres de production
militaires russes sont disséminés dans le pays et la défense aérienne
intercepte une proportion significative. Notez par ailleurs c’est à
propos des ripostes russes que j’ai parlé d’escalade dans les tirs de
missiles longue portée.
On a bien vu que depuis l’autorisation des
tirs de missiles contre le territoire russe, il n’y a pas eu d’inflexion
dans le déroulement du conflit. L’élément crucial est l’artillerie de
zone de combat, et bien sur les combattants. Le drame c’est le nombre
considérable de victimes dans les combats, les dispositifs
technologiques font accroitre les pertes humaines.«
Sur la question de l’importance des frappes en profondeur, je vous invite à lire l’article : »Frappe dans la profondeur terrestre : quel rôle dans les opérations futures françaises ?". C’est un article qui essaie de tirer le plus d’enseignements possibles du conflit en Ukraine pour orienter convenablement les orientations à définir pour l’armée française.
La notion de frappe dans la profondeur est définie ainsi :
- 1) Au niveau stratégique,
en une action de force qui vise les points décisifs et les centres de
gravité de niveau stratégique. Les cibles visées ont un lien immédiat
avec l’objectif politique poursuivi et l’État final recherché (EFR). Ces
attaques sont de nature à avoir un impact majeur sur la volonté de
l’adversaire et sa capacité à poursuivre son action.
- 2) Au niveau opératif,
en une action de force qui recherche la neutralisation ou la
destruction de la cohérence du dispositif adverse, qu’il soit aérien ou
terrestre, le cloisonnement du terrain, l’isolement des unités, ainsi
que l’affaiblissement des points décisifs et du centre de gravité.
Après toute une discussion, les tirs à plus de 100 km sont souvent indiqués comme étant le minimum pour parler de frappe en profondeur.
Les diverses finalités de la frappe en profondeur sont passées en revue.
— La paralysie stratégique constitue la première finalité. En agissant sur le système global, et non uniquement sur ses forces
armées, la guerre est gagnée en imposant notre volonté à notre ennemi.
— La deuxième finalité qu’offre la frappe dans la profondeur, dans le champ opératif cette fois, consiste à contrer la manœuvre ennemie, voire à affaiblir ses forces jusqu’à ce qu’elles ne puissent plus soutenir une offensive (finale).
— Une troisième finalité de la frappe dans
la profondeur, également dans le champ opératif, pourrait être qualifiée
de contre-déni d’accès.
L’ennemi met en place des moyens pour interdire l’accès à des territoires, des installations... La frappe en profondeur vise à cibler ces moyens de défense de l’ennemi.
— Une quatrième finalité de la
frappe dans la profondeur est à trouver dans l’avantage qu’elle offre en
matière de risques. En effet, à modes d’actions équivalents en termes
d’atteinte de l’effet militaire, la frappe dans la profondeur offre
l’avantage de ne pas exposer nos combattants comme le ferait un raid de bombardiers ou l’emploi d’un système sol-sol à portée de tirs de contrebatterie par exemple.
Les conclusions mettent en avant la nécessité, pour l’armée française, de se donner les moyens de mener des frappes dans la profondeur.
Ils écrivent notamment :
"La frappe dans la profondeur apparaît dans le contexte géostratégique
actuel comme particulièrement adaptée pour des forces armées prêtes à
s’engager dans un conflit de haute intensité."