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Commentaire de dana

sur Amnistie de Guy Drut : le revers de la médaille


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dana (---.---.113.154) 31 mai 2006 17:59

Un texte de Freud, tiré d’un article qui lui avait été demandé pour la revue Imago en 1915, au sujet de la grande guerre. Qui sait entendre devinera pourquoi je vous livre ce bout de texte ici :

« Les peuples sont plus ou moins bien représentés par les Etats qu’ils constituent, ces Etats par les gouvernements qui les dirigent. Tout ressortissant d’un peuple peut à titre individuel constater dans cette guerre avec effroi, ce qui, déjà, en temps de paix, tendait à s’imposer occasionnellement à lui - que l’Etat a interdit à l’individu l’usage de l’injustice, non parce qu’il veut l’abolir, mais parce qu’il veut en avoir le monopole, comme du sel et du tabac. L’Etat belligérant se permet toute injustice, tout acte de violence qui déshonorerait l’individu. Il se sert contre l’ennemi non seulement de la ruse autorisée, mais aussi du mensonge conscient et de la tromperie délibérée, et il le fait, certes, dans des proportions qui semblent dépasser les usages des guerres antérieures. L’Etat exige de ses citoyens le maximum d’obéissance et de sacrifices, tout en faisant d’eux des sujets mineurs par une dissimulation excessive et une censure de la communication et de l’expression d’opinion, qui rend l’état d’esprit de ceux que l’on a ainsi intellectuellement réprimé sans défense contre toute situation défavorable et toute rumeur incontrôlable. Il s’affranchit des garanties et des traités par lesquels il s’était lié envers d’autres Etats, il ne craint pas de confesser sa cupidité et son aspiration à la puissance, que l’individu doit alors approuver par patriotisme. »

(S. Freud, « Actuelles sur la guerre et la mort », Oeuvres Complètes vol. XIII, PUF, trad. Bourguignon et al., 1988)


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