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Commentaire de Renaud D. Crocodile

sur Crédit, quand tu nous tiens...


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Renaud D. Crocodile (---.---.52.29) 24 mars 2007 23:32

@ Aixettera

Je regrette vivement cet article misérabiliste et mal documenté. Comment pouvez-vous jeter autant d’opprobre en si peu de lignes envers la seule profession apte à définir les priorités économiques de la société et, par une corrélation qui semble vous avoir échappée, la seule profession capable de permettre à chacun de construire son bonheur dans un monde économiquement développé ?

Nous autres, banquiers, sommes des gens responsables. Cela signifie que nous devons rendre tous les trimestres des comptes à nos actionnaires, des hommes remarquables qui se dépensent sans compter 24 heures par jour pour accroître leur fortune et donc la prospérité de tous (puisque leur fortune est comptée dans le PIB, à la différence de ce quart d’heure que je perds définitivement à vous répondre. J’espère que vous ne m’en demanderez pas plus : le pilote de mon jet m’attend, il a trois enfants qui se désespèrent de sa présence à la maison, et vont souffrir de l’absence de leur père durant ce temps supplémentaire. Si vous aviez du cœur, vous comprendriez.)

Oui, mes actionnaires s’enrichissent, mais si vous n’aviez pas abdiqué une pensée raisonnable pour sombrer dans la mélancolie, vous auriez pris conscience que la nécessité pécuniaire dans laquelle vous vous morfondez n’est due qu’au seul fait que cet enrichissement est insuffisant pour que vous puissiez bénéficier des bienfaits de son accroissement. En effet, c’est par un investissement clairvoyant de leurs biens que mes actionnaires contribuent au progrès de l’économie. S’il était aussi facile d’investir, l’économie s’accroîtrait bien plus rapidement et profiterait bien mieux à des gens comme vous. Voilà pour le misérabilisme.

Mes actionnaires, en effet, me chargent chaque jour de placer les millions de dollars dont ils sont légitimes propriétaires. Si vous vous étiez documenté, vous connaîtriez la difficulté à placer cet argent. Vous semblez ne rien connaître de cette difficulté. Aussi, je vais vous en donner un exemple.

Vous évoquez l’immobilier ? Soit. Il se trouve que, pas plus tard qu’hier, j’ai dû me séparer d’un collaborateur prometteur qui pensait tout en connaître mais, hélas, était atteint de ce virus marxiste auquel vous semblez n’avoir pas échappé : la facilité. Face à un marché de 1000 logement dûment identifié, ce collaborateur était prêt à accorder à un promoteur, actionnaire d’une compagnie d’assurance qui est elle-même un gros actionnaire de ma banque, le financement de la totalité du marché contre les hypothèques habituelles (ce client et néanmoins actionnaire, un de mes très bons amis, possède de très confortables garanties). J’ai pu intervenir à temps pour limiter le prêt à concurrence de 750 logements et sauver ainsi l’investissement de cet ami très cher. L’insuffisance de l’offre entretiendra ainsi la pénurie sur le marché. Ces logements, au lieu d’être proposés avec une marge raisonnable, pourront être mis sur le marché avec une surprime d’environ 40% engendrés par la pénurie ainsi entretenue. Vous êtes, j’espère, plus conscient à présent des difficultés que rencontrent à chaque instant les investisseurs et du rôle décisif que jouent les banques pour leur apporter la clairvoyance indispensable à la prospérité de tous.

Vous semblez tenir notre profession responsable de prêts à cinquante ans. Les bras m’en tombent ! Non seulement vous semblez vouloir que les investisseurs bradent leur capital, privant ainsi le pays d’une richesse importante, mais vous exigez de bénéficier d’une façon tout à fait indue d’une richesse qui n’a pas été créée. Aussi, si votre inconséquence vous prive des revenus qui vous auraient permis d’acquérir ses logements au prix du marché, ne nous en tenez pas pour responsables. Nous sommes contraints, par la loi de l’offre et de la demande, de fixer les prix du marché au plus haut possible et, de surcroît, de financer l’acquisition de ces logements. C’est pourquoi nous n’avons d’autres possibilités, du fait de l’indigence de vos ressources dont vous êtes seuls responsables, de vous endetter à si long terme.

Croyez bien que, si notre banque ne trouvait quelque avantage à encaisser des intérêts représentant trois fois le montant du capital que nous sommes contraints de vous prêter afin de satisfaire nos investisseurs, le marché de l’immobilier se trouverais sans clients ou devrait se contenter de plus values misérables, propres à décourager tous ceux qui risquent leur fortune à vous loger.

J’espère par ces quelques lignes vous avoir conduit à une vision plus saine de la difficulté que représente le rôle du banquier et vous avoir convaincu de l’absurdité de l’accusation que votre article éhonté porte à l’encontre de notre honorable profession.

Renaud D. Crocodile.


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