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Commentaire de Bois-Guisbert

sur Ministère de l'Immigration et de l'Identité nationale : cherchez l'erreur !


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Bois-Guisbert (---.---.134.54) 27 mars 2007 13:12

Oui l’identité évolue, se construit par strates successives à la faveur des grands évenements, des grandes décisions...mais aussi au contact des migrants qui y apposent nécessairement leur empreinte.

Que voulez-vous dire par là ? Que l’identité change quand un nouveau président de la République est élu ? Et que des gens ajoutent le couscous à la liste des repas dominicaux ?

En fait, l’identité n’évolue que très très lentement, au long des siècles. Il y a une centaine d’années, environ cent vingt ans, après la révolution, Gustave Le Bon écrivait :

« Rien assurément, si l’on ne s’en tient qu’aux apparences, n’est plus différent de l’ancien régime que celui créé par notre grande Révolution. En réalité pourtant, et sans s’en douter certes, elle n’a fait que continuer la tradition royale, en achevant l’œuvre de centralisation commencée par la monarchie depuis quelques siècles. Si Louis XIII et Louis XIV sortaient de leurs tombes pour juger l’œuvre de la Révolution, ils blâmeraient sans doute quelques-unes des violences qui ont accompagné sa réalisation, mais ils la considéreraient comme rigoureusement conforme à leurs traditions et à leur programme et reconnaîtraient qu’un ministre chargé par eux d’exécuter ce programme n’eût pas mieux réussi. Ils diraient que le moins révolutionnaire des gouvernements que la France a connus fut précisément celui de la Révolution. Ils constateraient, en outre, que, depuis un siècle, aucun des régimes divers qui se sont succédé en France n’a essayé de toucher à cette œuvre, tant elle est bien le fruit d’une évolution régulière, la continuation de l’idéal monarchique et l’expression du génie de la race. »

Rien n’a changé.

A la même époque, Emile Faguet, de l’Académie française (1847-1916) écrit : « Si libérales qu’elles aient été, les deux Déclarations [de 1789 et 1793 ] (...) ont admis une souveraineté, celle de tout le monde. C’était créer un despotisme, c’était remplacer un despotisme, relatif, par un autre, radical. Les Français, monarchistes jusqu’aux moelles, ont immédiatement transposé. Ils ont pris la Révolution pour une transposition. Toute la souveraineté qui était dans le roi et un peu plus et beaucoup plus, ils l’ont attribué à tout le monde. (...) Le monarchisme royal est devenu un monarchisme populaire. La Révolution s’est trouvée réduite à un changement de despotisme. On peut se demander quelquefois si c’était la peine de la faire. »

Que dirait-il, aujourd’hui, de l’engouement « monarchique » que provoque l’élection d’un président de la République, considéré à l’égal d’un roi temporaire ? Ségolème Royal (ce n’est pas un gag) assène ses promesses à coups de « Je veux », avec un aplomb qui la relie dérectement à Louis XIV.

Le « coup de Maastricht » est d’un Roi qui se sait souverain. Et il marche. Le cancer de la prostate de Mitterrand sauve le Traité qui paraissait balayé. De justesse, mais c’est bien cela qu’il fallait pour entraîner le demi-million de fidèles sujets qui feraient la différence.

Le Français monarchiste à chaux et à sable, plus de deux cents ans après la Grrrrande Rrrrrévolution dont il est le seul à croire qu’elle a bouleversé l’identité de la France et des Français, alors qu’elle n’a pas bougé d’un iota, la noblesse ayant, par ailleurs, été remplacée par une caste bureaucratique qui ne le lui cède en rien sur le triple plan de l’indispensabilité, des nuisances et du poids pharaonique.

Ce qui nous situe très loin de vos strates successives, de vos grands événements et de vos empreintes de migrants, vous en conviendrez, je pense.


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