Voici le texte du communiqué de la Société des Journalistes de France 3 :
Nicolas Sarkozy se verrait-il déjà à l’Elysée ?
Trépigne-t-il déjà en s’imaginant bientôt disposer des pleins pouvoirs ?
Sans doute grisé par les sondages qui le placent en tête du premier tour, le candidat UMP s’est
récemment laissé aller à une petite crise d’autorité dans les locaux de France 3. Une sorte de caprice
régalien que l’on croyait appartenir à d’autres temps, ceux de la vénérable ORTF.
M. Sarkozy a en effet menacé de « virer » notre direction. Comme ça, sur un coup de tête. Parce
qu’elle n’a pas daigné lui dérouler le tapis rouge et accourir immédiatement à sa rencontre lorsqu’il
est venu, le 18 Mars dernier, participer à l’émission France Europe Express, présentée par Christine
Ockrent.
A peine arrivé, Monsieur le Ministre-candidat se laisse d’abord aller à quelques grossièretés,
estimant que cette émission « l’emmerde » et qu’il n’a pas envie de la faire !
Ensuite, le voici vexé de devoir attendre dans les couloirs de France 3 pour être maquillé, d’autres
invités occupant déjà les lieux (et oui, France 3 ne dispose que d’une salle de maquillage). Coupable
de ce « crime de lèse-Sarkozy », voici notre direction sur la sellette. « Toute cette direction, il faut
la virer », a lâché le candidat UMP, comme le rapporte le Canard Enchaîné du 21 Mars 2007. « Je
ne peux pas le faire maintenant. Mais ils ne perdent rien pour attendre. Ca ne va pas tarder ».
Les Français sont désormais prévenus ! L’une des priorités de Nicolas Sarkozy s’il est élu président
de la République sera de couper des têtes à France 3. A la trappe ces directeurs qui tardent à
exécuter les courbettes.
Le Ministre-candidat avait déjà habitué notre rédaction à ses poses agacées, à ses humeurs dans nos
locaux, face à une rédaction qui ne lui semble manifestement pas suffisamment docile. Comme
cette récente provocation gratuite à l’adresse d’un journaliste du service politique « ça ne doit pas
être facile de me suivre quand on est journaliste de gauche ! ». Désormais, c’est à la direction qu’il
veut s’en prendre ?
La Société des Journalistes de la Rédaction Nationale de France 3 ne peut qu’être scandalisée par
une telle attitude de la part d’un candidat à la plus haute magistrature de France. Nous nous
inquiétons que M. Sarkozy puisse afficher sans aucune gêne un tel mépris pour l’indépendance des
chaînes de service public.
Non, Monsieur Sarkozy, les journalistes de la Rédaction Nationale de France 3 ne sont pas et ne
seront jamais vos valets. Ils résisteront à toute menace pesant sur leur indépendance. Si nous devons
des comptes, ce n’est pas à un ministre-candidat, mais aux millions de téléspectateurs, qui regardent
chaque jour nos journaux d’information.
Par respect pour eux, pour leur intelligence, nous n’accepterons jamais aucune forme de mise sous
tutelle politique. Ni de votre part, ni de la part d’aucun autre candidat.
A bon entendeur.
La Société des Journalistes de France 3. Le 23 Mars 2007