Dany des rues fait chanter le pavé.
Daniel Hesse est originaire de Condé-Northen, à 5 km de Boulay, en Moselle. Sous le nom de Dany des Rues, il n’est pas tout à fait un inconnu dans la région. Voilà plus de 20 ans qu’il sillonne les rues et les cafés pour y faire découvrir ses mélodies inspirées du folk-rock.
Histoire d’une passion...
Dany des Rues est un musicien totalement atypique. Pour vivre de son art, il enregistre des albums, écrit et présente des spectacles mêlant chansons et café-théâtre. Assez banal pour un musicien ! Ce qui fait sa singularité ? Il passe beaucoup de temps dans la rue. Et, surtout, il squatte les files d’attente des concerts où il interprète ses compositions. Il faut oser se confronter aux regards des autres ; mais, ça marche et, surtout, ça lui plaît ! En avril prochain, il fêtera ses 40 ans et plus de 20 ans de « carrière ». Petit, asthmatique donc isolé des autres, il écrivait des sketches, des pièces de théâtre, il montait des spectacles de marionnettes, il dessinait avec l’idée de gagner sa vie grâce à ses talents. Durant sa scolarité à Boulay, il crée avec 3 autres collègiens un groupe de punk-rock, « Les Matches ». Ses talents artistiques n’étaient pas reconnus à l’école ! A 18 ans, en 1988, à l’époque de Noël à Metz, il rencontre Bruno, un chanteur des rues. Ce sera le déclic. « J’ai vu que ça marchait. Je me suis lancé », dit-il. C’est bien beau d’avoir une passion, encore faut-il la vivre à fond. Daniel Hesse a suivi une vraie formation musicale ; après l’école de musique de Boulay et le Centre Musical et Créatif de Nancy, il deviendra chanteur à temps plein. « J’ai toujours eu un tempérament d’artiste. Mon attirance pour la musique et le spectacle a vite pris le pas sur tout le reste. Je voulais en vivre. », précise-t-il. Avec sa guitare et sa casquette, Dany fait dans l’humour, la joie de vivre, sous ses airs de gavroche. C’est un chanteur qui aurait mixé « Le Petit Prince » de Saint Exupéry, les chansons de Renaud et de Jean-Louis Aubert, les sketches de Coluche pour finalement proposer sa sauce personnelle. L’artiste se produit à l’extérieur, dans les bars, les salles et les festivals.
Dans ses concerts, l’auteur compositeur interprète présente ses chansons toujours amenées par des saynètes d’amour, d’humour et d’humeur. Il évoque le système D, le plan B, l’insouciance, la drague, l’amitié... En 2004, Dany devient Dany des Rues pour éviter la confusion avec une chanteuse revenante, Dani. Il se spécialise alors dans un filon porteur. Peut-être, l’avez-vous croisé devant le Galaxie d’Amnéville, le Zénith de Nancy ou les Arènes de Metz ? Il se plante dans les files d’attente des concerts des « grands » pour jouer devant un public nombreux et attentif. Il ne passe pas inaperçu. Et ça marche ! « Je me considère plus comme artisan, artiste et commerçant. J’écris, je produis mes disques et je les vends. », dit-il. « Le retour de Rémy Vinucci », du nom d’un personnage imaginaire de Saint Avold, est le titre de son dernier album, le dixième. En 20 ans, il a vendu 43000 exemplaires de ses CD, souvent par le bouche à oreille ; puisque les petits artistes ne sont plus dans les bacs des disquaires. Ses dix albums seront prochainement en téléchargement payant via le label Muséa ; avec, notamment, « Dany plante son arbre » (le 3ème album), « Les bonnes nouvelles » (2002), « Restaurant à volonté », « Mucus Minute » (2008) ou "Maquette des mots". Il enregistre chez lui, sur un 8 pistes numérique ; il peut aussi s’appuyer sur un réseau de 80 stations FM indépendantes ; « Cela me fait manger 3 mois par an. Mine de rien, je ne me remets pas en question puisque je réussis à en vivre. Depuis l’âge de 18 ans, bon an, mal an, j’ai toujours eu au minimum l’équivalent d’un SMIC par mois. », poursuit le chanteur des rues. Tous les vendredis, il va jouer et chanter pour les enfants du service de pédiatrie de l’hôpital Bel-Air à Thionville. Le temps d’une chanson, les enfants oublient où ils sont et s’échappent avec la guitare de Dany. Des instants magiques mais qui permettent aussi au chanteur de remplir son quota de spectacles. En effet, le show-business est un domaine où il faut être prudent. « Je suis un intermittent du spectacle. Je dois donc faire une cinquantaine de spectacles par an pour pouvoir toucher les Assedic. C’est une particularité française. Cela fait partie de l’exception culturelle. Mais, avec l’Europe, tous ces acquis sont constamment menacés. », s’inquiète l’artiste.
200 chansons.
A l’approche de ses 40 ans, Dany des Rues dresse un bilan lucide de sa déjà longue carrière. Il a écrit et composé près de 200 chansons, la plupart seul. Ses idoles sont toujours Renaud et Jean-Louis Aubert. Téléphone, Brassens, Coluche, Bob Dylan l’inspirent encore. Après avoir fait les Francofolies de Spa, les Trinitaires à Metz, le Printemps de Bourges (2002), la première partie de Francis Lalanne, de Bertignac, de Blankass...faire les files d’attente apaise le chanteur, malgré la concurrence des vendeurs de billets au noir et d’affiches pirates. " J’ai frisé la « signature » une ou deux fois dans ma vie. En 2001, j’avais eu une « touche » avec la Warner. Trois mois après, le directeur artistique n’était plus en place. Ce milieu est trop stressant. Paradoxalement, la rue est plus stable. On respecte le chanteur des rues. Je ne regrette rien.", confesse-t-il. Et, comme il l’a écrit : "Je vis dans la rue comme je me rue dans la vie ". Aujourd’hui, Dany des Rues se produit 150 fois par an : 80 dans les rues de Luxembourg, une quarantaine dans les files d’attente, une vingtaine dans les bars et dans une dizaine de salles de spectacles comme aux Musicales du Moulin de Condé-Northen, son village natal, en novembre dernier ou « La Passerelle » à Florange et « L’Autre Canal » à Nancy, courant 2010. Désormais, chaque année, il sortira 2 albums, pressés à 3000 exemplaires chacun. Dany des Rues est donc un artiste à la démarche alternative pour le moins originale qui promène ses bonheurs, ses tristesses, ses coups de coeur et ses coups de gueule aussi, sur des mélodies de guitare. Il garde une devise en tête : « faire toujours mieux et se renouveler sans se trahir ».
Jean-Marie Mathé