« Aura Soave », suave Seicento de Céline Scheen & Philippe Pierlot
Sorti en juin 2013 sur le confidentiel label Flora tenu par Philippe Pierlot, ce disque en forme de récital n’en est pas moins rayonnant. Tout d’abord le programme : dans une présentation à peu près chronologique nous sommes confrontés à un panorama de la monodie du XVIIème italien, commençant par la période qui a enfanté le Seicento et celle ensuite qui y est entrée de plein pied. Entre pièces instrumentales et vocales, on commence avec Luzzasco Luzzaschi (1545-1607), Giovanni Gastoldi (1550-1622) ou Ippolito Tartaglino (c.1589-1582) d’esthétique encore très renaissance, pour continuer avec les plus connus « Nuove Musiche » de Giulio Caccini (1551-1618) ou Stefano Landi (1587-1639), et enfin terminer par les purs natifs du Seicento comme Barbara Strozzi (1619-1677) et Marco Marazzoli (c.1602-1662). L’occasion d’entendre les floraisons de toute cette période musicale que l’on ne connait pas si bien que ça à mon sens.
Ensuite les interprètes. Au centre Céline Scheen évidemment en compagnie de la harpiste Giovanna Pessi, formant sur quelques plages un duo naturel et complice. Et enfin les quatre violistes en consort comme solide base autour de la personne de Philippe Pierlot. C’est un vent de fraicheur, simple, passionné. La voix de Céline Scheen est exemplaire sur bien des points : diction, aisance, justesse de la voix et des affects. Elle n’a jamais semblé autant épanouie, elle qui pourtant avoue ne pas aimer enregistrer. C’est du travail bien fait entre amis, sans prétention, peut-être même avec trop peu de prétention car il faut regretter l’absence d’un livret expliquant les choix musicologiques des pièces et la traduction des textes.
Malgré ces menues réserves, je conseille vivement l’acquisition de ce bel objet, rehaussé par sa qualité intrinsèque. Le titre du disque est tiré du madrigal éponyme à une voix, tout en délicatesse et en extrait ci-dessous. Point de départ du programme, c’est aussi l’un des plus anciens chronologiquement. Il est rejoint par le poignant « Torna, deh torna » de Caccini qui semble retrouver une nouvelle jeunesse accompagné du quatuor de violes, et la magnifique mélodie « Augellin » de Stefano Landi que l’Arpeggiata avait fait découvrir du temps de sa splendeur (Alpha). Cette interprétation en duo avec la harpe a de quoi reléguer bien loin la version standard de Christina Pluhar.
Le disque se termine par un dernier coup de coeur, la longue cantate « Sopra la Rosa » de Marco Marazzoli que Philippe Pierlot et son Ricercar Consort avaient déjà enregistré avec Arianna Savall chez Mirare et que l’Ensemble Mare Nostrum chez Arcana vient de présenter à son tour dans un disque intégralement dédié au compositeur romain. Cette version les surpasse sans aucun doute par sa qualité constante, son homogénéité. Le choix notamment des tempi fait que cela respire et se déploie sans essoufflement.
Au même titre que les neuf pièces restantes, elle est à découvrir à travers le lien du label Flora qui mérite bien un petit coup de pouce promotionnel et qui, moyennant 18€, vous envoie le disque frais de port inclus.
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II. Giulio Caccini (1551-1618) : Torna, deh torna (Nuove Musiche, Firenze 1614)
III. Stefano Landi (1587-1639) : Augellin (Arie a una voce, Venice 1620)
Céline Scheen, Soprano
Giovanna Pessi, Arpa doppia
Philippe Pierlot, Kaori Uemura, Rainer Zipperling & Romina Lischka, Viola da gamba2013 Flora, FLORA2712
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