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Accueil du site > Culture & Loisirs > Culture > « Ça Ira (1) Fin de Louis » Joël Pommerat en Révolution

« Ça Ira (1) Fin de Louis » Joël Pommerat en Révolution

En représentation aux Amandiers de Nanterre, c’est un véritable plébiscite critique qui accompagne la première partie de « Çà ira » intitulée plus prosaïquement par Joël Pommerat « Fin de Louis ».

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ÇA IRA (1) FIN DE LOUIS
photo © Elisabeth Carecchio

D’aucuns y verraient une sorte d’écho à distance aux deux spectacles 1789 & 1793, créés respectivement au Théâtre du Soleil en 1970 & 72.

Toutefois là où, à l’époque, Ariane Mnouchkine donnait aux spectateurs l’opportunité de revivre de l’intérieur les étapes successives de la Révolution Française, la création de Pommerat se focalise ici, davantage, sur le processus maïeutique faisant émerger des idées et des directives ambivalentes sur lesquelles les évènements eux-mêmes viennent surfer et sans cesse interférer.

Comme si, en quelque sorte, à la Cartoucherie, les spectateurs avaient été pris à partie alors qu’aujourd’hui, aux Amandiers, ils sont pris à témoins.

En effet, rien n’étant écrit d’avance, les prises de parole s’y succèdent à la fois sur scène et dans la salle en une sorte d’immersion totale du public qui écoute, médusé, la bonne et mauvaise foi des uns et des autres se répliquer en un pugilat dialectique d’où devrait émerger la « Res Publica ».

Sur une durée totale de quatre heures et vingt minutes selon trois séquences interrompues par deux entractes de 10 minutes, Louis XVI & Marie-Antoinette effectuent leur chemin de croix, sans aucunement avoir conscience d’une échéance fatale.

Bien au contraire, régnant à vue et à l’instinct, le couple se partage charges et responsabilités, de telle façon qu’en permanence toutes les options restent ouvertes, quel que soit le premier ministre en poste.

Face à eux, les assemblées du Tiers Etat, du Clergé et de la Noblesse se livrent à une guerre de tranchées où, mues par leurs intérêts subjectifs, celles-ci n’accepteront en définitive de siéger en Assemblée Nationale que convaincues de la légitimité pour chacune d’entre elles d’en devenir, à moyen terme, le leader objectif.

La mise en perspective de ces évènements historiques et fondateurs de notre démocratie se réalise donc, en temps réel, sous forme d’un ample débat contradictoire par lequel les spectateurs acquièrent l’impression sensible de participer réellement, non en fonction d’une quelconque interactivité latente organisée par le metteur en scène, mais, bel et bien, parce que leur jugement critique est sans cesse sollicité.

Cette prouesse conceptuelle du spectacle est à mettre sur le compte d’une scénographie transparente où il apparaît clairement que les quatorze comédiens sont en charge d’un jeu de rôles où ceux-ci prennent tour à tour des fonctions idéologiques complètement opposées et qu’en conséquence le recours à la rescousse du public ne serait d’aucune utilité et même contre-performant.

Il faut dire que la sonorisation des voix, absolument indispensable dans ce capharnaüm, est particulièrement bien réglée. D’une manière générale, le vaste dispositif technique son et lumière se fait complètement oublier alors même qu’il est constamment sollicité.

En off, les échos des émeutes urbaines et du canon viennent se rappeler à la conscience des débatteurs qui peuvent en venir aux mains à quelques reprises mais finissent toujours par être séparés par la toute puissance opportune du verbe modérateur.

De toutes façons, ça ira… non à la lanterne comme le chante le peuple des barricades, mais çà ira de mieux en mieux, comme le pronostique lui-même Louis XVI se confiant à l’un de ses principaux collaborateurs en toute fin d’épisode n° 1.

Nous n’oserions pas, nous-mêmes, jusqu’à prévoir une issue royale heureuse au terme de la future saison 2 de « Ça ira » mais sachons-le, quant à lui, le Monarque s’affiche optimiste sur la sortie de crise !

photos © Elisabeth Carecchio  

ÇA IRA (1) FIN DE LOUIS - **** Theothea.com - de & mise en scène Joël Pommerat - avec Saadia Bentaïeb, Agnès Berthon, Yannick Choirat, Eric Feldman, Philippe Frécon, Yvain Juillard, Anthony Moreau, Ruth Olaizola, Gérard Potier, Anne Rotger, David Sighicelli, Maxime Tshibangu, Simon Verjans & Bogdan Zamfir - Théâtre des Amandiers Nanterre

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ÇA IRA (1) FIN DE LOUIS
photo © Elisabeth Carecchio

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