Cashback, le film de Sean Ellis
S’il y a quelque chose que je ne regrette pas d’avoir fait ce week-end (parisien) c’est bien d’être allé voir le film Cashback de Sean Ellis. Alors, comment dire ? Un film multi-facettes un peu déroutant dans son genre, mélant déboires sentimentaux de post-adolescents, humour désopilant britannique et surtout une réflexion approfondie sur le sens du temps, la beauté plastique du corps et la volonté d’un jeune homme éconduit de transformer la boue de la vie en or grâce à son talent.
Un étudiant des Beaux-Arts, Ben, devient insomniaque après s’être fait larguer par sa copine. Or, pour passer le temps extra’que lui procure la vie dans son malheur, il acquiert la faculté d’arrêter le temps, de tout simplement le figer comme s’il appuyait sur la touche pause. Cette possibilité lui permet donc de contempler à volonté la nudité féminine et ainsi de capter ces instants pour les immortaliser sur sa toile. Pour tromper son insomnie, il accepte un job nocturne dans un magasin de la chaîne Sainsbury dans lequel il exerce son art au sein d’une drôle d’équipe. Le scénario n’a rien d’enivrant. En revanche, les artefacts filmiques sont tout simplement fabuleux. Imaginez-vous évoluer dans un monde figé, au milieu de personnages comme photographiés autour desquels vous pourriez tourner et toucher à loisir. De la photo 3D en quelque sorte ! La beauté des corps féminins est évidemment mise en avant mais de façon artistique, sans une once de vulgarité mais toujours dans une approche sensuelle, voire érotique, maîtrisée.
Quelques scènes d’un humour très british et un peu poussives viennent paradoxalement égayer un fond globalement mélancolique et légèrement dramatique. Mais il ne faut pas s’en formaliser. La véritable puissance de ce film émane surtout de la dimension esthétique donnée au temps, en cela c’est une approche qui me semble particulièrement audacieuse et originale. Ce film sera probablement perçu comme un bide par l’opinion de masse, et pourtant qui n’a jamais rêvé que nos rêves les plus impossibles ne deviennent réalité, dans nos moments de profonde tristesse. C’est de cela qu’il s’agit dans ce film à la dimension largement onirique et à la portée résolument philosophique.
Ah oui, j’allais oublier quelque chose ! La bande originale du film est particulièrement soignée. Quelques nappes instrumentales un peu dramatisantes viennent rappeler que l’histoire est mélancolique (ah, les turpitudes d’un amour brisé !). On y trouvera, entre autres, un titre bien prenant, Inside de Bang Gang, le célèbre Power of love de Frankie Goes To Hollywood, un titre des années 80 dont les membres de la Génération X devraient se souvenir.
Les acteurs sont encore peu connus mais qu’importe ! Cashback (qu’on pourrait traduire par ’remboursement’) est un film dont l’acuité esthétique ne vous laissera de toute façon pas indemne. Attention ! L’affiche du film est très efficace !
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