• AgoraVox sur Twitter
  • RSS
  • Agoravox TV
  • Agoravox Mobile

Accueil du site > Culture & Loisirs > Culture > Ch’tis 1, Gaulois 0

Ch’tis 1, Gaulois 0

Ou comment une bande de Gaulois réduite par les contraintes d’exportation se fait battre par l’invasion d’une ch’tite comédie « bien d’chez nous ».

C’est presque un ouf de soulagement. Enfin une comédie française drôle, auquel le public adhère plus grâce au bouche-à-oreille qu’à la promo, loin, très loin des suradaptations de bande dessinée (Iznogoud, Astérix aux Jeux Olympiques), ou de personnages comiques à succès (Brice de Nice, Camping, Les Bronzés 3...), ces comédies "vues chez Arthur", mais au final rarement drôles. En quelques semaines, Dany Boon et sa bande de ch’tis ont donné une bonne leçon aux derniers standards français et relancé une mécanique comique qui tournait à vide.

Et pourtant, bizarrement, du scénario à la production, on retrouve une partie de l’équipe du tragi-comique Astérix aux Jeux Olympiques. La différence ??? Déjà, c’est qu’une équipe fonctionne mieux avec un minimum d’obstacles. Le tournage du dernier Astérix fut une succession de contraintes : il fallait renoncer aux calembours à la Goscinny pour satisfaire une large audience européenne. Le plus drôle épisode de la trilogie, Mission Cléopâtre, est celui qui a le moins marché à l’exportation (en même temps, sous-titrer un calembour comme "Itinéris a raison de ne pas se laisser faire" est un cauchemar pour tout interprète...). Alors il a fallu faire rire les Italiens, les Québécois, les Espagnols (d’où l’intrusion au casting de Stéphane Rousseau et d’une troupe de comiques européens), avec une comédie... qui n’arrive même pas à faire rire dans son pays d’origine sauf, ironie du sort, dans le moment le plus ’franco-français’ du film, quand Alain Delon se lance dans une tirade où, parlant à la troisième personne comme César (et sa marionnette des Guignols), il envoie de multiples clins d’oeil parodiques à sa carrière cinématographique, clins d’oeil surtout compréhensibles de la part du public hexagonal...

Dany Boon, lui, ne s’est pas soucié de savoir si la fricadelle pouvait s’exporter. Il joue sur un comique purement français, surfant sur le succès d’émissions comme Striptease ou 7 jours en Groland, où le comique le plus facile ressort du décalage entre la terra incognita du Nord (Lyon ??? Non, pire. Ah non, pas Paris !!! Non, encore plus haut.) et le reste de la France. Idée simple, mais diablement efficace.

Après s’être moqué des images sur la grisaille, le grand froid, les gens simplets, Boon montre ensuite des gens du Nord qui ont dans le coeur le bleu qui manque à leur décor (comme le dirait le grand poète méditerranéen Enrico Matias) et qui vont jouer de la solidarité pour aider leur nouveau directeur des postes ’puni’ par sa mutation. L’un des avantages, c’est que Boon n’a pas cherché à accumuler les grands noms, mais juste quelques acteurs locaux pour donner une vraie sincérité aux personnages. Je dois avouer qu’un film avec Patrick Bosso, Michel Galabru et Line Renaud n’a rien d’attrayant au niveau de l’affiche, pas plus du reste que le nom de Dany Boon (n’étant pas très friand de ses sketchs). Mais le collectif prend bien. Galabru prouve qu’il a de beaux restes dans son rôle de patriarche méditerranéen traumatisé par son passage en pays "che-ti-mi", Bosso arrive à faire sourire en policier compréhensif, et entendre Line Renaud parler en ch’ti (souvenir d’une origine qu’elle n’a jamais reniée, mais si pour réussir dans la chanson, mieux vaut chanter une cabane au Canada qu’une baraque à frites à Bergues...) est assez amusant. Quant à Dany Boon, il accepte de rester en retrait à l’écran. Car la vraie valeur ajoutée de ce film, c’est Kad Mérad.

C’est simple, Kad Mérad l’avait déjà prouvé dans le drame Je vais bien, ne t’en fais pas qui lui avait valu un César mérité, quand on lui demande de faire autre chose qu’une resucée de son duo comique avec Olivier Barroux, il fait partie des meilleurs acteurs de sa génération. Kad Mérad est très à l’aise dans son personnage, jamais trop excessif, et en plus sa complicité avec Dany Boon est évidente (à travers notamment la scène de la tournée postale arrosée qui vire en grand n’importe quoi burlesque...).

Ce film étant sorti il y a plusieurs semaines, et étant déjà largement rentré dans ses frais, il ne s’agit pas dans cet article de rajouter un coup de promo (juste un coup de coeur qu’il mérite). Et un rappel aux grandes maisons de production qui préfèrent investir dans des adaptations à grosse promotion, mais de qualité médiocre à force de retravailler les scénarios, comme Astérix aux Jeux Olympiques : c’est encore quand on laisse les comiques travailler en paix, avec de faibles moyens, mais une liberté totale, qu’on arrive à obtenir des films réellement drôles ou, du moins, tout le monde n’ayant pas le même sens de l’humour, réellement sincères. Et il faudrait peut-être penser à faire rire les Français, avant de songer à l’Europe...


Moyenne des avis sur cet article :  4.68/5   (38 votes)




Réagissez à l'article

11 réactions à cet article    


  • Rosemarie Fanfan1204 10 mars 2008 12:59

    Astérix, c’est la grosse production à 70 millions d’euros. Eh bien j’espère qu’ils vont se prendre une gamelle. Les producteurs et réalisateurs de ce film pensent qu’il suffit de qq stars pour combler l’absenc de de scénario ?

    Les ch’tis c’est sympa, c’est pas le film du siècle mais c’est sympa. Je pense qu’il a coûté beaucoup beaucoup moins chèr qu’Astérix et Dany Boom va faire la culbute, tant mieux pour lui, il a fait un film simple mais humain.

     


    • Nicolas Peuch 10 mars 2008 13:52

      "Enfin une comédie française drôle, auquel le public adhère plus grâce au bouche-à-oreille qu’à la promo"

      Y en a eu de la promo quand-même pour Bienvenue chez les Ch’tis ;)

      A part ça, je suis d’accord avec le reste de l’article.


      • Ben Ouar y Villón Brisefer 10 mars 2008 16:52

        Les ch’tis sonne la revanche de la Baraque à frites sur le Mc Do,

        la revanche des gens du peuple sur le show-biz,

        revanche des sans-culottes sur la néo-aristocratie des "césars" du fric et des "victoires" de la médiocrité...

        La revanche de ceux qu’on n’écoute jamais, des sans-voix, fils et petit-fils de mineurs polonais, qui ont voté à 75 % Non à un certain référendum, et qui l’ont eu dans le cul sitôt retournés, bonne pâte qu’ils sont par nature.

        Comment ne pas féliciter Dany Boon, euch’tiot malin ? Comment ne pas voir, revoir, grâce à lui ce qui transpire de l’écran, l’humilité, l’authenticité, l’intelligence populaire, l’intelligence du coeur, l’esprit bon enfant des gosses d’ouvriers.

        On est loin, très loin de la décadence décomplexée des parisiens "fils-de", artistes officiels malgré eux, c’est à dire pratiquement tous ceux dont on nous rebat les oreilles, pratiquement de force.

        Pour compléter, il faut revoir un documentaire oublié, magnifique, sur un village de Normandie à Loué, qui s’appelle "La douceur du village", de Denys de la Patelière, palme d’or à Cannes en 63, pour retrouver un peu de cet esprit là.

        Bienvenue chez les ch’tis est déjà culte. Après une semaine, fort ! Vingt d’diouss !


        • haddock 10 mars 2008 21:34

          si ça se trouve il a aussi les pieds-plats ....


        • mariner valley mariner valley 11 mars 2008 07:12

          Je ne pense pas que ce soit une revanche de quoique soit sur n’importe qui.

          C’est tout simplement un bon film qui a un bon scenario, de bons acteurs qui suivent une bonne trame dynamique. Pour le momment j’ai lu les critiques et vu uniquement les extraits mais c’est l’impression que ca m’a donne.

          L’equilibre qu’a trouve Dany est le bon tout simplement 

          L’asterix n’est qu’un echainement de gags pseudo marrant sans vraiment d’histoire, ni de script correct, dans ce cas ca ne peut que se prendre un gamelle. Meme si vous mettez toutes les stars du monde.

          En plus vu les promos qu’on fait les acteurs sur asterix je pense qu’ils s’en sont apercu eux-meme et selon eux l’ambiance de tournage etait a chier >>>>>>Comment voulez-vous faire un bon film ???

          Si les bases ni sont pas ca sera un gros flop, si le scenario tient la route ca peut marcher, les stars sont la pour mettre encore plus de lumiere sur le scenario.


        • mariner valley mariner valley 11 mars 2008 06:59

          Personne peut me dire ou le trouver en streaming car etant a l’etranger si je veux le voir je risque d’attendre une eternite.

           


          • roOl roOl 11 mars 2008 10:14

            google peut etre...

            c’est ton ami...

            nous on est pas la pour ca, d’autant qu’il est au cine en ce moment....


          • mariner valley mariner valley 11 mars 2008 11:10

            oui mais moi je suis a l’etranger et on a pas ce genre de film mais je demandais juste comme ca car il parait qu’en france tout les sites de streaming sont pourchasses comme des mal propres.


          • superesistant superesistant 11 mars 2008 12:02

            yop

            un bon film, drôle sans être excessif, bien marrant sachant tourner les clichés cht’i pour ne pas les rendre lourdingues.. j’apprécie ce que fait dany boon, ayant vu son spectacle à strasbourg, un des sketchs parle déjà de bergues et de ces plages de rêves .

            pas la peine de revenir sur le navet gaulois, tout a été dit, et les gens du nord ont vraiment ce coté chaleureux que D.Boon prone dans le film.


            • jzk 11 mars 2008 12:50

              J’adhère tout à fait à l’article. Le parallèle avec Asterix qui sort en même temps se fait naturellement, on peut avoir le meilleur plan marketing du monde, si le produit n’est pas bon, ça ne marchera pas...

              Mais bon, on sait bien que ces considérations passent au dessus de tous ces producteurs et investisseurs qui n’ont aucun rapport à l’art et investissent 100 pour récupérer 120.


              • Vincent Verschoore VincentV 12 mars 2008 11:11

                En tant que belge vivant en France (centre) j’ai retrouvé avec délectation pas mal d’expressions habituellement incompréhensibles ici (genre "je te rapelle pour te dire quoi"), je me suis vraiment marré, avec presque un brin de nostalgie pour cette ambiance de briques, de frites et de ciel bas. Le duo Merad-Boon est très fort, on a vraiment l’impression que la dernière scène d’adieu entre les deux hommes est vraie, même pas besoin de la jouer.

Ajouter une réaction

Pour réagir, identifiez-vous avec votre login / mot de passe, en haut à droite de cette page

Si vous n'avez pas de login / mot de passe, vous devez vous inscrire ici.


FAIRE UN DON

Auteur de l'article

Brady


Voir ses articles






Les thématiques de l'article


Palmarès