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Accueil du site > Culture & Loisirs > Culture > Chronique album : Les Ogres de Barback - Comment je suis devenu voyageur (...)

Chronique album : Les Ogres de Barback - Comment je suis devenu voyageur (2011)

Ce que l’on ressent en recevant le nouvel album des Ogres de Barback, intitulé « Comme je suis devenu voyageur » en vue de le chroniquer ressemble un peu au sentiment du critique gastronomique à qui il incombe de confirmer les trois étoiles Michelin d’un restaurant d’exception.

Des doutes, des appréhensions, des espoirs aussi et des désirs surtout. Le désir d’être surpris, conquis, de retrouver ce qui avait pu plaire, tout en trouvant la recette nouvelle, authentique, innovante.

Avant de continuer cette métaphore gustative, rassurez-vous, cet opus des Ogres de Barback contient toutes ces clés, à merveille.

La connaissance du sujet rend les motivations et critiques plus exacerbées, attentives aux moindres faux pas. De l’annonce à l’attente de la sortie, de la pochette au titre, des mélodies aux paroles, Les Ogres de Barback persistent à se distinguer du reste du monde.

Ceux qui – dès leurs débuts il y a dix sept ans – se lançaient en solitaire à la conquête du monde de la musique, s’autoproduisant, distribuant au travers de leur label – Irfan – leurs disques et organisant des tournées monstrueuses emplies de petites salles et Zenith, festivals et Olympia s’obstinent à se démarquer. Ouf, on respire, on écoute posément le disque quelques dizaines de fois. Au début, curieux, pour analyser, et puis très vite simplement parce que le manque se fait sentir, les compositions raisonnant dans un coin de la tête, au cœur d’un bus ou d’un métro, en marchant au détour d’une ruelle, face à un paysage ouvrant vers l’aventure…

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«  Comment je suis devenu voyageur », ancré dans la tradition musicale des Ogres de Barback, deux frères et deux sœurs capables de jouer de dizaines d’instruments différents, pousse l’auditeur vers les découvertes. Nouvelles sonorités, nouveaux périples, nouvelles langues, autres cultures, autres sentiments.

Polisson, réfléchi, savant, curieux, il existe des dizaines de mots pour qualifier chacune des chansons des Ogres. Vous les retrouverez dans chacun des seize titres qui habitent la galette, agrémentés d’autres subtilités. La beauté littéraire se confond aux mélopées graciles dans une version urbaine sur Graine de Brigand ou en forme d’ode à l’amour et à la femme sur Nos vies en couleur et Entre tes Saints, faites de finesse et de beauté. Oui, les Ogres de Barback aiment toujours les femmes, les sublimer et les protéger, elles qui donnent la vie, charment l’homme, elles qui avaient déjà leur Salut à Vous peuvent maintenant être comblées avec un poème merveilleux.

Amour paternel cette fois ci et naissance du titre Petite Fleur, chanté avec Akli D. d’origine berbère, simplement aussi beau et profond que le Jardinier des amis de La Rue Ketanou, les deux titres semblant d’ailleurs se répondrent, dans l’intitulé comme les textes, les mélodies arabes renforçant encore ce sentiment.

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Militant, le groupe extrait de ses inspirations Palestine Confession, une chanson belle autant que triste, jouant sur les mots et leurs sonorités, à l’orchestration soignée – comme du reste l’ensemble de l’album.

En bon voyageur, Les Ogres de Barback s’entichent donc de l’amour des peuples, invitant percussions, chœurs et sonorités africaines sur Je n’suis pas courageux, mélancolie et rythmes tziganes pour une chanson de Bretagne à l’Espagne avec Ma tête en mendiant. J’mélance et Donc Je Fuis convoquent Camille Simeray, Lise Oustric-Borki, Dalèle Muller, Gavrish Borki, Guillaume Lopez et Jean Gomis dans des inspirations occitanes autant que roms, sénégalaises ou espagnoles, écho de la grande promenade des Ogres, maternée de paterns de batterie, mêlant voix, esprits et instruments autour d’un refrain aux parfums d’espoir, d’amitiés, de devenir : « je ne vois qu’une seule issue, trouver le sens de ma vie, le détourner à mon insu, fuir ce que je suis »

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Mais Les Ogres, c’est aussi de la chanson française nourrie d’accordéon, de cuivres, d’un soupçon de ska, le petit côté punk et impertinent des paroles en plus, bref des ritournelles qu’on attend simplement de voir en concert et de reprendre à l’envie, avec eux ou a capella à la manière du classique Rue de Panam. A ce petit jeu, le titre éponyme de l’album s’en sort bien, assorti d’une critique acerbe et bien sentie de l’hexagone avec Elle fait du zèle…, ou encore le familial Le Daron, énergique, enregistré en live, et venant rejoindre la grande famille Burguière. Autre membre à être présent sur l’album – outre quelques voix éparses d’enfant qu’on imagine exploités par des parents bienveillants insufflant très tôt une fibre musicienne – Léo, cinquième enfant de la famille, ayant bien grandi à présent et jouant de la batterie sur deux titres de l’album.

Entre rêve et quotidien, L’ennui et le jour est rieur et moqueur, plein d’idées farfelues et d’autres bien réelles, à la croisée de la fiction et de réalités passées ou en devenir, dans un crescendo mené avec maestria, dévoilant encore un peu plus les qualités extraordinaires de musicien des quatre membres.

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Fait de la force de ses membres, de l’âme d’un groupe, « Comment je suis devenu voyageur » prolonge le rêve des Ogres de Barback et insuffle une énergie nouvelle aux amateurs de leurs chansons. Un élan bienvenue, un cri de certitude et de conviction, la ronde d’une famille, la magie des amitiés, la communion attendue, et une attente infinie jusqu’à la prochaine rencontre, au détour d’un concert…

Les Ogres de Barback semblent donc avoir signés pour un parcours aux trois étoiles permanentes, avec reconduction tacite à chaque nouvelle sortie d’album !

Texte : Ugo Schimizzi

Crédit photos : Juliette Delvienne & Ugo Schimizzi

toutes les dates de la tournée, d'autres photos et articles : ICI

plus d’infos sur Les Ogres de Barback :

http://www.lesogres.com/

plus d’infos sur Irfan le Label :

www.irfan.fr/


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