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Danser au rythme du silence : la féerie d’un paon chinois

Grâce à sa beauté, sa grâce extraordinaire et ses qualités artistiques, Tai Lihua a dansé dans plus de 20 pays. Ce succès exceptionnel, l’est d’autant plus que la jeune femme est atteinte de surdité.

A l’âge de 7 ans, quelques minutes après être entrée dans une école pour malentendants, Tai Lihua allait vivre un moment incroyable qui allait faire basculer sa vie. Tandis que son professeur tapait sur un tambour à pied posé sur le sol, la fillette ressentit des vibrations à travers son corps frêle et, emportée par ce rythme, commença, elle aussi, à battre une planche de bois de ses mains, le visage rouge d’excitation.

Tai Lihua a finalement fait de la danse sa carrière. Aujourd’hui, elle fait partie de la Troupe artistique des personnes handicapées de Chine et est la seule danseuse chinoise à avoir dansé pour les Carnegie Hall de New York et le Théâtre de la Scala de Milan. Le soir du 18 septembre 2000, elle a dansé devant le public new-yorkais, parmi lequel figuraient le Président de l’Assemblée Générale des Nations Unies, d’autres hauts fonctionnaires ainsi que les représentants de 43 pays des Nations Unies. Lors de la dernière standing ovation, certains de ces officiels se sont dépêchés de monter sur la scène pour serrer la main à Tai Lihua et la féliciter pour son talent.

Aujourd’hui, la jeune femme est connue comme le « paon féerique » pour sa touchante interprétation de L’âme du paon dont elle avait découvert la chorégraphie de Yang Liping à la télévision. Elle avait alors commencé à imiter les mouvements de la célèbre danseuse chinoise en regardant une vidéo. Comme elle ne pouvait ni entendre la musique ni avoir d’instructeur, la jeune femme étudia précautionneusement la chorégraphie et se basa sur ses propres émotions et son sens de la mélodie.


Tai Lihua signant un autographe pour un jeune américain durant sa tournée américaine avec la Troupe artistique des personnes handicapées de Chine.

Lorsque Yang Liping eut l’occasion d’observer Tai Lihua interpréter L’âme du paon, elle était si impressionnée qu’elle laissa de côté son dédain habituel pour les imitations et proposa de devenir le coach des jeunes artistes.

Lorsque le rideau se lève, que la lumière éclaire la scène et que la musique monte, Tai Lihua apparaît dans une élégante robe flottante, se mouvant dans une interprétation impressionniste qui évoque la grâce d’un oiseau. Avec sa grâce et l’expression de son visage, elle captive le public par son interprétation physique et spirituelle de la pièce.

Elle a interprété L’âme du paon avec la Troupe artistique des personnes handicapées de Chine lors de la 6e Assemblée internationale des handicapés tenue à Sapporo (Japon) en octobre 2002 devant un public composé de plus de 100 représentants venus des quatre coins du monde. A cette occasion, Tai lihua a de nouveau enchanté le public qui s’est levé pour saluer la danseuse, tandis que sa troupe est ainsi devenue « l’ambassadeur des 600 millions de personnes handicapées dans le monde ».

L’âme du paon est la chorégraphie phare de Tai Lihua qui a interprété également de nombreuses autres danses. Son répertoire est varié avec des personnages très vivants grâce à leurs costumes mais aussi leurs expressions faciale et corporelle.

Tai Lihua a trouvé le succès, l’art et un sens à sa vie dans un monde de silence.

Tai Lihua est née à Yichang, dans la province du Hubei, dans une famille modeste. C’était une enfant particulièrement adorable et intelligente en qui ses parents avaient beaucoup d’espoir. Ayant appris à parler très tôt, elle avait une voix douce mais à l’âge de deux ans, une forte fièvre la confina à vie dans un monde sans bruit.

Avec le support de la famille et le soutien de l’école pour sourds-muets, elle a excellé dans les études et gagné beaucoup de confiance en elle-même. Murée dans son silence, elle a essayé de cultiver une certaine indépendance et une autodiscipline ainsi que de développer ses propres compétences.

Tai Lihua a été admise plus tard dans le Département des Arts du design de l’Académie des Beaux-Arts du Hubei, une école sans infrastructure pour les malentendants. Tandis que ses camarades de classe écoutaient le professeur, Tai Lihua ne pouvaient compter que sur ses yeux pour lire le tableau et les livres et regarder attentivement les lèvres de l’enseignant. Ses anciens camarades se rappellent son assurance, sa discipline, ses excellentes notes et ses longues heures de travail.

Plus tard, avec l’aide d’une association pour handicapés, Tai Lihua a commencé ses cours de danse. Bien que certains membres de sa famille ou ses amis trouvaient qu’il était un peu tard pour devenir danseuse professionnelle, la jeune femme est restée déterminée.

Cette volonté s’est tout de suite manifestée dans la tenue vestimentaire de Tai Lihua qui ne portait plus que des pantalons de danse pendant son premier été d’entraînement. Un jour, tandis qu’elle faisait une sieste, sa mère retroussa une des jambes de pantalon de sa fille et découvrit sa jambe pleine de blessures et de taches rouges ce qui lui fit tant de peines qu’elle en pleura. Mais Tai Lihua dit simplement : « J’adore danser, alors pour moi, ce n’est pas une vraie souffrance ».

Ce sont peut-être les souffrances qu’elle a endurées qui lui valent ce sourire qui ne la quitte jamais depuis qu’elle goûte au succès et à une certaine renommée. Les difficultés et les récompenses lui ont servi à bâtir sa propre philosophie. Pour elle, « Chacun est en réalité destiné au succès et aux difficultés de la vie. Nous n’en sommes pas toujours maître mais nous pouvons choisir notre propre attitude envers la vie. Nous devons nous concentrer sur ce qu’il y a de plus positif et nous confronter au pire avec un esprit toujours gracieux et plein d’entrain. C’est ce que ma propre vie m’a amené à réaliser ».

Tai Lihua a effectué plusieurs tours aux Etats-Unis, en Asie et en Europe, et a remporté un vif succès au Théâtre de la Scala de Milan en Octobre 1992, où elle était la seule artiste handicapée à danser pour un gala international. Lors de cet événement qui a rassemblé les meilleurs danseurs internationaux, sa Sculpture colorée de Dunhuang, a suscité une ovation sans fin du public ainsi que de chaleureux applaudissements. « Magnifique ! » s’est écrié le directeur artistique et organisateur de l’événement.

En dehors de la scène et de ses entraînements, Tai Lihua occupe le poste de vice-présidente de l’Association des arts spéciaux de Chine.(Zhang Qiang)


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