Dany Boon « Trop stylé » en show « lapin » à L’Olympia
Sur la scène du célèbre Music-Hall parisien, l’entrée de l’artiste est précédée d’une projection sur grand écran translucide où, à partir d’une chorégraphie démantibulée, le ton est donné à la raillerie du personnage élastique, telle sa véritable marque de fabrique depuis le cultissime sketch du "Kway".
Aussi, dès son apparition en chair et néanmoins en os, la présence du showman installe, grâce à sa malléabilité permanente, une telle attraction qu’aucun aléa ne pourrait la distraire.
En effet, jamais Dany Boon ne nous est apparu aussi à l’aise dans sa maîtrise talentueuse à capter le public pour l’emmener dans son délire à penser tout haut, une certaine absurdité de la condition humaine.
Oui, mais voilà, si l’extraversion de l’acteur ne peut être prise en défaut, est-ce acquis que l’inspiration de l’auteur soit nécessairement au rendez-vous du réalisateur qui vient d’emporter un jackpot francophone inégalé ?
Est-ce qu’en ayant touché, presque par inadvertance, le plus grand nombre des spectateurs en salle obscure, la motivation à renouveler la martingale n’emporterait pas, désormais, le désir de plaire à tout prix ?
En outre, au vu d’une préoccupation récurrente à ponctuer, de multiples connotations scatologiques, le fil conducteur d’un spectacle paradoxalement intitulé « Trop stylé », la notion de bon ou de mauvais goût voire de vulgarité ne mériterait-elle pas d’être posée dans sa pertinence ?
A la question « Avez-vous pris la grosse tête ? », Dany répond malicieusement, « Non, car je l’avais déjà avant le succès ». Mais que répondrait-il à cette autre formulation « L’artiste ne serait-il pas en danger de perdre son âme ? »
Autrement dit, les composantes du rire de la salle auraient-elles toujours cette même qualité poétique qu’auparavant ?
Si par exemple, les sketchs d’actualité concernant les malfaçons du mur de Berlin ainsi que le psychodrame de la grippe apparaissent dans une veine analytique franchement drôle ; si les conséquences de la renommée filmique des "Cht’is" peuvent causer des ravages hystériques judicieusement répertoriés ; si l’inadaptation de l’objet à son usage demeure un filon comique toujours porteur, il semblerait, néanmoins, qu’un sentiment de fuite en avant vers le marketing outrancier imprègne l’esprit du show, flirtant même à quelques reprises, avec un certain malaise.
Bizarrement à force de fustiger et de clamer les travers des Institutions face à l’individu isolé, c’est dans le non-dit, voire un imperceptible faux-fuyant de l’interprète que le spectateur pourrait, présentement, s’interroger, à tort ou à raison.
Ceci dit, une ribambelle de lapins blancs vient égayer l’imaginaire du bon gars de ch’Nord et rappeler, si besoin est, que l’apanage des grandes oreilles décollées doit être partagé dans la bonne humeur et le bon esprit. Dont acte en plébiscite de l’autodérision.
photo © Theothea.com
TROP STYLE - ** Theothea.com - de Dany Boon -mise en scène : Yaël Boon - avec Dany Boon - Music Hall L’Olympia -
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