« Demain il fera jour » de Montherlant selon Michel Fau
Bien sûr, il y a le génial Michel Fau sur scène ainsi qu'aux manettes de la réalisation, bien entendu, il y a Léa Drucker en partenaire prestigieuse et surtout, il y a Henry de Montherlant qui en impose à toutes les générations de Théâtre.
Et puis, il y a 1949, époque charnière où la France amorce sa période de reconstruction intensive, tout en maintenant vivaces la plupart des contentieux non réglés de l’après guerre.
Sujet redoutable par l’ensemble des non-dits qu’il présuppose et difficile à aborder de nos jours car totalement hors d’actualité, quoique par rapprochements implicites, il pourrait peut-être y avoir du grain à moudre… allez savoir !…
Un couple bourgeois donc, vivant calfeutré dans son appartement parisien en 1944, alors que tout est encore possible… autant la victoire totale sur l’occupation avec ses relents latents de collaboration que la défaite consommée avec son cortège d’idéalisme patriotique annihilée !
Bref, nous sommes à la croisée des chemins idéologiques contradictoires mais pas forcément explicites :
Monsieur, avocat de profession et madame, sa maîtresse sont parents d’un adolescent à élever tant bien que mal, dans cet entre-deux périlleux.
L’amour filial est un étrange sentiment qui, au gré du contexte, peut prendre des tournures monstrueuses.
Quant à l’inquiétude de voir ce fils s’engager en résistance alors que le train de vie paternel était, a priori, porté davantage à la compromission, cela n’est pas sans poser de question existentielle au couple marital… pour le meilleur et pour le pire.
Mais voilà, la direction d’acteurs choisie par Michel Fau tendrait à s’inspirer davantage d’une comédie sociale à la Guitry qu’aux subtilités psychologiques contenues chez Montherlant.
Vu du balcon du Théâtre de l’Œuvre, le jeu grandiloquent adopté par le duo d’acteurs les contraint à une « hystérisation » du comportement et à une sorte de fuite en avant dans le pathos, sans doute destinée à justifier, a posteriori, cette exacerbation du sentiment d’angoisse, tour à tour intraverti et extraverti… un peu comme si, au cinéma muet, l'hyperréalisme des regards devenait soudain vociférant !
Ayant coutume de s’appuyer sur le malaise suscité à rebours, Michel Fau ne semble pas jouer, ici, la juste tonalité qu’il eût fallu adopter avec un tact intériorisé plus propice à cette pièce de Montherlant… déjà suffisamment ambivalente par elle-même.
- DEMAIN IL FERA JOUR
- visuel affiche
photo © Marcel Hartmann
DEMAIN IL FERA JOUR - **.. Theothea.com - de Henry de Montherlant - mise en scène Michel Fau - avec Michel Fau, Léa Drucker, Loïc Mobihan & Romain Girelli - Théâtre de L'Oeuvre
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