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« Derniers remords avant l’oubli » de Jean-Luc Lagarce... in vitro

Comme si la mise en scène de Julie Deliquet façonnait le texte de Jean-Luc Lagarce à sa main, façon sculptrice de retrouvailles d’emblée avortées, les comédiens en alternance du collectif In vitro semblent mimer à l’oral, le nec plus ultra d’une rencontre type vouée à l’échec, quels que soient les degrés d’implication de chacun.

En direct live, comme à la répétition, six d’entre eux se rejoignent sur le plateau du Mouffetard avec l’idée bien ancrée de ne pas surseoir aux susceptibilités respectives, de façon à laisser s’installer l’inexorable mésentente qui va se tisser autour de Pierre.

Lui, impulsif taureau d’une corrida où picadors, matadors et autres toréadors se relaient allègrement, qui pour l’exciter, qui pour le blesser ou qui pour feindre une réconciliation improbable, voit en rouge vif ses deux ex-compagnons d’un trio amoureux ayant eu, d’antan, la joyeuse fortune d’acquérir, en indivision, une résidence censée être à disposition de tous.

Les voilà donc à nouveau réunis avec, cette fois-ci, leurs descendances dans la Cerisaie qui les avait tant aimés.

Cependant seul, Pierre (Eric Charon) y vit au quotidien en versant un loyer à ses deux partenaires dont l’une aimerait désormais récupérer en capital sonnant et trébuchant, sa part affective et contributive qu’il faudrait estimer au plus juste.

Voilà donc Paul ( Gwendal Anglade) et Hélène (Julie André) à la tête de familles ne se fréquentant guère jusqu’ici, au sein desquelles il apparaît d’évidence que, si chacun est prêt aux civilités de circonstances, les préjugés et rancœurs y sont déjà transmis de manière patrimoniale.

Aussi d’a priori maladroits en a posteriori vindicatifs, Pierre devient l’unique objet du ressentiment collectif auquel, de manière délibérément expiatoire, il participe plus qu’à son tour.

Si chaque spectateur est en droit légitime de posséder son « Jean-Luc Lagarce » attaché à sa propre grille de lecture existentielle, cette réalisation à la fois intimiste, hyperréaliste et significative du non-dit à fleur de peau, est en soi un régal de pertinence et d’impertinence relationnelle.

De l’angélisme à la mauvaise foi, en passant par l’incommunicabilité du langage, tous les alibis de la bonne conscience ulcérée s’y déclinent en un concentré de vérité tellement humaine que personne n’ y semble en mesure de « racheter » son prochain.

photo © Sabine Bouffelle

DERNIERS REMORDS AVANT L’OUBLI - ***. Theothea.com - de Jean-Luc Lagarce - mise en scène : Julie Demiquet - avec Gwendal Anglade, Julie André, Eric Charon, Olivier Faliez, Agnès Ramy & Annabelle Simon - Théâtre Mouffetard

 

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