• AgoraVox sur Twitter
  • RSS
  • Agoravox TV
  • Agoravox Mobile

Accueil du site > Culture & Loisirs > Culture > Des hommes ou des dieux ?

Des hommes ou des dieux ?

“Des hommes et des dieux”. Le film est en passe de devenir un des succès majeurs de l’année. Et l’un des plus vus du cinéma français de la décennie. Pourtant, le classicisme de la mise en scène, le jeu parfois éculé et théâtral de certains comédiens semblent en retard d’une guerre. Un film pour les vieux assurément : rythme lent, longs plans de paysages, chants liturgiques à foison, parole plutôt rare, tous les ingrédients nécessaires à la sieste de papi semblent en effet réunis.

Oui tout cela est vrai et l’on pourrait même être plus féroce encore sans trop forcer. Pourtant, “des hommes et des dieux” caracole en tête des entrées, les salles sont encore pleines, et le film est en piste pour les Oscars. Comment expliquer ce succès ?

DES CATHOLIQUES EN MAL DE FOI ?

La première hypothèse est la plus simple. Le film attire les derniers cathos de France. Nos paroissiens en mal de pape charismatique se précipitent voir les “vrais moines” en leur demeure. Pour autant, le film n’est guère mystique car où est la transcendance ? Qu’apporte la foi aux moines si ce n’est un piètre réconfort hypothétique au moment de leur mort ? Non, il ne s’agit pas d’un film qui donne l’envie de croire. En revanche, et c’est ce qui plaît à nos spectateurs catholiques, le doute ressenti chez plusieurs frères peut s’articuler comme un discours pro domo : “Je prie mais je n’entends plus rien” dit l’un des membres de la communauté pour au final décider de braver la mort, rejetant ainsi ses hésitations. Tel autre affirme avoir la tentation de “revenir plombier en France” avant de reconnaître que sa vie est “ici” en Algérie.Un dernier affirme que “partir c’est mourir”. Mais au final, tous restent dans le monastère au contact de ce dieu parfois trop lointain et aux voies (voix) décidément impénétrables. Le fidèle doute mais au final parvient à rester dans le droit chemin. Voilà le surhomme, l’imitateur du Christ : il détient la vraie foi, il a cru la perdre mais c’est ainsi qu’il l’a pleinement retrouvée. Le héros catho moderne pourrait bien se nicher dans le monastère de Tibérine. Est-ce le brave Amédée qui parvient à se dérober en se planquant sous son lit ? Rien n’est moins sûr… Judas de la cause ?

EN QUETE DE SPIRITUEL ?

D’immenses penseurs, de Malraux à Sarko, avaient prédit que le “XXI° siècle sera religieux”. Sommes-nous en présence d’une manifestation de la prophétie ? Nos spectateurs avides se rendent-ils dans les salles obscures comme on se rend à Compostelle ? Le propos serait le suivant : nos concitoyens désorientés dans ce monde globalisé et complexe sont à la recherche de sens. Or, l’hyperconsommation et les flux continus d’informations et son corollaire le hic et nunc érigé en mode de vie, produisent une anxiété métaphysique. Devant cette angoisse, ils se rendent en masse dans “l’usine à rêves que constitue l’industrie cinématographique” pour quitter un instant le monde et ses basses contingences. Le matérialisme n’a que trop vécu, bienvenue au spiritualisme ! Notre siècle désenchanté, sécularisé et désillusionné a besoin d’une renaissance…pourquoi pas celle de l’Eglise ? Aussi séduisante soit l’hypothèse le succès rencontré par “Des hommes et des dieux” n’est en rien consécutif d’un “retour du religieux”. La recette du succès est à chercher ailleurs.

UNE HISTOIRE VRAIE

Histoire romancée mais Histoire quand même. Cette malheureuse affaire de moines égorgés avait défrayé la chronique. Le mystère entourant leur exécution était resté entier : Les bourreaux étaient-ils islamistes ou bien l’armée algérienne avait-elle laissé faire ou commandité leur exécution ? Le rôle de l’Etat français demeure lui aussi assez obscur. Une affaire mystérieuse donc, une cadre à la Agatha Christie, des religieux désarmés et obstinés face à des terroristes armés jusqu’aux dents. Mélange de réalité et de fiction, “des hommes et des dieux” dispose d’une dramaturgie exceptionnelle qui peut séduire les férus d’Histoire aussi bien que les amateurs de polars. La relative proximité temporelle avec les événements narrés stimule encore davantage la curiosité. Mais nous ne saurions nous abandonner à cette théorie : le cinéma n’a jamais produit autant de films “historiques” ou traité d’affaires mystérieuses. Ce choix est banal et ne saurait expliquer à lui seul que plus d’un million de français accourent.

SALAUDS D’ARABES ?

Etrange en revanche est l’absence de polémique suscité par le film. Souvent, la violence de la polémique permet à un film sans grande envergure de séduire les spectateurs. Rares sont les voix dissonantes dans le concert de louanges. Un film que tout le monde aime a-t-il un intérêt ? Si tout le monde aimait Koons ou Jeunet auraient-ils rencontré le succès ? Le film ne dérange pas…les critiques en tout cas. Mais j’aimerais ici me livrer à un propos plus acéré (et peut être de mauvaise foi-blasphème !).

Car que voit-on ? Des moines catholiques qui structurent la vie de la cité musulmane, une jeune femme future victime d’un mariage arrangé qui confesse ses inquiétudes auprès d’un frère qui lui répond pudiquement que “c’est un autre problème” (sous-entendu : “ta religion obscurantiste, je préfère ne pas l’évoquer”). On découvre un chef de communauté déguisé en Averroès, épris du Coran et qui fait la leçon aux barbares hirsutes et analphabètes. On trouve aussi des arabes perdus si “la branche sur laquelle ils se reposent” (le monastère) venait à disparaître. On assiste aussi à une jolie prière musulmane dont la traduction sous titrée cesse après que le récitant a prononcé quelque chose comme “donne nous la victoire sur les infidèles”… De ce point de vue le discours du film peut s’interpréter comme “enseigner les aspects positifs du néocolonialisme” ! Au final, les chrétiens pardonnent (bien sûr) et les musulmans tuent (évidemment). Sans les moines pas de médecine, pas de miel sur le marché, bref plus de civilisation.

Quels contrepoids à ces épisodes pour le moins ambigus  ? Deux scènes essentiellement : le frère médecin qui s’endort avec “les lettres persanes” entre les mains. Qu’est-ce à dire ? Qu’il y eut une époque où notre civilisation occidentale pouvait tirer quelque parti de la musulmane ? Mais comme compréhension et interprétation des civilisations du Maghreb, on fait mieux ! Ou bien le frère médecin préfère-t-il les ragots de la presse locale aux arguties juridico-philosophiques de Montesquieu qui l’endorment ?

L’autre scène est plus franche mais en réalité tout aussi contestable. Il s’agit d’une des entrevues avec le haut fonctionnaire algérien du ministère de l’intérieur. Dans une périphrase ledit fonctionnaire dit quelque chose comme “je pense à l’inverse de vous (les moines présents dans son bureau) que c’est la colonisation française qui nous a retardé.” Les moines baissent la tête, l’air contrit. Derrière cette dénonciation apparente se cache un poncif des plus éculés : Le fonctionnaire algérien reconnaît que son pays est en retard, c’est donc que l’Algérie est un pays arriéré. Il ne s’agit pas de faire un procès d’intentions mais si le réalisateur avait vraiment voulu accréditer cette thèse, il l’aurait mis dans la bouche d’un autre que ce bureaucrate plus ou moins corrompu.

En d’autres termes : 1/ La présence européenne et chrétienne en Algérie est bénéfique aux Algériens. 2/ La civilisation arabe ne nous a rien apporté au moins depuis le XVIII° siècle 3/ Malgré notre apport, ils n’ont rien retenu et sont encore en retard 4/ Et cela ne les empêche pas de nous faire la leçon !

Les spectateurs sont-ils pour autant des zélés serviteurs d’E. Zemmour, d’E. Ciotti, de G. Bush ou de S. Huntington ? Mais le film, peut-être à son insu donne des arguments à ceux qui pensent que le dialogue entre civilisations est impossible. Dans sa neutralité bienveillante, le film attise les incompréhensions réciproques. Nul doute qu’il ne saurait être diffusé en Algérie. Que ce soit bien clair : le but d’un film n’est pas d’infirmer ou d’accréditer telle ou telle thèse, mais il lui faut un contextualisation plus solide. Quand on prétend traiter l’Histoire on effectue un travail d’historien. On ne se contente pas de mettre 4 phrases “d’explication” durant le générique de fin. Le partisan de l’Algérie française y trouvera donc son compte à l’instar du catho tradi.

L’ANTI BLING BLING ?

Et si le film devait son succès à son côté décalé ? Travail agricole et monde rural. Piété et contemplation. Simplicité et modestie. Dépouillement et parole mesurée. Refus du paraître et proximité de l’être. Tous ces couples fonctionnent à merveille pour qui souhaite un retour à “l’authenticité” aux “vraies valeurs”. Ces hommes capables de se réfugier intérieurement, de lire sans arrêt, de prier assidûment savent prendre leur temps. Leurs paroles sont rares et pondérées, loin bien loin de l’agitation permanente, du tourbillon médiatique. Ils incarnent un idéal devenu pratiquement inconcevable de nos jours. Leur environnement n’est pollué ni par des ordinateurs, ni par des publicités et si peu par les gaz d’échappement. Ils soignent sans médicaments. L’autonomie soixante-huitarde chez les moines de Tibérine ? C’est un peu ça. En cela, ils accèdent au statut des demi-dieux de l’Antiquité. Mortels mais situés dans un ailleurs inaccessible au commun des mortels, les moines vivent en Utopie. S’agit-il d’hommes ou de dieux ?

L’IMPOSSIBLE IMPASSE DU MONDE

“Humains trop humains” aurait sans doute répondu notre Friedrich. La déconstruction du mythe du paradis terrestre est peut-être la partie la plus convaincante du film. Il est, même pour des moines au firmament de leur spiritualité de faire l’impasse sur ce qui les environne. Tout au plus peuvent-ils faire semblant, comme dans cette scène ou l’hélicoptère de l’armée couvre leurs chants. L’irruption de l’extérieur, la violence soudaine, les enjeux géopolitiques qui ressurgissent en pleine figure. Il n’y a pas d’innocent et celui qui veut s’échapper de l’emprise du monde a néanmoins sa part de responsabilité car il “hérite” d’une époque, les moines ici sont assimilés par les islamistes à la colonisation, puisqu’ils la perpétuent quoique sous d’autres formes. Une fois morts, que reste-t-il de l’esprit qui les animait ? Rien, des bâtiments vides. Au final, “des hommes et des dieux” nous dit que la “quête mystique” rapproche des dieux mais non les hommes.


Moyenne des avis sur cet article :  2.5/5   (16 votes)




Réagissez à l'article

4 réactions à cet article    


  • Marquis d'Anteaux Marquis d’Anteaux 27 septembre 2010 17:39

    Peu de films m’ont autant touché.
    Et au vu du silence qui a régné dans la salle à la fin du film, je ne pense pas être le seul.
    Quelle moment de grâce. Personne n’osait bouger. Pour tout le monde, un départ précipité eut été un sacrilège.


    • Spip Spip 27 septembre 2010 23:23

      Pas d’accord du tout, alors, reprenons les termes mêmes de l’auteur.

      « le jeu parfois éculé et théâtral ». Non, sobre, c’est tout. Le réalisateur aurait pu jouer sur le pathos pour tirer facilement des larmes, il ne l’a pas fait.

      « un film pour les vieux... » 1 500 000 exclusivement vieux sont donc allés le voir. C’est bien, ça leur a fait une sortie et ce film aurait eu ce mérite...

      « des catholiques en mal de foi ». Personnellement, je suis complètement et tranquillement athée et n’y suis donc pas allé pour soigner ma crise de foi.

      « où est la transcendance... réconfort hypothétique au moment de leur mort »
      Si leur foi leur donne de quoi calmer l’angoisse universelle (le passage vers la mort, qu’on soit croyant ou pas) et que, pour vous, ce ne soit pas une forme de transcendance, qu’est-ce qu’il vous faut ? Quant à donner envie de croire au spectateur, je ne pense pas que ce soit le but du réalisateur.

      « un discours pro domo ». Pour autant que je sache, le doute chez les religieux est une composante de la foi (s’il n’y a pas de diable il n’y a pas de dieu...) Si beaucoup restent, certains défroquent quand le doute est trop fort, ils sont libres, tout simplement.

      « en quête de spirituel ». Ben oui, ce besoin a l’air de s’amplifier en ce moment de désillusions provoquées par la faillite (pas seulement financière) de notre modèle de société. C’est une réaction assez logique, mais soigner son angoisse par « l’usine à rêves », c’est encore consommer, pas être en quête. L’hypothèse d’une renaissance de l’Église n’est effectivement pas crédible, il y en a d’autres et, là encore, elle n’est pas revendiquée par ce film.

      « une histoire vraie ». Outre ce que vous évoquez, d’autres hypothèses circulent. L’armée algérienne aurait mitraillé, par hélicoptères, le camp où étaient détenus les moines, les tuant et se rendant compte de la « bavure » aurait mis en scène les cadavres (décapitation) pour faire croire à une exécution antérieure par les islamistes.

      « Des moines catholiques qui structurent la vie de la cité musulmane, une jeune femme future victime d’un mariage arrangé qui confesse ses inquiétudes auprès d’un frère qui lui répond pudiquement que “c’est un autre problème” (sous-entendu : “ta religion obscurantiste, je préfère ne pas l’évoquer”). Complètement à côté ! L’abbé rencontre les responsables du village, ils échangent leurs préoccupations, il ne structure rien. Quant au frère médecin, sa réponse à la jeune fille sous-entend qu’il ne veut pas prendre position pour ou contre la tradition de cette société à partir de valeurs occidentales. Tout le contraire d’un néo-colonialisme.

       »les lettres persanes« . Pour qui les a lu, il s’agit clairement d’une critique des mœurs de la Cour du Roi de France, par le biais du regard étonné de deux voyageurs persans inventés par Montesquieu pour la circonstance. Pas d’un livre traitant de civilisation musulmane. Rien à voir

       »le haut fonctionnaire« Peut-on attendre de lui un autre discours sur le passé colonial ? Et, d’un point de vue historique, il a en partie raison. C’est quand ça a commencé à bouger sérieusement (Messali Hadj) que les autorités françaises se sont mises à courtiser de plus près les chefs traditionnels pour s’appuyer sur eux, donc pas les plus progressistes... En tant que prof d’histoire vous devriez savoir ça, quand même. De plus il ne dit pas que ça : il dit à l’abbé que sa communauté risque de devenir un pion manipulé et il ne saura pas par qui. Ça traduit bien l’ambiance de cette période, »qui tue qui ?". Personnellement je le trouve beaucoup plus lucide que corrompu (encore que l’un n’empêche pas l’autre...)

      Finalement, les hypothèses, la vision des choses, les conclusions que vous attribuez à ce film ne sont que les vôtres, nourries de vos propres préoccupations (agacements ?). C’est à se demander si on a vu le même.


      • Rodolphe 28 septembre 2010 19:40

        Une réponse s’impose ne serait-ce que par respect au temps que vous avez du passer à cette réaction.
        D’une manière générale, je crois que vous n’avez pas véritablement saisi (ou tenu compte) du point de vue de l’article : il ne s’agit pas d’émettre un jugement sur le film mais d’essayer d’expliquer les raisons de son succès.
        Le première hypothèse consiste donc à penser que ce film attire en premier lieu un public catholique. Je précise à la fin de ce paragraphe que cette hypothèse ne tient pas et c’est d’ailleurs comme vous, en tant qu’athée, que je suis allé voir ce film.
        Concernant le jeu théâtral, ne trouvez vous pas que la s(cène) sur fond de lac des cygnes cherche à tirer les larmes des spectateurs ?
        Concernant le discours pro domo c’est devenu un poncif que de justifier la foi par le doute avec une rhétorique du type : « ce n’est pas parce que l’on croit que l’on ne peut pas user de sa raison. D’ailleurs vous voyez bien que ces moines doutent. » Mettre en scène la réconciliation entre foi et raison est une préoccupation typique des catholiques et des intellectuels depuis Thomas d’Aquin.
        En quête de spirituel : sur cet aspect il me semble que nous sommes en accord.
        Concernant la structuration du village par le monastère, avez vous oublié cet assez long moment durant lequel les villageois demandent aux moines de ne pas partir sans quoi ils seraient perdus ?
        Pour les Lettres Persanes, il est certain que Montesquieu cherche d’abord à critiquer la monarchie absolue à laquelle il oppose le système de gouvernement perse qui lui semble bien plus éclairé. Donc, c’ est un moyen utilisé par le réalisateur pour tenter de montrer qu’il n’y a pas de hiérarchie définitive entre les civilisations et les cultures. Cela part donc d’un bon sentiment mais manque de chance le moine s’endort en les lisant...Le propos tombe donc à plat.
        Le haut fonctionnaire : outre que je ne comprend pas bien votre agressivité à mon encontre, votre argumentaire sur ce point me semble contestable :
        1) Le fait que les autorités françaises se soient appuyées sur les élites locales durant la colonisation est une réalité historique. Cependant, cette pratique a surtout été mise en oeuvre en Tunisie et bien plus au Maroc car elles n’étaient pas des colonies de peuplement ni assimilées comme département français. En Algérie cette pratique visait surtout des minorité ethniques type berbère ou kabyle, que la République cherchait à valoriser par rapport aux Arabes.
        2) S’il est normal que le haut fonctionnaire tienne ce type de discours, ce que je dis dans l’article c’est qu’entendre ce discours dans sa bouche discrédite le dit discours. Vous dites très bien qu’on ne sait pas « qui tue qui ? ». De fait, le soupçon ne peut que planer sur ce haut fonctionnaire. Donc, le discours (qui historiquement est sans doute juste) devient un argumentaire de propagande indépendantiste algérienne : cela revient à mettre en doute la véracité historique à savoir que la colonisation a pu freiner le développement de l’Algérie.
        Cordialement
        L’auteur.


      • eric 28 septembre 2010 08:08

        Bel article. Il me semble que vous avez tenté d’être aussi complet que possible, mais quand même à ; la lumière de vos préjugés et d’une méconnaissance de la réalité du catholicisme français contemporain.

        C’est vrai qu il n’y a sans doute pas tout à fait 2 millions de messalisants réguliers. En revanche, cela fait de cette église la principale force « civile civique citoyenne » du pays et de très très loin. Qui d’autre consacre au moins une partie de ses week-ends et souvent beaucoup plus ;à une cause ? Et sans être payé pour cela ? Les 11 000 adhérents du NPA, les 9 000 verts à jour de leur cotisation qui sont pour la plus part des pro, émargeant à des fonds publics pour militer ?

        Or pour toutes sortes de raisons, ces gens n’ont pas réellement accès à la parole publique, ou peu et en tous cas pas à la hauteur de ce qu’ils représentent dans le pays. Dés lors il est parfaitement logique que quand on parle un peu d’eux, cela les intéresse massivement.

         

        Vieillards ? Statistiquement, ils ont plus d’enfant que la moyenne. Cela veut dire qu’ils sont plus jeunes que la moyenne du corps social. Si la plus part des associations, syndicats, partis, sont de véritables sépulcres blanchis, en mal ; de bénévoles, dirigés au mieux par des quinqua, mais en général par des 68 ard et le plus souvent rémunérés. Chez les catho, il y a des enfants des jeunes. Regardez dans les campagnes quels sont les mouvements de jeunesse, non encadrés par des professionnels rémunérés mais par des bénévoles jeunes que l’on voit.

        Votre vision d’une église asile de vieillards tient du voeux pieux....

        Au minimum pour ces raisons démographiques, ils échappent aux angoisses matérialistes, consuméristes etc... A tous les niveaux de revenu, passer au troisième enfant, c’est accepter délibérément un décrochage sensible de son niveau de consommation par rapport à ses pairs qui en on moins. La démographie spécifique des catholiques pratiquant est la preuve concrète qu’ils échappent plus que la moyenne au matérialisme que vous décrivez.

        Enfin, les catholiques pratiquant sont la partie du corps social qui vote le moins front national. Moins même que les électeurs PS repentis par exemple. Votre discours sur une vision néocolonialiste n’est pas sans intérêt, mais reflète plus un sentiment général des français qu’une spécificité catholique ou même de droite. Qui plus est, cette vision et au moins partiellement validée par la réalité.

        Tout le monde aime le couscous et personne ne connaît Averroès. Mais un apport civilisationnel ne se joue pas à ces niveaux. L’occident influence beaucoup plus le monde musulman que l’inverse. Il y a beaucoup de femmes qui y souhaiteraient une évolution de leur statut dans un sens plus occidental. Il y a peu de femmes en occident qui souhaiteraient se rapprocher d’un modèle plus oriental.

        Pour prendre une valeur plus positive, le traitement des anciens, on ne voit pas que le catholicisme, massivement présent à titre bénévole dans les maisons de retraite et les mouroirs, contrairement à d’autres forces sociales qui ne s’y risquent qu’en étant payé pour cela (secteur sanitaire et social) ait beaucoup à apprendre. En revanche, des pans entiers de notre société feraient bien de s’inspirer d’un modèle outre méditerranéen dans leurs rapports avec les retraités. Mais on ne voit pas que cela soit le cas (confère l’épisode des caniculés où l’on a vu les familles laissé leurs vieux au chaud avec des spécialistes pour pouvoir partir tranquillement en vacance). Notre « pression civilisationelle » change plus la société algérienne que l’inverse, et ce, alors même qu’il y beaucoup plus d’algériens en France que de français en algérie. C’est incontestablement la marque d’une culture plus dynamiques. Prétendre le contraire est gentil mais irréaliste. De la même façon, dans nos rapports bilatéraux multiples l’Amérique nous change plus que nous ne la changeons. On peut s’en réjouir ou non, dire que « c’est pas bien » pas nier que cela reflète des niveaux de dynamisme culturel. On est très tenté de vous retourner vos arguments ; Si la présence d’étrangers est un enrichissement de la « diversité »c’est nécessairement vrai dans les deux sens. Si la présence de migrants maghrébins est une chance pour la France, celle de Français en Algérie devrait l’être aussi. L’occident n’aurait rien apporté depuis le 16ème siècle à l’orient !? Que ce soit pour le meilleur ou pour le pire le prétendre serait assez paradoxal...Ou alors, faut il être dominé pour apporter quelque chose de positif ? Va-t-on célébrer les inoubliables apport des gaulois, (pantalons, tonneau etc... à la médiocre civilisation romaine ?

        Enfin, assimiler à une quête mystique le combat des islamistes, qui ne sont jamais que des bolcheviques, au sens historique du termes, adaptés à leur contexte culturel, c’est à dire avant tout des politiques, ou les basses oeuvres éventuelles d’un gouvernement peu démocratique, n’est ce pas tomber aussi dans une vision très  « choc des civilisations » ?

         

        C’est bien plus le politique qui est susceptible de diviser les hommes que le la quête de Dieu. La preuve ? Pour des raisons vraisemblablement politiques, vous semblez vivre dans une grande méconnaissance des catholiques qui sont pourtant selon toute vraisemblance statistique, vos voisins de pallier...

        Peut être même dans une certaine méconnaissance du monde, parce que partout ou il y a des pauvretés, des souffrances, en France et dans le monde, et quel que soit le jugement que l’on porte sur les raisons et les modalités de leur engagement, on trouve des catholiques engagés ’ resto du coeur, RESF, mère Thérésa, Emaus, telethon, etc etc...

         

        On devine à vous lire que vous n’avez pas du rencontrer Dieu, mais on n’en est pas pour autant convaincu que vous ayez rencontré les hommes….

Ajouter une réaction

Pour réagir, identifiez-vous avec votre login / mot de passe, en haut à droite de cette page

Si vous n'avez pas de login / mot de passe, vous devez vous inscrire ici.


FAIRE UN DON







Palmarès