Dieu habite Düsseldorf, de Sébastien Thiéry

Disons-le tout de suite, contrairement à ce que l’affiche laisse penser, Dieu habite Düsseldorf n’est pas une adaptation théâtrale de Chez maman, série de sketches que l’on peut voir dans 20H10 pétantes sur Canal+. Des petits interludes qui réunissent un frère, une sœur et leur chère mère, se livrant à des réflexions aussi méchantes que désopilantes. Dieu habite Düsseldorf est néanmoins un spectacle de Sébastien Thiéry (le frère), avec lui-même et Marie Parouty (la sœur) mais sans Françoise Christophe (maman), le troisième larron étant ici Artus de Penguern. Dans la - très - petite salle du Théâtre des Mathurins, alors que Francis Huster brille dans la grande, juste au-dessus, les trois acteurs enchaînent les saynètes absurdes et décalées, ainsi que des chorégraphies courageuses en guise de transitions. Tout cela est drôle, notamment grâce à l’effet produit par le visage inquiet et sérieux de Sébastien Thiéry.
Mais les textes de ce dernier, sous des dehors délicieusement surréalistes, dressent petit à petit le portrait d’un monde et d’une société implacables, qui broient les êtres jusqu’à les rendre transparents et inutiles, qui plus est en leur laissant la conscience de cette relégation. Ainsi, cet homme qui s’inscrit dans une agence pour trouver un ami, cet homme qui veut se faire handicapé pour exister enfin aux yeux des autres, cet autre qui contacte une agence pour qu’elle le conseille sur la meilleure façon de se suicider. Cet homme enfin, guichetier dans une banque qui vient d’être rachetée par les Indiens et qui n’accepte le retrait d’un client qu’à la condition que ce dernier lui fasse un gros câlin. Dieu habite Düsseldorf, c’est dire si nous sommes mal barrés.
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