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Accueil du site > Culture & Loisirs > Culture > Ecoutez la bonne chanson...du XVIème siècle !

Ecoutez la bonne chanson...du XVIème siècle !

Non, le XXème siècle n'a pas tout inventé en matière de musique ! Et je fus très étonné de constater combien les clips vidéo sur YouTube, consacrés aux musiciens de la Renaissance ou du Moyen-Age, sont écoutés et regardés.

C'est l'été ! Les cigales chantent. Oui, enfin pas partout...Mais nous pouvons chanter. Quoi donc ? Des chansons galantes ou grivoises du 16ème siècle ? Des chants polyphoniques ? Voyez plutôt cette sélection musicale que je vous ai concontée. Vous m'en direz des nouvelles.

L'écriture musicale est apparue un demi-siècle après l'invention de l'imprimerie, soit à partir de 1501. Dès lors, la musique va se diffuser dans toute l'Europe et les premières vedettes de la chanson vont se faire connaître. En France, c'est l'époque de la Renaissance. Parmis les genres à la mode, la messe, les motets, les chants polyphoniques comme toujours mais ausi une nouveauté : le madrigal. C'est le Français Philippe Verdelot et le Flamand Jacques Arcadelt qui donnent naissance au madrigal. Il s'agit d'une pièce vocale à caractère profane et à plusieurs voix, sans refrain, où le texte tient une place prépondérante. Les principaux musiciens de la cinquième génération de l'école franco-flamande, (Palestrina, Monteverdi, Orlando di Lasso, Adrian Willaert) adopteront ce genre.

Qui dit chant polyphonique dit contrepoint, c'est-à-dire superposition de mélodies. Au contraire d'aujourd'hui où on superpose une mélodie à des accords. Les mélodies superposées finissent par faire qu'on ne comprend plus les paroles. Giovanni Pierluigi da Palestrina (1525-1594) fut donc chargé par le Vatican d'y mettre bon ordre. Il fallait tout de même que l'on puissse ouïr les paroles sacrées de la messe ! Victor Hugo considérera Palestrina comme le père de toute la musique chrétienne.

Voilà planté le décor, venons-en à des exemples bien concrets.

I - Quelques chansons coquines

"Il est bel et bon, mon mari' de Pierre Passereau (1490 - 1547) interprété ici par les irrésistibles "King's Singers" au pays de Shakespeare.

Il est bel et bon, commère, mon mari.
Il estoit deux femmes toutes d'ung pays.
Disanst l'une à l'aultre - "Avez bon mary ?"
Il ne me courrousse, ne me bat aussy.
Il faict le mesnaige,
Il donne aux poulailles,
Et je prens mes plaisirs.
Commère, c'est pour rire
Quand les poulailles crient :
Petite coquette (co co co co dae)e, qu'esse-cy ?

Par le français Clément Janequin (1485 - 1558) :

Il estoit une fillette (vidéo)

Il estoit une fillette qui vouloit scavoir le jeu d'amours. Un jour qu'elle estoit seulette je luy en aprins deux ou trois tours. Asprès avoir senty le goust, elle me dit en soubzriant : "le premier coup le semble lourd, mais la fin me semble friant". Je luy dis "vous me tentez" El' me dit "recommencez", je l'empoigne, je l'embrasse, je la fringue fort. Elle cire "ne cessez", je lui dis "vous me gastez, laissez moi petite garce vous grant tort". Mais quant ce vint, a sentir le doulx point, vous l'eussiez veu mouvoir si doulcement que son las cueur luy tremble fort et poingt, mais Dieu mercy c'estoit d'ung doulx tourment".

Au joly jeu (vidéo)

Au joly jeu du pousse avant,
Il fait bon jouer.

L'aultrier m'aloye esbaloyer,
Je rencontray la belle au corps gent,
Soubzriant doulcement, la vois baiser.
Elle en fait doute, mais je la boute,
Laissez, laissez, laissez trut avant.

Au joly jeu...

Pour ung reffuz me fault laisser,
Propos luy tins amoureusement,
Soubzriant doulcement, la vois baiser.
Elle riotte, Dance sans notte
Laissez, laissez, laissez trut avant.

Au joly jeu...

La meunière de Vernon (vidéo)

La meunière de Vernon,
Elle est mignonne et gorrière,
Et si elle est, ce dit-on,
De bien aimer coutumière.

Un jour tout à l'environ
d'une saussaie et rivière,
Un beau jeune compagnon
D'amour lui fit la prière.

Lors la baisant le mignon
Se prit à lui faire chère
Puis s'assit en son giron
De bonne grâce et manière.

Ou encore : Un mari se voulant coucher

II - Autres genres de chansons à découvrir :

 Je ne menge point de porc de Claudin de Sermisy (1490 - 1562). Déjà à l'époque ! Mais les motifs ne sont pas religieux...En entrant en ung jardin (live), Hau, hau, hau le boys

Plus sérieux Mille regres , Je prens congies de Nicolas Gombert (1495 - 1560)

Quelques "tubes" de Claude Le Jeune (1530 - 1600) : Qu'est devenu ce bel oeil ? (live) , Reveci venir du printemps, Un gentil amoureux, Quelle eau, quel air, quel feu , Je suis déshéritée

Clemens non papa (1510 - 1556) : Entre vous filles

Cipriano de Rore (1515 - 1565) : Mon petit coeur 

Et pour finir le grand, le très grand Orlando di Lasso (dit aussi Roland de Lassus) 1532 - 1594).

Il a sans doute été le musicien le plus célèbre de toute l'Europe XVIe siècle. En 1563, Lassus est nommé maître de chapelle à Munich. Il demeure au service d'Albert V et son héritier, Guillaume V de Bavière, jusqu'à sa mort. Son art fut d'emblée reconnu et il était surnommé « Prince de la musique » ou « Orphée belge » par ses contemporains.

Bonjour, et puis, quelles nouvelles ? Une puce j'ay dedans l'oreill'helas ! Quand mon mary 
Susanne un jour

Madrigals O-Lucia O Occhi Manza Mia Sto core mio Chansons - CAPILLA FLAMENCA (album) Bonjour-mon-coeur

Vignon vignon

Pour être tout-à-fait complet, citons Adrian Willaert (1490 – 1562), Carlo Gesualdo (1566 – 1613) dont le"Mille volte" a été brillamment adapté à la musique de notre époque par David Chevalier (écouter ici, c'est superbe !), Andrea Gabrielli (1510 – 1586) et son neveu Giovanni Gabrielli (1553 – 1612), le slovène Jacobus Gallus (1550 – 1591), l'Espagnol Tomás Luis de Victoria (1548 - 1611).

Bonne écoute !
 


Moyenne des avis sur cet article :  3.67/5   (15 votes)




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17 réactions à cet article    


  • Taverne Taverne 17 juillet 2012 09:22

    Je conseille aussi l’écoute, de Clément Janequin, de :
    La bataille de Marignan (vive not’ bon roy ! Victoyre, victoyre ! smiley)
    Voulez ouyr les cris de la ville (avec mise en musique des cris de Paris)
    Janequin utilisait beaucoup l’onomatopée pour mettre de la vie dans ses chansons. Le résultat est jubilatoire.


    • eric 17 juillet 2012 10:04

      Et peut etre surout Goudimel, qui est toujours chante par des millions de personnes dans le monde entier....


      • Taverne Taverne 17 juillet 2012 10:27

        Il est vrai qu je n’ai traité que de la chanson au sens strict et pas des adaptations des poèmes de Ronsard et de Clément Marot. Merci pour l’info.


      • L'enfoiré L’enfoiré 17 juillet 2012 14:23

        Salut Paul,

         La question que l’on peut se poser à priori : « pourquoi certains musiciens traversent les époques et d’autres beaucoup moins ? Sont-ils moins bons »
         Question difficile à répondre. Complètement partiale, subjective. Parfois, un simple émerveillement peut d’ailleurs changer son optique.
         Il y a parfois des aspirations différentes, des cultures, des religions qui interviennent.
         Pourquoi la musique indienne, arabe ou autres ne traversent pas les frontières que plus rarement ? 
         Pourquoi entend-on parfois une voiture passée avec des jeunes qui écoutent de la musique occidentale et d’autres qui font exploser les haut-parleurs avec de la musique islamique ?
         Les instruments ont une autre intonation. La culture fait le reste.
         Une anecdote ?
         J’avais un copain qui a toujours aimé la musique dont tu fais mention aujourd’hui.
         Un jour, il est arrivé avec la musique de Gustav Malher, les grands orchestres, les leaders...
         N’est-ce pas une conclusion honnête ? smiley


        • Taverne Taverne 17 juillet 2012 15:15

          Il Malher bien ce Gustav. Tiens, voici Jacques Arcadelt pour les vendanges : "Margot Labourez les vignes (live)


        • L'enfoiré L’enfoiré 17 juillet 2012 15:20

          J’espère que tu as senti la teneur du message de mon commentaire.

          On a tous un petit répertoire de musique que l’on voudrait emporter sur une île déserte.
          J’ai une bibliothèque de musiques d’auteurs classiques en tête qui ne correspondra pas à la tienne très probablement.
          Il y a des musiques que l’on écoute avec plaisir (d’autres moins) et puis il y a celles qui font planer.
          Et cela fait la différence. 


        • Taverne Taverne 17 juillet 2012 16:05

          Pour l’île déserte, je me ferais une playliste étendue : du jazz ( « Take the A train », « The night has a thousand eyes », « My favorites things », l’album « So what » de Miles Davis, Billie Holiday et quelques autres. Du baroque (Bach, Haendel...), du classique (Chopin, Schubert, Mozart...), peu de rock.

          Mais comme la toile du web est loin d’être une île déserte, je prends tout ce qui m’intéresse ! Pourquoi se priver de découvertes ?


        • Aita Pea Pea Aita Pea Pea 17 juillet 2012 20:24

          Il n’y a pas d’album « so what » chez Miles mais c’est un des morceaux de« kind of blue »(59) .


        • Gasty Gasty 17 juillet 2012 18:44

          Comment la modération a-t-elle pu laisser passer un tel article faisant l’apologie de la débauche, du vice et de la fornication.

          Et tout cela en bluffant le lecteur par une association malfaisante les chant polyphonique, le Vatican et les paroles sacrées de la messe . C’est un scandale, une honte !...

          Et pourquoi pas y associé aussi le curé de Camaret qui a les couilles pendante et quand il s’assoie dessus, ça lui rentre dans le cul.


          • Aita Pea Pea Aita Pea Pea 17 juillet 2012 19:01

            Gatsy vous etes un cryptomachin ,vous prenez tout par la bande !


          • L'enfoiré L’enfoiré 17 juillet 2012 20:03

            Cher Gatsy,

              « Toute fille de joie en séchant devient prude. », disait Victor Hugo 
             J’ignorais que nous avions une touche dans ce domaine smiley 

          • Gasty Gasty 18 juillet 2012 08:58

            @ l’enfoiré

            Je vais rejoindre la juridiction des conseils des prud’hommes. Ma décision est prise !


          • Taverne Taverne 18 juillet 2012 09:37

            On dirait que les chanteurs du 16ème siècle profitaient du caractère assez inaudible des paroles dans la polyphonie pour glisser dans leur textes leurs penchants pour la luxure. En se disant « le pape n’entendra pas ». Théorie toute personnelle.

            Gasty, votre tenue vestimentaire est inadmissible. Veuillez placer votre casquette à l’endroit !


          • Aita Pea Pea Aita Pea Pea 17 juillet 2012 19:11

            Déjà que le Taverne il nous avait montré le décors et les danses avec Brueghel ,là il nous met le son ! Mesdemoiselles qui cotoyez cet endroit , prenez garde si le patron vous propose de devenir star de cinéma ,vous finirez sur youporn en des ébats moyen-ageux !


            • popov 18 juillet 2012 15:02

              @Taverne

              Merci pour cet article et tous ces liens.
              Je suis tombé dessus vraiment par hasard, j’avais tapé « agoravox islam » pour voir s’il restait un imam ou deux à bouffer ce soir et c’est le commentaire de L’enfoiré avec le mot « musique islamique » qui a établi le contact.
              Je ne connaissais pas du tout cette musique, à part Carmina burana d’Harmonia mundi, mais c’est du 13ème siècle.
              Connaissez-vous un site d’où on peut télécharger cette musique (de préférence gratos) ?


              • Taverne Taverne 18 juillet 2012 15:42

                à Popov :

                On trouve des musiques du Moyen Age et de la Renaissance sur des sites comme music.me ou deezer Mais c’est surtout sur Youtube. Il faut donc enregistrer les musiques des vidéos en utilisant un logiciel de traitement de son comme le logiciel gratuit Audacity. Si vous habitez à proximité d’une médiathèque, c’est plus simple, vous pouvez emprunter des CD.


              • popov 18 juillet 2012 17:53

                Merci Taverne.

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