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Accueil du site > Culture & Loisirs > Culture > Ecritures théâtrales

Ecritures théâtrales

Le festival d’Avignon se termine, ainsi qu’une semaine de dérive. Il sera question ici de textes écrits ou adaptés pour le théâtre. « Ecriture théâtrale » n’est pas entendu ici dans son sens péjoratif bien sûr.

Combinaisons mystérieuses

Nous étions trois dans notre dérive. Nous avions pour faire nos choix une épaisse documentation. Pourtant, notre première claque fut le résultat du claquage d’un tendon d’Achille. Celui d’un acteur que nous devions voir un matin dans Les précieuses ridicules.. Au pied levé, nous nous rabattions sur A toi, pour toujours, ta Marilou, une pièce de Michel Tremblay datant de 1970, mise en scène par Christian Bordeleau, avec Cécile Magnet, Yves Collignon, Sophie Parel, Marie Mainchin.

Puis nous fûmes entraînés vers Qui es-tu Fritz Haber ? Docteur Glas, A la folie Feydeau et Mirbeau 5 ur 5

Nous avions voulu voir Qui es-tu Fritz Haber ? pour revoir ce couple qui nous avait enchantés la veille dans Il faut qu’une porte soit ouverte ou fermée : Isabelle Andréani et Xavier Lemaire.

Elle, elle a mis en scène le Musset en lui adjoignant un prologue et un épilogue savoureux (on dirait un Alfred mâtiné de Guy (Debord) pratiquant le détournement et se flattant d’avoir beaucoup bu). Lui, il a mis en scène cette pièce d’après le livre de Claude Cohen : Le Nuage vert.

« En 1915, au soir de la 1ère utilisation de gaz chlorés, une violente dispute éclate entre Fritz et Clara Haber ; les deux conjoints sont tous les deux juifs, chimistes et allemands.. Cet échange met en lumière leurs multiples désaccord sur la religion, la science, et la vie, jusqu’à la tragédie… Ce dialogue imaginé par l’auteur entre les deux personnages qui ont réellement existé il y a 100 ans, pose en filigrane des questions toujours d’actualité :

Peut-on faire de la science une religion ? La science remet elle en cause l’idée même de dieu ? Qu’est-ce que la vérité scientifique ? Un scientifique peut-il s’affranchir de toute considération morale ? Le progrès scientifique est-il toujours un progrès pour l’humanité ?... »

Claude Cohen

Nous sommes transportés une dizaine d’années plus tôt et un peu plus au nord avec Docteur Glas[i]. BilletRéduc en donne le résumé suivant en titrant : Stockholm, 1905. Jusqu'où un homme ira-t-il par amour ?

« Docteur Glas mène une vie aisée au sein de la bonne bourgeoisie de Stockholm, jusqu'au jour où Helga, la belle jeune femme du vieux Pasteur Gregorius, vient lui confier un secret qui changera à tout jamais leurs deux vies. Et la question se pose au cours d'un été inoubliable : les visites d'Helga, ses souffrances, leurs rêves, leurs joies et leurs angoisses, et enfin, la naissance d'un amour qui obligera le docteur à se confronter à des choix entre la vie et la mort, qu'il le veuille ou non. »

L’auteur du livre qui a inspiré la pièce est Hjalmar Emil Fredrik Söderberg (1869-1941). Puis nous quittons l’aire germanique pour la France sans quitter pour autant une certaine critique de la bourgeoisie avec Octave Mirbeau (1848-1917) et Georges Feydeau (1862-1921).

La jeune troupe qui fait redécouvrir Octave Mirbeau a intitulé son spectacle La maladie du pouvoir et l’a sous-titré  5 sur 5 parce qu’ils ont sorti des cartons cinq petits bijoux : Scrupules, L’interview, Profil d’explorateur, Le portefeuille et L’épidémie. Une mention spéciale dans cette dernière pour l’oraison funèbre en hommage à Joseph, bourgeois méconnu, mort sans avoir connu la joie.

La troupe un peu plus âgée qui présente A la folie Feydeau a repris trois petites pièces. D’une certaine façon, on peut dire que Mirbeau persiste dans son œuvre de pamphlétaire social, alors que Feydeau est plus dans la satire d’une « classe des loisirs » en formation dont Thorstein Veblen fera la théorie en 1899.

Nous avions donc été attirés par des textes écrits il y a une centaine d’années ou mettant en scène cette époque, ce tournant des deux siècles, ce moment où « la belle époque » bascule doucement, puis brutalement, dans la période de la guerre mondialisée que le poète Apollinaire, dans un premier temps, trouvera « jolie ».

Pendant ce voyage dans le temps, nous avions fait une courte irruption dans une autre mondialisation. Deux jeunes femmes ont repris, mis en scène et interprétée une pièce de 2008 écrite par Mike Bartlett sur les malheurs du temps présent  : Contractions. Le texte avait d’abord connu une diffusion radiophonique sous le titre Love contract, Contrat d'amour. Aujourd’hui Elsa Bosc incarne la manager des ressources humaines et Yaël Elhadad, l’employée et ménagère assez peu ménagée.

L’interprétation et la mise en scène sont convaincantes, beaucoup plus que le texte qui sur la fin devient une charge un peu lourde sans devenir une farce. Mike Bartlett n’a ni le talent ni l’audace véritable d’Octave Mirbeau.

Dérivations ludiques

Le sens de la farce en revanche traverse les six spectacles suivants : Les élans ne sont pas toujours des animaux faciles, Arrêter de fumer tue, L’avare (de la Compagnie Alain Bertrand), Übü Kiräli (Attila est là), Un privé à Babylone, (dont il a déjà été question sur AGORAVOX), Casino et ParadOxe d’Olivier Desmaris.

Erreurs de jugement

Je ne nommerai pas les deux pièces que nous avons vues par erreur. Dans l’une, des comédiens méritants tentaient de sauver une texte indigent et une mise en scène médiocre. Dans l’autre, c’est Shakespeare qui était massacré. Les comédiens étaient des amateurs, des jeunes de la diversité, comme dit dans le « politiquement correct ». Mais c’est grâce à un « partenariat public privé » (le département, la région, Auchan !) qu’ils pouvaient se produire à Avignon. La seule chose vraiment drôle dans cette prestation navrante, c’était le personnage du roi. On avait choisi pour le rôle un sosie de François Hollande, pourvu de ses lunettes évidemment, mais qu’on avait équipé en outre d’une barbichette et d’une couronne sur laquelle écrit distinctement : ROI.



[i] Acteurs : John Paval, Sofia Maria Efraimsson Metteur en scène : Hélène Darche

 


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1 réactions à cet article    


  • Nuccia Nuccia 3 août 2013 18:44

     «  A toi pour toujours , ta Marie-Lou » m’a beaucoup marquée . Pièce écrite à 22 ans par Michel Tremblay , avec cette justesse acérée et enthousiaste des débuts . Les comédiens sont lumineux , en particulier Cécile Magnet ( Marie Lou ) , et la mise en scène d’une puissante simplicité . Le spectacle doit être repris à paris à la rentrée et je vais surveiller les affiches ! 

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