• AgoraVox sur Twitter
  • RSS
  • Agoravox TV
  • Agoravox Mobile

Accueil du site > Culture & Loisirs > Culture > Folon, le rêve sensible à l’état pur

Folon, le rêve sensible à l’état pur

« Le 20 octobre 2005, Jean-Michel Folon a rompu les amarres avec cette terre des hommes à laquelle il a tant donné : son regard serein et tendre sur les êtres, le geste pur et clair de sa main pour les animer, les couleurs de sa palette pour les habiller de rêve, sa sympathie pour toutes les grandes causes de ce monde… » (Site officiel de Jean-Michel Folon).

Folon, le rêve sensible à l'état pur

J’adore l’artiste belge Jean-Michel Folon qui est mort à Monaco il y a quinze ans, le 20 octobre 2005, à l’âge de 71 ans (il est né le 1er mars 1934 à Bruxelles). Peintre, dessinateur, sculpteur, Folon a utilisé beaucoup de modes d’expression et chaque fois qu’on observe ses œuvres, le mot qui vient en premier à l’esprit, c’est le rêve, ce rêve qui n’est pas l’ambition d’un monde fantastique, plutôt le rêve de celui qui rêvasse, un peu à l’écart du monde tonitruant, de celui qui se pose, qui se repose, qui contemple, qui médite. Le monde de Marie Madeleine.

Comment ne pas voir l’énorme contraste entre les œuvres de Folon et le monde d’aujourd’hui, fait d’accélération, de superficialité, de multiplicité ? Le monde de Folon est simple, reposant, peut-être même naïf, mais pas dans le sens simplet, dans le sens simplifié, le trait minimum, épuré, juste ce qu’il faut pour esquisser, pour laisser deviner, pour laisser dire, pour laisser penser. Une naïveté d’enfant, celle de la pureté de l’esprit, de la virginité aussi, candide, sans a priori, sans préjugé, à l’état brut.

_yartiFolon03

Pas étonnant d’apprendre que lorsqu’il avait 20 ans, Folon a croisé l’architecte Mies Van der Rohe dont il a dû adopter la devise : « Less is more » ! Cela se sent dans toute son œuvre. Des personnages, des animaux, des êtres stylisés au plus près de l’imaginaire. Après quelques études artistiques, Folon s’est installé à Bougival, près de Paris, où il a dessiné tous les jours pendant cinq ans (de 1955 à 1960). Il a montré ses dessins un peu partout mais la France y a été indifférente, au contraire des États-Unis, toujours très en avance avec les arts nouveaux.

Séduites, des revues new-yorkaises ont décidé de publier ses dessins sans même l’avoir rencontré. Le très connu magazine d’information "Time" en a même fait quatre couvertures dans les années 1960. Sa réputation a ainsi été faite outre-atlantique. À la fin des années 1960, les contrats ont plu. La France a commencé alors à s’y intéresser et les expositions consacrées à son œuvre furent nombreuses, à partir de 1969 (d’abord New York, bien sûr, puis Tokyo et Osaka, Paris, Chicago, etc.). Sa dernière exposition a eu lieu peu avant sa mort, en 2005, une rétrospective présentant plus de trois cents œuvres à Florence, en Italie.

_yartiFolon02

Parmi d’autres, le Président de la République française Jacques Chirac l’a décoré en 2003 de la Légion d’honneur. Heureux honneur. Heureux les simples du trait, ils iront au royaume des rêves !

Au-delà des dessins et affiches, Jean-Michel Folon a collaboré aussi avec la toute nouvelle deuxième chaîne de la télévision française à une époque où il n’y avait pas de programme le matin ni la nuit, il y avait donc arrêt des émissions chaque jour, et reprise le lendemain. Cela consistait en un générique de début et de fin où l’on voyait "Antenne 2", entre 1975 et 1983, se coucher comme un soleil et s’éloigner de la terre, tandis que des humanoïdes voletaient comme des papillons très calmes. Gestes simples, traits simples. Les bonshommes volants de Folon lui ont assuré une grande notoriété parmi les téléspectateurs français.





Et une forte dose d’émotion évidemment, car tout cela était accompagné d’une magnifique musique du compositeur de musiques de film Michel Colombier (1939-2004), un morceau extrait de son album "Wings" (1971) et intitulé "Emmanuel" du nom de son enfant mort à 5 ans, issu de l’Adagio du Concerto pour hautbois en ré mineur d’Alessandro Marcello. Et aussi une bonne dose de nostalgie puisque ceux qui reconnaîtront ce générique …avaient quarante à quarante-cinq ans de moins à l’époque !

D’ailleurs, il est très intéressant à lire les commentaires en dessous de la vidéo proposée ici sur Youtube. On lit des nostalgiques évidemment, mais aussi quelques observateurs qui notent que la télévision d’hier était calme, poétique, capable de faire rêver (ce qui tombait bien à la fin des émissions, en début de nuit), au contraire de la télévision d’aujourd’hui (aujourd’hui et hier, car cela fait une bonne trentaine d’années qu’elle est ainsi), qui est dans la violence, le bruit, etc.

Voici par exemple une réaction récente : « Mon enfance et mon adolescence : quelle poésie ! Inutile de dire qu’une telle finesse artistique pour présenter un média n’est plus d’actualité à notre époque : aujourd’hui, il faut du trash, de la vulgarité bien voyante et des décibels. La TV qu’on donne à voir reflète bien son époque. ». On pourrait faire la même réflexion avec le cinéma, bien sûr, les films des années 1970 et 1980 sont plus "reposants", donnent plus de silence, mais peut-être qu’ils sont désormais trop "ennuyeux" pour le "jeune" des années 2020 ?

Adopté par les artistes, Folon a même été en 1985 au centre d’une chanson d’Yves Duteuil, "Comme dans les dessins de Folon", septième titre extrait de son album "La langue de chez nous".





Voici enfin une autre vidéo très intéressante qui date du 2 septembre 1976 pour "raconter Folon".




Folon, c’est un peu Marie (Marie Madeleine) qui est dans la méditation et la contemplation de Dieu, pendant que sa sœur, Marthe, est dans les tâches ménagères. Magnifiquement illustrée par Rembrandt, cette histoire du Christ visitant les deux sœurs laisse deviner quel est le meilleur choix : « Marthe, Marthe, tu t’inquiètes et tu t’agites pour bien des choses. Une seule est nécessaire. Marie a choisi la meilleure part : elle ne lui sera pas enlevée. » (Saint Luc 10, 38-42). Cette part, c’est la part de Folon !


Aussi sur le blog.

Sylvain Rakotoarison (18 octobre 2020)
http://www.rakotoarison.eu

(Toutes les illustrations sont de Jean-Michel Folon).


Pour aller plus loin :
Site officiel de Jean-Michel Folon.
Jean-Michel Folon.
Alphonse Mucha.
Le peintre Raphaël.
Léonard de Vinci.
Zao Wou-Ki.
Chu Teh-Chun.
Pierre Soulages.
Auguste Renoir.

_yartiFolon04
 


Moyenne des avis sur cet article :  1.57/5   (14 votes)




Réagissez à l'article

3 réactions à cet article    


  • Francis, agnotologue Francis 21 octobre 2020 09:00

    Chouette article.


    • Attila Attila 21 octobre 2020 14:06

      «  qui est mort à Monaco il y a quinze ans, »

      Oulah ! D’habitude, vous êtes plus rapide à réagir.

      Qu’est-ce qui se passe mon petit Rakoto ? Une petite fatigue ?

      .


      • olivier cabanel olivier cabanel 21 octobre 2020 19:37

        @ l’auteur

        merci d’avoir rappelé cette triste disparition.

        j’avais le plus grand respect pour cette immense artiste.

Ajouter une réaction

Pour réagir, identifiez-vous avec votre login / mot de passe, en haut à droite de cette page

Si vous n'avez pas de login / mot de passe, vous devez vous inscrire ici.


FAIRE UN DON



Publicité



Les thématiques de l'article


Palmarès



Publicité