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Accueil du site > Culture & Loisirs > Culture > Formidable NCCP : tout le soleil du sud de l’Italie !

Formidable NCCP : tout le soleil du sud de l’Italie !

En cette période d’élection présidentielle marquée par des affrontements passionnés et propice à des tensions jusqu’au sein des familles ou des cercles d’amis, quoi de mieux qu’une évasion temporaire en musique vers Naples et les contrées ensoleillées du sud de l’Italie ? Rien de tel pour cela que de se laisser emporter par les voix et les instruments de la Nuova Compagnia di Canto Popolare...

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Nuova Compagnia di Canto Popolare (Photo CheDonna)

Pas si neuve que cela, cette « compagnie de chant populaire » aux accents napolitains : c’est en effet en 1966 – il y a plus d’un demi-siècle ! – que la Nuova Compagnia di Canto Popolare a été fondée par le compositeur et musicologue Roberto de Simone en s’inscrivant dans le cadre du « folk revival » qui avait gagné peu à peu tous les pays du vieux continent.

L’objectif de la NCCP était double dans un pays où la culture populaire avait toujours été marginalisée, notamment dans les provinces du sud : d’une part, rendre hommage à la musique traditionnelle de Naples et de la Campanie en s’appuyant sur des travaux d’ethnomusicologie et de philologie ; d’autre part, faire vivre et faire connaître le plus largement possible cette culture populaire en l’enrichissant de nouvelles sonorités et d’œuvres originales. Un objectif largement atteint tant dans les concerts que dans une impressionnante discographie initiée dès 1971.

Mis à part dans les derniers albums plus axés sur la création, la plupart des œuvres qui figurent au répertoire de NCCP appartiennent à la tradition du sud de l’Italie et font appel à des instruments tombés en désuétude comme la tammora (sorte de tambourin à cymbales) et le mandoloncelle. Certaines chansons et musiques, très ancrées dans le patrimoine local, remontent au 17e, au 16e, voire au 15e siècle. Sans trahir l’esprit d’origine de ces œuvres, les musiciens de NCCP ont su leur donner, tant sur le plan instrumental que dans l’usage des voix, une coloration à nulle autre pareille qui est un régal pour les oreilles des amateurs et qui a, sans nul doute, contribué au succès de cette formation tant en Italie qu’à l’étranger.

Malgré une temporaire désaffection du public pour la musique traditionnelle dans les années 80, NCCP a su rebondir et reconquérir les amateurs comme l’ont montré les récompenses reçues dans plusieurs festivals ainsi que les accueils chaleureux qui ont été réservés aux musiciens du groupe lors de leurs différentes tournées. En 2016, la Nuova Compagnia di Canto Popolare a dignement fêté ses cinquante ans d’existence. Cinq décennies de musique napolitaine résumées dans un double CD sorti en octobre et intitulé 50 anni in buona compagnia (édité par FoxBand).

Fausta Vetere s’est jointe très vite au groupe d’origine auquel elle a apporté son très grand talent de chanteuse, d’instrumentiste et d’adaptatrice. Elle est aujourd’hui la coresponsable de la NCCP avec Corrado Sfogli, arrivé en 1976. En introduction du double CD Antologia édité en 1998, elle décrivait ainsi l’univers des chansons de la NCCP : « Images de madones, de manteaux d’or, de tambours et de cistres, de paroles murmurées sous la lune et les étoiles ; (ou bien encore) de chants de désespoir sous un soleil ardent ; (images) d’un monde fait des parfums de jardins enchantés dans les mille et une nuits de la musique populaire napolitaine. »

Un regard poétique en réalité très incomplet car le répertoire de la Nuova Compagnia di Canto Popolare n’est pas limité uniquement à ces visions romantiques d’un monde rêvé dans les chansons anciennes. Au-delà des histoires d’amour et de la description d’une société fantasmée, elles décrivent également, parfois avec réalisme et crudité, la condition humaine, les métiers du petit peuple, les joies et les déchirements du mariage, les rapports à la foi, les luttes contre les abus des puissants, sans oublier de dénoncer les guerres et les tragédies qu’elles engendrent. 

Toutes ces chansons, écrites en napolitain, et pour certaines sauvées de l’oubli, sont merveilleusement interprétées par des instrumentistes virtuoses et des chanteurs dont les voix chaudes et tellement expressives nous transportent immédiatement dans le dédale des villes ou la torpeur des villages de cette Campanie si attachante et si riche de superbes mélodies. Un répertoire composé de romances, de complaintes, de villanelles, mais aussi de tarentelles entraînantes, voire endiablées, qui prennent souvent la forme irrésistible d’une tammuriata, d’une napoletana ou d’une montemaranese.

Cap au sud, en chansons...

Pour le plaisir de l’écoute, quelques titres de NCCP :

Alla montemaranese

Palummella

Li Sarracini adorano lu sole

Oi nenna nenna

Li ffigliole

Rancio e mosca

Italiella

Lo guarracino

Sia maledetta l’acqua

Ricciulina

La santa allegreza

Cicerenella

Autres liens musicaux en relation avec la musique étrangère : 

« Sixteen tons » : 70 ans déjà ! (août 2016)

Ils ont changé sa chanson (mai 2016)

Mary Bolduc, ou la vie quotidienne « turlutée » (février 2016)

Il y a 40 ans : « A vava inouva » (janvier 2016)

Loreena McKennitt la flamboyante (avril 2014)

Rock-pop-folk : florilège de titres atypiques (juillet 2013)

Musique ; balade africaine (janvier 2012)

Amazing Grace : plus qu’un chant ou une mélodie, un hymne ! (septembre 2011)

Musique klezmer : de Pitchi Poï à New York (avril 2011)

« Waltzing Matilda » ou l’enfer des Dardanelles (novembre 2009)

 

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Paysage de Campanie (Photo Miriadna)

Moyenne des avis sur cet article :  2.92/5   (12 votes)




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17 réactions à cet article    


  • Abou Antoun Abou Antoun 2 mai 2017 11:18

    Toutes ces chansons, écrites en napolitain,
    C’est aussi le cas d’une chanson populaire connue dans le monde entier : ’O sole mio’
    Les paroles originales sont en napolitain, qui est comme on peut le voir ici assez différent de l’italien standard, suffisamment pour qu’un français ne comprenne pas.
    Les patois italiens sont nombreux et variés, certains sont plus près du corse que de l’italien standard. On peut naturellement considérer le corse comme un dialecte italien, mais il ne faut surtout pas le dire à un Corse...


    • Fergus Fergus 2 mai 2017 12:01

      Bonjour, Abou Antoun

      Merci pour ces intéressantes précisions et pour les liens.

      Oui, le napolitain est assez différent de l’italien unifié comme le montre par exemple le titre de la chanson « Li ffigliole » qui signifie tout simplement « Les filles », ce qui en italien se serait traduit par « Le ragazze ».

      Pour ce qui est du débat entre « langue » et « parois », il n’est pas près d’être clos. Personnellement, j’ai toujours considéré par exemple « l’auvergnat » comme un patois de l’occitan. Mais on considère le « picard » comme une langue et non comme un patois de langue d’oïl... Pas évident de se prononcer sans qu’intervienne ici et là des réflexes plus ou moins chauvins... smiley 

      En revanche, pas de doute, le catalan est une langue. Beaucoup plus que l’alsacien, très proche du souabe. Bref, on n’en sort pas...


    • Fergus Fergus 2 mai 2017 13:19

      Bonjour, Robert Lavigue

      Je n’en attendais pas moins de vous. Il va de soi que si j’avais écrit strictement le contraire, votre commentaire eût été de la même veine. smiley


    • Abou Antoun Abou Antoun 2 mai 2017 16:31

      @Robert Lavigue
      Je ne suis pas spécialiste mais je me permets quand même d’émettre une opinion. Le français, l’espagnol, etc... ne sont à l’origine que des dialectes latins, du mauvais latin colonial, bref ce sont des créoles de latin. De ce point de vue, toutes les langues, toutes, sont des dialectes, au moins à l’origine. A partir de quand un dialecte accède-t-il au statut de langue ? Je crois que le meilleur critère est l’existence d’une littérature abondante. Au nom de quoi je prétends que l’ukrainien est bien un dialecte russe dans la mesure où les auteurs ukrainiens les plus célèbres se sont exprimés en russe.
      En somme les langues sont des dialectes qui ont réussi tout comme les religions sont des sectes qui ont réussi et le hasard joue une rôle non négligeable là-dedans.
      Pour les langues régionales françaises cela me fait doucement marrer quand je vais voir une pièce de théâtre patoisant, du boulonnais, branche du Ch’ti, branche du picard.
      La littérature picarde, c’est quoi ? Les compagnies itinérantes sont obligées de créer des textes qui ressemblent tout à fait à des échanges entre Guignol et Gnafron.
      Pour le provençal il ne sont même pas foutus de se mettre d’accord sur l’orthographe des mots courants...
      Je suis pour le maintien des langues régionales, en famille, au bistrot, voire au bureau pour détendre l’atmosphère. Pour le reste le français est menacé, il faut avoir le sens des urgences, il y a le feu à la maison ; il ne peut être sauvé que par l’Afrique.


    • Fergus Fergus 2 mai 2017 18:03

      @ Robert Lavigue

      Je suis bien d’accord que l’alsacien et le souabe - de même que le bavarois ou le schwizerdütsch« sont des dialectes germaniques qui ont une origine commune. Qui a dit le contraire ?

      Cela précisé, Abou Antoun a raison de demander à quel moment et sur quels critères un dialecte peut accéder au statut de langue. Cela dit, je ne suis évidemment pas hostile à l’appellation »langue régionale« pour l’alsacien, langue pour laquelle j’ai un certain penchant culturel, raison pour laquelle je prends plaisir à écouter »Die fahrt ins heu« ou »Kumma geh spela". smiley

      Pour le reste, vos persiflages me laissent indifférent.


    • Fergus Fergus 2 mai 2017 20:18

      Bonsoir, Abou Antoun

      « Je suis pour le maintien des langues régionales, en famille, au bistrot, voire au bureau pour détendre l’atmosphère. Pour le reste le français est menacé »

      Eh bien moi, je suis un fervent partisan des langues régionales auxquelles il me semble nécessaire de faire toute leur place afin de sauvegarder ces cultures régionales qui ont contribué à faire de notre pays ce qu’il est.

      Sauvegarder ces langues sans pour autant qu’elles puissent mettre en danger le français. Mais rien ne permet de penser que cela puisse être le cas.

      Cette discussion me remet en mémoire cette période où, déjà presque quarantenaire, j’allais suivre au lycée Buffon à Paris des cours de breton donnés par un militant de Sturm ar Brezhoneg, ce collectif qui barbouillait les panneaux routiers pour exiger le bilinguisme dans la signalétique. Moi qui suis auvergnat, j’avais même donné un coup de main à la tenue du stand breton à Expolangues (porte de Versailles). Souvenirs... smiley


    • baldis30 2 mai 2017 12:03

      désaccord total :

      Avant d’écrire une telle phrase vous devriez réfléchir

      « L’objectif de la NCCP était double dans un pays où la culture populaire avait toujours été marginalisée, notamment dans les provinces du sud : »

       Vous ne connaissez pas l’Italie qu’elle soit du Nord ou du Sud, ni l’article IX de sa Constitution sur le patrimoine et la culture, ni sur la disposition financière qui en résulte ...


      • Fergus Fergus 2 mai 2017 13:15

        Bonjour, baldis30

        Je maintiens d’autant plus ce que j’ai écrit que ce sont le musicologue Roberto de Simone et Fausta Vetere qui ont eux mêmes souligné cette réalité. Et cela en différentes occasions.

        N’oublions pas qu’en Italie, c’est surtout l’opéra qui, en matière de musique, a conquis au 19e siècle, non seulement les classes aisées, mais aussi - fait unique en Europe - les classes populaires à un point inimaginable en France*. Et cela au détriment d’une culture populaire assez largement considérée avec condescendance jusqu’à ces années du « revival » italien qui s’est traduit par un intérêt nouveau dans toute l’Italie pour ce patrimoine populaire. Et comme dans bien d’autres domaines, le sud a longtemps été la parent pauvre.

        * L’opéra, mais pas seulement. A cet égard, je vous invite à lire mon article intitulé Padre Davide : rock star du 19e siècle.




        • Fergus Fergus 2 mai 2017 13:17

          Bonjour, Gilbert Spagnolo dit [email protected]

          Un grand merci pour ces liens !


        • Gavroche 2 mai 2017 13:26

          Bonjour 


          Je reviendrai sur le sujet.

          Ce qui me frappe c’est que même dans ce type de sujet, ça vocifère. C’est si difficile de faire valoir tranquillement ses arguments ?.

          Curieux de voir que les vociférateurs compulsif appartiennent toujours à une seule catégorie, quel que soit le sujet de la discussion.
          Heureusement qu’on n’en compte que peu d’exemplaires dans la société.

          • Fergus Fergus 2 mai 2017 18:05

            Bonjour, Gavroche

            « les vociférateurs compulsifs »

            Bien vu ! smiley

            « Heureusement qu’on n’en compte que peu d’exemplaires dans la société. »

            Le fait est que les rapports y sont, fort heureusement, plus policés que sur les forums d’internet.


          • Fergus Fergus 2 mai 2017 20:06

            Bonsoir, Shawford

            « c’est dur de vous faire partir en vrille »

            J’espère qu’il ne faut pas y voir un reproche. smiley


          • rogal 2 mai 2017 21:47

            Naples, une Italie issue de la Grande Grèce. Pour y goûter dans un fauteuil, lire Jean-Noël Schiffano. Cette musique en rapproche encore plus. Ne reste plus qu’à y retourner..


            • Fergus Fergus 2 mai 2017 22:34

              Bonsoir, rogal

              Une terre chaleureuse à tous points de vue. Merci pour ce conseil de lecture.


            • troletbuse troletbuse 2 mai 2017 22:31

              La chanson française est quand même mieux, surtout celle_là
              https://www.youtube.com/watch?v=NthSpcsXaaE

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