Galilée, le mécano
Monologue dramatique écrit par Marco Paolini, Francesco Niccolini et Michela Signori, interprété par Jean Alibert dans une mise en scène de Gloria Paris. Au théâtre de la Reine Blanche jusqu’au 28 octobre
Jean Alibert accueille les spectateurs à l’entrée, sans dévoiler les raisons de sa présence (on ne sait pas que c’est lui le comédien). Puis il commence dans la salle, doucement, au pied de la scène, il appelle un spectateur près de lui. Le spectacle débute ainsi, comme en catimini, il se détache peu à peu de la salle, de l’installation des spectateurs, de la situation de spectacle. Pour un peu, on ne le verrait pas venir.
Jean Alibert nous présente l'astronome-astrologue qui a un prénom comme son nom comme une personne géniale et ordinaire. Pas trop de didactique. Pas de chronologie. Pas de récit de vie à proprement parler.
Le texte, écrit par plusieurs auteurs italiens (Francesco Niccolini, Marco Paolini et Michela Signori), est dense et sans concession. Aristote, Platon, Ptolémée et Copernic y ont leur place de choix, ainsi que Giodano Bruno… Rajoutons les villes importantes à l'époque : Venise, Florence, Padoue… et on a le contexte de ces observations astronomiques… C’est une forme prisée en Italie, appelée théâtre de narration, liée à Dario Fo…
On ne commence pas tout à fait dans l’ordre de la vie. Platon voyait des triangles partout et Aristote des cercles. De ces deux figures géométriques, quel est le meilleur modèle ? Maintenant, nous les savons tous, le cercle, au moins quand on parle d’astres célestes. Le spectateur invité doit donner son avis. Puis, le comédien monte sur scène plantée d’un cercle métaphorique de lampes posées sur des tiges avec des lueurs variables, dues au scénographe Laurent P. Berger. Outre que c’est beau, cela semble figurer les planètes. Alors, le soleil, c’est lui, Galilée ? Sans doute pas, puisque précisément, Galilée a délogé l’homme du centre du monde, ce qui ne nous empêche pas de continuer à parler d’environnement, par exemple. Il a rompu avec l’ancien modèle géocentrique de Ptolémée et d’Aristote, reprenant à son compte la révolution copernicienne héliocentrique.
Galilée s’est voulu un observateur. C’est le fondement de la méthode scientifique, qu’il théorisa à la fin de sa vie. Il améliora la lunette astronomique.
Jean Alibert nous livre une sorte d’abrégé des connaissances que Galilée a données à l’humanité, le reliant à sa vie, à sa personnalité. Un portrait, sa vie, son œuvre, et même son sale caractère, portrait impressionniste, dans un certain désordre…
Il fit le gros dos devant l’Eglise qui ne voulait pas accepter des considérations contraires aux écrits bibliques. On ne sait pas grand-chose de cette palinodie, qu’il aurait démentie, immédiatement après, sur le perron du Vatican… Quand on dit la vérité, on finit toujours par avoir raison.
Le théâtre de la Reine blanche a pour ligne directrice les relations entre les sciences et la création théâtrale, et Galilée, le mécano y est particulièrement bienvenu.
C’est un spectacle simple et pur, juste, efficace, on pourrait dire. La mise en scène de Gloria Paris est précise et variée à chaque instant, dans un style proche du stand-up et nourrit le jeu excellent, puissant et subtil de Jean Alibert.
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