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Accueil du site > Culture & Loisirs > Culture > Il y a 120 ans naissait l’« Abri du marin »

Il y a 120 ans naissait l’« Abri du marin »

C’est en effet dans le port du Guilvinec qu’a été inauguré en février 1900 le premier « Abri du marin ». 14 autres ont suivi, tous recouverts d’un crépi rose. Relativement familiers aux Bretons, et notamment aux Finistériens, ces lieux de rencontre ont naguère joué un important rôle social dans la vie des marins-pêcheurs. Zoom sur cette institution méconnue...

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Au tournant du 20e siècle, l’alcoolisme est un véritable fléau dans les ports bretons : près de 20 litres d’alcool pur sont consommés chaque année par les marins-pêcheurs d’Audierne. Et si la situation n’est pas aussi alarmante dans les autres ports du Finistère, elle n’en constitue pas moins un problème majeur. Cette surconsommation d’alcool, notamment lors des retours de pêche, vient s’ajouter aux conditions de logement le plus souvent précaires. En 1894 a bien été créé, à l’initiative du lieutenant de vaisseau Bernard Bailly – soutenu par ses deux frères assomptionnistes Emmanuel et Vincent de Paul – la Société des Œuvres de mer dont l’objet était de « fournir une assistance matérielle et morale aux marins français et à leurs familles ». Mais cette institution était centrée sur les rudes conditions de vie en Islande et à Terre-Neuve des marins de la Grande pêche à la morue, éloignés de chez eux durant six mois de campagne et confrontés à des conditions alimentaires et sanitaires déplorables ; le plus souvent avec, pour seul réconfort, les « boujarons de tafia » distribués par leurs capitaines*.

C’est à Jacques de Thézac que l’on doit la création des abris du marin. Né en 1862 dans une famille aisée de la région d’Orléans, cet homme de santé fragile se consacre dès son adolescence en Saintonge au yachting et à la photographie. En 1888, son mariage avec la bretonne Anna de Lonlay – elle est originaire de Lanriec, près de Concarneau – change le cours de la vie de ce rentier. Installé avec son épouse dans le petit port finistérien de Sainte-Marine**, Jacques de Thézac découvre les rudes conditions de vie des marins-pêcheurs de Cornouaille et de leurs familles. Impressionné par les carences d’hygiène, la malnutrition, le tabagisme et l’alcoolisme qui prédominent dans les foyers de ces marins, ce catholique convaincu fait sien le constat émis par le pape Léon XIII dans l’encyclique Rerum Novarum de 1891 où est dénoncée la « misère imméritée » qui, trop souvent, affecte les classes laborieuses populaires. Le cours de l’existence de Jacques de Thézac s’en trouve bouleversé, au point qu’il donne à celle-ci le sens d’un « apostolat laïc » au service des hommes de mer, désormais au centre de ses travaux d’ethnologie, de photographie, et surtout de ses initiatives philanthropiques.

En 1899, Jacques de Thézac crée l’Œuvre du marin breton et son emblématique publication : l’Almanach du marin breton ; plus de 120 après, celui-ci continue d’être un outil indispensable aux gens de mer, professionnels et amateurs, qui naviguent le long des côtes de notre pays. Vendu à l’origine à un prix très modique pour être accessible au plus grand nombre de lecteurs, l’Almanach du marin breton comportait plusieurs types de rubriques, les unes à caractère professionnel sur la connaissance des marées et l’aide à la navigation, les autres à caractère ludique et récréatif ; il comportait également de nombreux conseils sur l’hygiène de vie et la prévention de l’alcoolisme. Outre les dessins humoristiques ou édifiants, l’almanach était illustré par des photographies – signées Jacques de Thézac – de bassins portuaires, de bateaux de pêche, et surtout de scènes de vie des marins à bord ou à terre. Autant de documents qui, de nos jours, sont à juste titre considérés comme de précieux témoignages ethnographiques sur les conditions de vie des marins-pêcheurs de l’époque.

Jacques de Thézac ne veut toutefois pas en rester là. Il entend agir de manière concrète et décide de s’inspirer des sailor's homes britanniques dont certains ont déjà plusieurs dizaines d’années d’existence. Après une tentative concluante sur l’Île de Sein en 1899, il fait construire, au Guilvinec, le premier Abri du marin sur des plans dessinés par un jeune architecte, René Darde. Inauguré en février 1900, cet Abri du marin, comme ceux qui vont suivre ailleurs sur le littoral, répond à l’objet de l’association créée cette année-là par le philanthrope : « améliorer l’état moral et matériel des marins-pêcheurs ». La plus urgente nécessité consiste à en finir, pour les marins sans abri, avec les nuits passées à même le sol dans les cabarets, et plus encore avec le « cabanage », cette pratique, particulièrement insalubre, consistant à dormir sous des bâches sur les ponts des bateaux ! La gestion de chaque Abri du marin est confiée à un Comité local de pêcheurs, et le gardiennage des locaux à un ancien du métier, en charge d’éviter les querelles et de faire respecter les termes du règlement intérieur de chaque établissement ; en charge également de soigner les petites blessures grâce à une petite dotation de matériel sanitaire.

Devenus de fait des cabarets alternatifs où il fait bon se rencontrer et échanger dans un lieu chauffé et sain, les Abris du marin ne servent évidemment pas d’alcool à ceux qui les fréquentent, mais des bolées d’« eau de vie » – comprendre d’eau minérale – ou d’infusions chaudes et sucrées. Et il va de soi que les jeux d’argent sont totalement prohibés ; ils sont remplacés, dans la grande salle commune qui voisine au rez-de-chaussée avec le logement du gardien, par des parties de dominos, de dames et de différents jeux de cartes. Le tout dans une ambiance musicale de chansons populaires diffusées par un phonographe. Sur les murs sont placardés des affiches, des panneaux didactiques sur les métiers de la mer et les principes hygiénistes, ainsi que des photos de marine et des maximes édifiantes. De temps à autre, un conférencier vient informer les marins des dernières innovations maritimes et des bonnes pratiques sanitaires***. Ici ou là sont également donnés des cours d’hygiène et de « matelotage  ». À l’étage, attenante à un dortoir équipé de couchettes, s’ouvre une salle de lecture où les marins peuvent disposer de livres de différentes natures (principalement des récits de voyages et des ouvrages distrayants) et de cartes maritimes ; cette salle est également munie d’un bureau utilisé pour permettre aux marins de passage de rédiger, avec ou sans aide, du courrier destiné à leurs familles. À l’extérieur, un préau permet aux marins de jouer aux boules ou au palet. Ce préau est parfois équipé d’haltères et d’agrès de gymnastique mis à disposition des marins pour entretenir leur condition physique.

12 abris – dont 4 classés depuis 2007 – ont été construits en Bretagne entre 1900 et 1912 du vivant de Jacques de Thézac. 3 autres ont été édifiés après sa mort, en 1939, 1950 et 1952. Le dernier à Saint-Guénolé, à un moment où l’évolution des métiers de la pêche, l’émergence de lois sociales et l’amélioration concomitante des conditions de vie des marins commençaient déjà à rendre plus ou moins caduque la raison d’être des Abris du marin. Tous ces abris ont été désaffectés en tant que tels, les 3 derniers en 1985. Mais plusieurs d’entre eux ont continué d’exister sous des formes diverses, ici en gardant un rôle dans la vie maritime, là en étant transformés en musées (Sainte-Marine et Sein), en médiathèque municipale (Le Guilvinec), et même en auberge de jeunesse (Concarneau) ou en agence bancaire (Saint-Guénolé).

Bien connus des plaisanciers et des amoureux de la Bretagne, les Abris du marin restent des témoins de l’histoire maritime de la région et de la vie sociale de tous ces marins-pêcheurs qui les ont fréquentés. Longtemps après la mort du fondateur Jacques de Thézac, l’association Les Abris du marin continue de « venir en aide, "dans l'esprit le plus désintéressé"aux marins de la Marine Marchande (pêche et commerce) et à leurs familles ». Quant à l’Almanach du marin breton, il reste un compagnon indispensable de tous ceux qui naviguent le long des côtes de France.  

Outre son rôle à terre, la Société des Œuvres de mer armera de 1898 à 1939 sept navires-hôpitaux pour assister les marins gravement malades sur les bancs.

** Sainte-Marine est située près de l’embouchure de l’Odet. Sur la rive opposée, un autre port : Benodet.

*** Les femmes étaient admises lorsque le sujet traité portait sur l’éducation ou l’hygiène.

À voir : « Les abris du marin », documentaire (26’) de Violaine Dejoie-Robin diffusé sur FR3 en Juillet 1999, primé au Festival du Patrimoine de Toulon cette année-là.

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37 réactions à cet article    


  • caillou14 rita 29 juin 2020 09:19

    Vive la mari,e qui vide et pille les océans..zavez vu le prix du poisson ?

    Heureusement « Findus » les pêchent déjà dans les emballages tout préparés !

     smiley


    • gruni gruni 29 juin 2020 10:22

      Bonjour Fergus

      Comme quoi, la religion peut parfois inspirer des oeuvres utiles et charitables. L’idée d’écrire sur sa région, même d’adoption, est intéressante, comme l’article.


      • Fergus Fergus 29 juin 2020 11:17

        Bonjour, gruni

        Merci pour ton commentaire.
        Le fait est que la religion peut avoir des côtés positifs.
        A noter qu’il y a eu dans les abris du marin quelques interventions de nature religieuse, mais très rares comparées à celles qui portaient sur les métiers de la mer et sur les questions sanitaires.


      • Et hop ! Et hop ! 29 juin 2020 16:03

        @Fergus

        C’est une bonne idée d’avoir traité dans le même article de L’Oeuvre de mer (en 1894) et de L’Abris du marin (en 1899), dont la fondation est due à l’initiative de personnes complètement indépendantes.

        Elles sont effectivement inspirées par le mouvement du catholicisme social (Ozanam, Albert de Mun) qui était contrerévolutionnaire, qui s’est formé pendant tout le XIXe siècle en réaction à la condition épouvantable des travailleurs sous le régime capitaliste manufacturier anglais mis en place après la Révolution, et il a abouti à l’encyclique Rerum Novarum (1891).

        Jacques Compagnon de Thézac était issu d’un milieu bourgeois aisé, mais il n’a pas disposé d’une fortune familiale pour réaliser son oeuvre, son père était directeur des contributions à Albi, pas un riche industriel, banquier ou négociant. Le financement se faisait par des ventes de charité, les terrains étaient si fournis si possible gratuitement par la municipalité, une association locale indépendante été créée par la paroisse avec un comité de vingt pêcheurs élus.

        Le fondateur des ’’Oeuvres de mer’’ Bernard Bailly et ses deux frères Emmanuel et Vincent-de-Paul Bailly qui ont fondé le journal La Croix, avaient encore moins de fortune familiale, leur père était maître de pension pour collégiens, puis il avait racheté une imprimerie place de la Sorbonne à Paris, et il avait contribué à créer les Conférences Saint-Vincent de Paul avec Frédéric Ozanam (1813-1853), fondateur aussi des « soeurs de Saint-Vincent de Paul » qui étaient un réseau national d’infirmières et d’assistantes sociales gratuites dans les milieux ouvriers.

        A cette époque, il y a au pouvoir les répubicains radicaux-socialistes qui sont très hostiles à tout ce qui est catholique, et qui ont une politique anticléricale. 


      • Fergus Fergus 29 juin 2020 16:25

        Bonjour, Et hop !

        Merci pour ces intéressantes précisions.

        « A cette époque, il y a au pouvoir les répubicains radicaux-socialistes qui sont très hostiles à tout ce qui est catholique, et qui ont une politique anticléricale »

        En effet. Avec, à la clé, des affrontements répétés et parfois virulents, symbolisés du côté des rad-socs par l’ancien séminariste devenu bouffeur de curés Emile Combes. Tout cela culminera avec les luttes autour du projet de loi sur la séparation des Eglises et de l’Etat. 


      • vesjem vesjem 29 juin 2020 22:33

        @Fergus

        Une hypothèse, qui semble sérieuse, serait la perte d’identité et la référence à la langue ;
        En effet, à partir du début du 20ème siècle, la répression anti-langue bretonne s’est intensifiée, notamment dans les écoles publiques, au point de provoquer la honte de soi par analogie à la honte qu’on faisait subir aux enfants de ces écoles ;
        il faut savoir que la quasi totalité des bretons parlait breton, et que le français n’était que peu compris par les bretons des campagnes, à cette époque.

        On a évoqué également l’hypothèse du matriarcat,qui, semble-t-il, induisait une déresponsabilisation de l’homme dans l’organisation sociale de la famille (les marins surtout : pêche, commerce, d’état).
        On a dit aussi que le niveau radioactif des terres bretonnes pouvait en être la cause.

        Le temps breton, très changeant, a également fait partie des causes possibles d’un comportement morose du breton ;

        Quoi qu’il en soit, le rétablissement du « droit à bouillir » libre et non taxé (# 1906) a provoqué des ravages dans des familles bretonnes, à cause de la surproduction et de la consommation du « lambig ».


      • Fergus Fergus 30 juin 2020 09:11

        Bonjour, vesjem

        Beaucoup de vrai dans vos observations.

        A noter, concernant la consommation d’alcool, qu’il convient de relativiser : au début du 20e siècle, cette consommation touchait beaucoup plus les zones côtières  et donc les marins-pêcheurs — que les contrées de l’intérieur, malgré la distillation domestique.

        « Le temps breton, très changeant, a également fait partie des causes possibles d’un comportement morose du breton »

        Je ne sais pas si les Bretons étaient autrefois plus « moroses », mais si cela a été le cas, ce n’est plus vrai depuis belle lurette. Mon épouse et moi nous sommes d’ailleurs installés en Bretagne il y a 23 ans en grande partie parce que nous avons été séduits par le caractère ouvert, tolérant et convivial des Bretons. smiley


      • vesjem vesjem 30 juin 2020 11:25

        @Fergus
        « que nous avons été séduits par le caractère ouvert, tolérant et convivial des Bretons. »(que je suis...)
        Oui dans les campagnes, le travail des champs nécessitait une boisson plus rafraîchissante et hygiénique
        Je ne sais pas si les Bretons étaient autrefois plus « moroses »

        C’est vrai que l’alcoolisme a régressé en Bretagne, mais le taux de suicides reste le plus élevé de France, ainsi d’ailleurs que le taux de dépressions (ainsi que la quantité de médocs)
        https://www.lemonde.fr/les-decodeurs/article/2016/02/09/quelle-region-et-quel-departement-sont-les-plus-touches-par-le-suicide_4861805_4355770.html


      • Fergus Fergus 30 juin 2020 11:59

        @ vesjem

        Les taux de suicide sont également très élevés en Suède où, pourtant, l’on s’accorde à dire que la qualité de vie est l’une des meilleures d’Europe. Difficile d’expliquer ces phénomènes.


      • Legestr glaz Legestr glaz 30 juin 2020 12:15

        @Fergus
        Le manque de soleil induit un manque de production de vitamine D. La carence en vitamine D est célèbre pour provoquer la dépression (elle est dans certaine région franchement saisonnière).

        https://www.etat-depressif.com/depression-et-carence-en-vitamine-d/


      • Fergus Fergus 30 juin 2020 13:07

        Bonjour, Legestr glaz

        C’est vrai.

        A noter qu’en Bretagne, il y a de très grandes disparités : il pleut presque deux fois plus à l’ouest du Finistère que dans le bassin rennais où, logiquement, l’ensoleillement est nettement plus important.

        A titre personnel, j’ai bien aimé le climat de la région de Morlaix, et j’apprécie désormais tout autant celui de Dinan et de ses environs : globalement ni trop humide, ni trop sec, ni trop chaud, ni trop froid. L’idéal pour moi ! smiley


      • Legestr glaz Legestr glaz 30 juin 2020 13:36

        @Fergus

        Malheureusement, malgré le soleil davantage présent dans certaine région de Bretagne, l’ensoleillement n’y est jamais suffisant pour synthétiser, en hiver, la vitamine D. Il faut donc se complémenter et, pour cela, l’huile de foie de morue est excellente (pas gustativement). Méfiance, il ne faut pas dépasser une certaine dose, la sur-vitaminose de vitamine D peut survenir et provoquer des calculs rénaux. 

        « En dessus de la latitude 33° (c’est-à-dire au nord d’une ligne passant par le nord du Maroc, le nord de l’Algérie, l’Iran, l’Irak, le Japon et Los Angeles),9 on considère qu’il n’est pas possible de synthétiser de la vitamine D par une exposition au soleil durant certains mois d’hiver.10 A noter que ces données ne tiennent pas compte de la pratique des sports d’hiver ou de la vie en altitude. »
        https://www.revmed.ch/RMS/2011/RMS-319/Vitamine-D-actualite-et-recommandations

        Par ailleurs, merci par votre article, de remémorer ces abris du marin. Toute une époque totalement disparue. J’ai eu l’occasion, enfant et adolescent, de pouvoir en fréquenter un dans un port bigouden. Nous y venions, entre copains, pour y jouer au « ping-pong » et, vers la fin, au « flipper ». 


      • pemile pemile 30 juin 2020 13:52

        @Legestr glaz "Malheureusement, malgré le soleil davantage présent dans certaine région de Bretagne, l’ensoleillement n’y est jamais suffisant pour synthétiser, en hiver, la vitamine D. Il faut donc se complémenter et, pour cela, l’huile de foie de morue est excellente (pas gustativement)"

        Euh, produits laitiers et poissons gras, c’est local et gustativement meilleur et suffisant !


      • Fergus Fergus 30 juin 2020 13:59

        Bonjour, pemile

        Ce n’est pas faux !

        Qui plus est, le soleil est loin d’être absent, même en plein hiver. Au point que mon épouse et moi, qui sommes dehors tous les jours (au minimum deux heures), présentons dès le mois d’avril un bronzage qui fait croire à nos relations que nous revenons de vacances. smiley 


      • Legestr glaz Legestr glaz 30 juin 2020 14:26

        @pemile

        Produits laitiers = caséine = casomorphine = protéines laitières = facteurs de croissance.

        Poissons gras oui. A condition d’en trouver en hiver. Pas certain que la consommation de poissons gras soit suffisante. Enfant, habitant pourtant en bord de mer, dans un port de pêche, j’avais ma ration d’huile de foie de morue.

        Extrait :

        Le déficit en vitamine D est un problème fréquent et sous-diagnostiqué. On estime ainsi qu’au niveau mondial un milliard de personnes seraient concernées.

        Chez les personnes âgées en bonne santé, la prévalence de la carence en vitamine D est de 50%, et elle passe à 80% chez les personnes très âgées ayant des antécédents de fracture de la hanche.

        Le déficit en vitamine D, important dans les pays bénéficiant d’un fort ensoleillement, est expliqué par les habitudes vestimentaires traditionnelles ou religieuses (vêtements couvrants). Ainsi la prévalence de la carence en vitamine D en Afrique ou au Moyen-Orient concernerait jusqu’à 80% de la population.

        La vitamine D est une vitamine liposoluble, qui provient à 80–90% de la biosynthèse cutanée sous l’effet du rayonnement ultraviolet. Seuls 10 à 20% de la vitamine D proviennent d’une source exogène, via l’absorption d’aliments riches en vitamine D.

        https://www.hug.ch/sites/interhug/files/structures/medecine_de_premier_recou rs/Strategies/strategie_hypovitaminosed.pdf


        C’est de l’information, rien de plus. 





      • foufouille foufouille 30 juin 2020 15:22

        @Legestr glaz

        le lait fait grandir une fois adulte ?


      • Legestr glaz Legestr glaz 30 juin 2020 18:21

        @foufouille

        La lait de vache c’est pour les veaux. Un veau à la naissance pèse 40kg. Trois mois après, en buvant uniquement du lait de sa mère, il pèse 100kg. Les facteurs de croissance présents dans le lait sont entrés en action.
        Le lait humain c’est pour les bébés humains. A la naissance il pèse en moyenne 3,3kg et 5,5kg à 3 mois. 

        Quelques mises en perspective à réaliser. 


      • vesjem vesjem 30 juin 2020 19:54

        @Fergus
        suède, finlande, norvège : soleil
        si tu veux lire « petit suicide entre amis » du finlandais Arto Paasilina
         livre grave mais un peu loufoque sur le sujet


      • Fergus Fergus 30 juin 2020 20:03

        @ vesjem

        Merci pour le conseil de lecture.


      • foufouille foufouille 1er juillet 2020 08:50

        @Legestr glaz

        encore un gros délire, le lait contient du calcium et du lactose donc non pour la santé. sauf si tu fais partie de ceux qui n’ont pas le gène permettant sa digestion adulte.


      • Francis, agnotologue JL 29 juin 2020 10:24

        Bonjour Fergus,

         

        Description intéressante mais quelque peu idyllique à mon avis, concernant cette institution.

         

         ’’Quant à l’Almanach du marin breton, il reste un compagnon indispensable de tous ceux qui naviguent le long des côtes de France.’’

         

        Depuis le temps que j’achète l’Almanach du marin Breton, j’ai constaté au fil du temps une prise de poids considérable. Faut-il s’en plaindre ? Peut-être parce qu’il est devenu redondant avec la documentation que tout navigateur possède aujourd’hui, et plus difficile à manier quand il pleut et que ça remue beaucoup. En fait, il est devenu le seul document de bord que je me procure régulièrement chaque année.

         

        On ne peut pas parler de cet ouvrage sans parler des fameuses maximes, sentences, citations ... imprimées en tête de presque toutes les pages. Au hasard dans l’édition 2020 :

         

        « Un chameau c’est un cheval dessiné par une commission  » Francis Blanche.

        «  Je suis riche des biens dont je sais me passer  » Louis Vigée.

        «  Méfie toi d’une poulie qui crie et d’une femme qui se tait ; toutes deux préparent un mauvais coup » (anonyme)

         

        Il faut également parler du Prix de vertu qui a été décerné à cette institution dès le début du 20ème siècle :

         

        « Votre préoccupation de l’utilité sociale se reconnaît à la décision que vous avez prise d’apporter l’appui de votre autorité aux œuvres qui combattent les divers fléaux, l’alcoolisme, par exemple, ou la tuberculose : telles sont l’Association d’hygiène sociale du VIe arrondissement, et l’Almanach du marin breton, organe de l’œuvre des Abris du marin.

         Ce qu’on admire dans les entreprises de ce genre, c’est que chacune d’elles est une merveille d’ingéniosité créatrice. Soit, par exemple, cette œuvre, déjà encouragée par vous jadis, lors de ses débuts, qui, tout au long des côtes bretonnes et vendéennes, a dressé des abris pour les marins : quels trésors d’invention s’y dépensent ! quel art de s’approprier aux conditions du milieu ! Maurice Barrès, qui avait visité l’un de ces abris, celui de Concarneau, vous le décrivait ainsi : « Sur la porte, voici une affiche : « L’établissement est exclusivement réservé aux marins. » C’est l’hiver, les mois d’inaction. Dans une vaste salle, dont les cinq fenêtres ouvrent sur la mer, sept à huit cents pêcheurs de tous âges jouent aux dames, aux cartes, aux dominos. Au-dessus de leurs têtes se balancent de petits bateaux modèles ; aux murs s’alignent des quantités de cadres, photographies de sauveteurs héroïques, scènes de la vie maritime, beaucoup de cartes marines, toute une collection d’images et de chansons dirigées contre l’alcool. Les poutres du plafond elles-mêmes veulent parler à leurs hôtes. L’une d’elles nous dit : « On est ici pour s’aimer. Parole touchante, et bien utile, dans ce rude peuple celtique, toujours prêt à former des clans ennemis Pour l’entendre, il faut avoir vu ces petites villes de la côte où chaque cabaret, d’ailleurs plein de querelles intestines, est sur le pied de guerre en face du cabaret voisin. Qui donc irrite ainsi le cœur généreux de ces grands enfants ? Rien que l’alcool. On n’en boit pas une goutte dans l’abri du marin. Au dehors le vent fait rage, la brume pénètre et glace les plus endurcis : d’instinct héréditaire, il semble qu’ils ne pourraient se passer de mêler à leur sang les eaux-de-vie, rhum, wisky, vulnéraire, genièvre, punch, schnaps, sans parler des apéritifs. Quelle erreur ! La mode en passe... »

        Si l’on veut suivre en ses habiles manœuvres cette vaste entreprise de sauvetage, il n’y a qu’à parcourir l’Almanach que l’œuvre publie, ce bon livre populaire que, de Douarnenez à Camaret et de Roscoff à l’île de Sein, on peut voir sur toutes les tables, dans tous les abris, dans tous les logis. Les marins le lisent au large comme au mouillage, car ils le savent rédigé par des hommes qui les connaissent à fond et qui sont leurs amis et ils y trouvent tout ce qu’ils peuvent demander à un livre, les caractéristiques des marées et du temps, la description des feux et des alignements, des renseignements sur l’inscription maritime, sur les écoles de mousses, sur les examens de capitaine au cabotage, et aussi des contes à rire, des chansons, et aussi des conseils médicaux, et aussi de naïves maximes : « Eau-de-vie, ôte vie », « la France est notre mère, travaillons pour elle », que parfois, si l’on visite leurs bateaux, on retrouve gravées sur la lisse du tillac ou sur la bordure de l’écoutille. Voilà vingt-cinq ans que l’œuvre mène ce combat, et la victoire est prochaine : car enfin, toutes les statistiques le montrent, en Bretagne comme ailleurs, par toute la France, l’alcoolisme diminue, et bientôt le fléau sera conjuré, grâce aux efforts de tant de gens de cœur. Et ce n’est là qu’un exemple des bienfaits que l’on doit à ces œuvres privées de prévoyance, d’assistance et de solidarité sociale, qui accompagnent l’action des pouvoirs publics et souvent la devancent, qui sont avant tout des initiatrices et des avant-courrières, et qui représentent, dans les cadres souples d’une tradition constante, l’esprit d’innovation.

         »


        • Francis, agnotologue JL 29 juin 2020 10:31

          Almanach du Marin Breton : édition 2020 : 620 pages, 17 cm x 26 cm, 960 g, 26 €
           
          C’est devenu un livre luxueux, riche en couleurs comme en informations..


        • Fergus Fergus 29 juin 2020 11:32

          Bonjour, JL

          Merci pour cette citation de Barrès et pour ces précisions sur l’Almanach, effectivement devenu un objet assez précieux.
          N’étant pas plaisancier, je n’ai eu que des rapports occasionnels avec cette publication, mais je l’ai toujours trouvée intéressante car très bien documentée, et effectivement rédigée par des experts des questions maritimes.
          Qui plus est, je connais des personnes qui ne s’en passeraient pour rien au monde. smiley


        • bernard29 bernard29 29 juin 2020 10:53

          bonjour Fergus,

          Comme vous ne l’avez pas signalé, je vous indique que l’abri du marin de la photo en exergue de votre article est celui de Douarnenez. Il a été repris par les éditions de l’estran qui publie le « Chasse Marée. ». C’est un très beau bâtiment qui surplombe le port du rosmeur.


          • Fergus Fergus 29 juin 2020 11:25

            Bonjour, bernard29

            Merci pour la précision. J’ai en effet oublié de légender les illustrations.
            Je connais bien Douarnenez, et bien sûr cet abri du marin.
            A noter qu’il n’est plus occupé par le Chasse-Marée. Cette superbe revue est toujours implantée dans la ville, mais a déménagé à Port-Rhu en 2018.
            A ma connaissance, les locaux sont toujours en attente d’un repreneur.
             


          • bernard29 bernard29 29 juin 2020 12:39

            @Fergus
            oui, vous avez raison pour le Chasse Marée.


          • Laconique Laconique 29 juin 2020 15:11

            @Fergus

            Il y a un vieux fond catholique refoulé dans la gauche française, chez vous, chez Chalot, etc. Une philanthropie directement issue des évangiles, non assumée, mais transparente. Le poids des héritages culturels !


            • Aita Pea Pea Aita Pea Pea 29 juin 2020 15:16

              @Laconique

              Dames patronnesses .


            • Laconique Laconique 29 juin 2020 16:03

              @Aita Pea Pea

              Oui, il doit y avoir des choses là-dessus chez Proust.


            • Fergus Fergus 29 juin 2020 16:16

              Bonjour, Laconique

              « un vieux fond catholique refoulé dans la gauche française, chez vous »

              J’ai abandonné définitivement tout rapport avec la religion durant mon adolescence après être passé dans une boîte d’enseignement catho qui a fait de moi un athée convaincu et en aucun cas un catho « refoulé ».

              Votre commentaire me semble d’ailleurs assez curieux. J’imagine que si j’avais écrit sur le Secours populaire, vous m’auriez ipso facto affublé d’un « vieux fond marxiste refoulé ». smiley

              Plus sérieusement, nombre d’associations ont des origines politiques ou religieuses. Doit-on, du fait de ces origines, ne pas parler de leurs actions sociales ? Avouez que ce serait aussi stupide que refuser de visiter une cathédrale ou une mosquée au motif qu’elles ont été construites à des fins de culte !


            • Laconique Laconique 29 juin 2020 16:55

              @Fergus

              Merci pour votre réponse. Ce genre d’héritage culturel laisse des traces plus profondes que ce que l’on croit. Le marxisme lui-même, pour beaucoup, n’a été qu’un succédané du catholicisme social. La forme change, mais le fond reste le même. Vous votez altruiste, vous aimez la Bretagne plus que la Côte d’azur, vous pensez que la politique doit d’abord venir en aide aux plus faibles, réduire les inégalités sur terre, etc. Tout cela ne tombe pas du ciel, ne résulte pas d’un choix libre, c’est le fruit d’un héritage culturel ancestral, catholique en l’occurrence – et cela dit sans jugement de valeur.


            • Et hop ! Et hop ! 29 juin 2020 16:58

              @Laconique

              Tout le secteur social et d’enseignement ont été inventés et développés par l’Église catholique pendant de nombreux siècle, il ont ensuite été laïcisés par les radicaux-socialistes sous la IIIe République et repris par l’état. Le premier hôpital public (et gratuit) du monde a été créé à Marseille au VIe siècle. Les écoles primaires, les lycées et les universités ont été inventés par le clergé qui était la principale branche du secteur public.

              La gauche s’est développée dans les ministères correspondant aux anciennes fonctions publiques du Clergé : instruction, culture, social, assistance publique.


            • Fergus Fergus 29 juin 2020 17:03

              @ Laconique

              Incontestablement, nous sommes tous le résultat d’un mélange complexe d’éducation familiale, d’enseignement scolaire, d’expériences personnelles et d’interactions avec le terroir où nous vivons.
              C’est ce qui fait la richesse des échanges. smiley


            • Laconique Laconique 29 juin 2020 17:05

              @Et hop !

              Eh oui. Cela vaut pour les institutions, mais aussi pour les mentalités. Emmanuel Todd a écrit des choses là-dessus. La différence entre l’Est révolutionnaire et l’Ouest catholique sur le plan électoral par exemple.


            • vesjem vesjem 29 juin 2020 22:40

              @Et hop !
              très juste ; nous sommes d’une culture catholique qui a fait de la France et des français ce qu’ils sont aujourd’hui
              la France s’est construite avant 1789


            • Octave Lebel Octave Lebel 29 juin 2020 20:24

              Merci de cette belle chronique très riche et fouillée. Bien que plaisancier occasionnel, très peu en Bretagne il est vrai, j’ignorais complètement ce mouvement. Merci pour l’enrichissement.


              • Fergus Fergus 29 juin 2020 20:56

                Bonsoir, Octave Lebel

                Merci à vous d’avoir navigué dans les eaux bretonnes en quête du souvenir de tous ces hommes  et quelques femmes qui ont fréquenté les abris du marin.

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