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Accueil du site > Culture & Loisirs > Culture > Jean-Marie Gustave Le Clézio, prix Nobel de littérature 2008

Jean-Marie Gustave Le Clézio, prix Nobel de littérature 2008

Jean-Marie Gustave Le Clézio, JMG Le Clézio pour les intimes, vient de recevoir le prix Nobel de littérature 2008 pour l’ensemble de son œuvre. Il faut remonter à 1985, avec la consécration de Claude Simon, pour qu’un Français reçoive le plus prestigieux des prix littéraires. 

23 ans ! 23 ans que la France n’avait pas reçu le prix Nobel de littérature. En cette année de déclin de la culture française, comme certains américains se plaisent à le souligner, la remise de ce prix est un véritable symbole.

Depuis Claude Simon, en 1985, la France avait échappé au Nobel. Après Romain Rolland, Anatole France, Roger Martin du Gard, André Gide, Albert Camus, Claude Simon (le dernier Français, en 1985) et tant d’autres dont Sartre qui l’a refusé, c’est donc au tour de JMG Le Clézio d’être "nobélisé".

Une consécration pour cet auteur à propos duquel Philippe Sollers écrivait ceci dans Un vrai roman : "Le film que se raconte le milieu littéraire français, depuis plus de trente ans, peut d’ailleurs être décrit comme un western classique, sans cesse rejoué, avec, de temps en temps, adjonction de nouveaux acteurs. Il y a un Beau, un Bon, un Vertueux exotique, Le Clézio, et un Méchant, moi. Je m’agite en vain, Le Clézio est souverain et tranquille, il s’éloigne toujours, à la fin, droit sur son cheval, vers le soleil, tandis que je meurs dans un cimetière, la main crispée sur une poignée de dollars que je ne posséderai jamais."

Nul doute que ce prix Nobel de littérature, qui vient d’être remis à 13 heures à JMG Le Clézio, suscitera de nombreux commentaires dans le vaste monde, mais aussi dans le petit monde de l’édition française qui avait bien besoin de cet écrivain pour redorer son blason. A suivre donc.


Crédit photo : pile face


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Moyenne des avis sur cet article :  4.13/5   (32 votes)




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14 réactions à cet article    


  • sisyphe sisyphe 9 octobre 2008 13:55

    Très heureux de ce prix pour celui qui est certainement l’écrivain français majeur de l’époque.
    Longue vie (littéraire, et réelle) encore à JMG Le Clezio. 


    • sisyphe sisyphe 9 octobre 2008 14:19

      Pour moi, les plus grands romans de Le Clezio :


      - Le procès-verbal

      - Désert

      - Le rêve mexicain ou la pensée interrompue

      aussi :

      - La quarantaine


    • pseudo pseudo 9 octobre 2008 14:41

      @Sysiphe

      Tout à fait d’accord avec vous.

      Ce prix aura peut-être un autre avantage : faire disparaître Houellebecq des médias.

       smiley

      Ouf !


    • sisyphe sisyphe 9 octobre 2008 17:05

      Oui. 
      Houellebecq, BHL, et les pétasses de la littérature de chiottes et d’alcoves ; style Angot, Millet, etc...


    • morice morice 9 octobre 2008 15:19

       C’est PLUS que mérité, je suis ravi pour lui... la liste de ses chef-d’œuvre est longue : j’en connais un, de sous-auteur, qui a un modèle devant lui... Le Clezio écrit, il ne balade pas sa cigarette autour de ses phalanges dans les interviews. On admire le léger en ce moment, faudra se remettre au plus lourd. La densité de le Clezio est forte, très forte, et il est TRES abordable !!! 


      • melanie 9 octobre 2008 15:50

        En ces temps d’exhibitionnisme et de peopolosation ostentatatoire où ce sont toujours les mêmes - Houelbeck, l’inévitable Amelie N.,- qu’on recycle depuis des années, la classe ,une forme de panache discret chez un auteur de cette trempe est un bonheur.

        Il continuera sa route comme toujours, loin des spots et des invitations obligées ,mais au moins la critique ne sera pas passée à côté


        • HASSELMANN 9 octobre 2008 19:43

          Sympa ce billet, à chaud, pour saluer un vrai talent et une formidable capacité a traçer sa route.
          l’image du cowboy justicier reprise par Sollers est assez juste.
          Encore un petit mot, à l’heure ou de joyeux drilles, veulent passer par perte et profits le talent national, MONTANIER, puis LE CLEZIO,= 2 NOBELS franchouillards.Cela fait du bien d’être un peu chauvin à l’heure de toutes les globalisations, de l’atlantisme débridé, et des doutes cultivés !!!


          • armand armand 9 octobre 2008 20:50

            Au moins une joie fédératrice - que plusieurs d’entre nous, pas toujours d’accord sur d’autres sujets, se retrouvent à saluer ce Prix Nobel largement mérité. Joie de la découverte de l’ailleurs, richesse de la vie aux marches, en marge, empathie profonde pour les cultures en apparence étranges (enfant je me suis entiché des Mayas, jusqu’à en apprendre les hiéroglyphes, alors, pensez-vous, la découverte du Chilam Balam sous la plume de Le Clezio m’a ravi...) le tout assaisonné d’une mélancolie qui sourd inévitablement du temps, rendant tant de choses préceuses parce qu’éphémères...

            A la liste établie par Sisyphe je voudrais ajouter le Chercheur d’Or...


            • La Taverne des Poètes 9 octobre 2008 21:51

              Cet article est très décevant dans son contenu, qui ne parle ni du style littéraire, ni de l’homme, ni de ce que représente son oeuvre. Du journalistique.


              • sisyphe sisyphe 10 octobre 2008 01:02

                Extrait du « Dictionnaire des écrivains contemporains de la langue française par eux-mêmes »

                Le Clézio par lui-même
                Par J.M.G. Le Clézio

                Pour le dictionnaire des écrivains contemporains publié par Jérôme Garcin, J.-M.G Le Clézio avait écrit lui-même sa notice biographique en 1988. La voici.

                « Les premiers mots des premiers romans que j’ai écrits étaient en lettres capitales : QUAND PARTEZ-VOUS, MONSIEUR AWLB ?

                C’était en 1946 ou au début 1947, j’avais six ans, je partais en effet vers l’Afrique. Le Nigerstrom était un cargo mixte de la Holland Africa Line qui reliait à l’Europe le chapelet des îles portuaires de l’Ouest Africa aux noms prodigieux, Dakar, Takoradi, Conakry, Lomé, Cotonou. Le cargo était un monde flottant. Sur les ponts supérieurs, il y avait les passagers, les administrateurs coloniaux casqués, les officiers de l’armée, les dames en robes légères. Sur l’étendue du pont, en plein air, voyageaient les Africains qui embarquaient en cours de route, des femmes, des enfants, au milieu de leurs ballots, de leurs provisions. Le vent était chaud, le ciel nocturne magnifique. Le jour, interminablement, les Africains, nus, le corps luisant de sueur, frappaient les structures du pont à coups de marteau, les membrures des cales, les bastingages, pour enlever la rouille. Chaque jour, du matin au soir, il y avait ce bruit inlassable et inutile (puisque la rouille devait se reformer aussitôt), comme un rythme, comme une pulsation. Cela résonnait jusqu’au fond de la mer lourde, avec la lumière ardente du soleil, les nuages immobiles, et les côtes lointaines, les lourds estuaires des fleuves qu’on imaginait, les plages éblouissantes de Casamance, du Ghana, avec le bercement de la houle et les vibrations des machines.

                Pour moi, l’acte d’écrire est resté lié à ce premier voyage. Une absence, peut-être, un éloignement, le mouvement de dérive le long d’une terre invisible, effleurant des pays sauvages, des dangers imaginaires. Ma fascination des fleuves, l’improbable réalité. Cette même année 1946-197, j’ai écrit tout de suite mon deuxième roman, Oradi noir, aventure sur une terre d’Afrique que je ne connaissais pas encore, comme si de l’écrire pouvait me sauver des dangers et m’habituer à l’avenir (à l’idée de ce père que je n’avais jamais rencontré, et vers qui me menait le lent cargo). Aucun des livres que j’ai écrits par la suite n’a eu autant d’importance pour moi que ces deux romans africains.

                Plus tard, ce que j’ai cherché dans les livres, c’était cela, ce mouvement qui m’emportait, me faisait autre, ce mouvement lent et irrésistible qui me capturait. Dans les romans de Dickens, de Kipling, de Conrad. Dans cette langue anglaise que je découvrais, ces mots allitératifs, son rythme, son chant.

                Dans la littérature même il y avait le mystère, le Londres de Nicolas Nickleby, de David Copperfield, la prison pour dettes de Pickwick. Ce que je ne comprenais pas tout à fait, qui était comme la côte entrevue, comme les villes glissant au bord des estuaires, comme Port Harcourt noyé dans la pluie diluvienne tandis que je m’enfonçais vers els forêts, du côté d’Obudu.

                  			 			   					 						 						 					 		

                Des livres, comme des rêves, Des livres qu’on n’écrira jamais parce que la vie est trop brève, parce qu’il y a le soleil impérieux, les cris des enfants dans les rues, la vibration du désir, la fièvre des révoltes brisées. Robinson, Utopie, Le Léopard des neiges. Livres qu’on garde en soi, comme des fantômes, livres qui reviennent. Ecrirai-je L’Histoire de la Terre, Hazzhar, Le Royaume de la demi-lune ? Ecrirai-je l’histoire de ce couple entrevu un jour, sur la route, dans la pluie, à Rose Hill, tous deux si beaux et si jeunes, lui portant sur l’épaule un sac de jute contenant quelques effets, elle, vêtue d’un sari en haillon, tenant serré contre sa poitrine son enfant nouveau-né, et marchant au hasard, en quête d’un abri, d’un peu de travail, d’une bonne étoile ?

                Un matin, je me suis réveillé, j’avais rêvé que j’avais enfin écrit mon livre, je veux dire, celui qui était en moi depuis toujours, et je ne le savais pas. Un livre tel que je pouvais vivre en lui, Une musique si belle, qui m’avait traversé. Quelques instants, j’ai eu ce bonheur, comme si le navire avait enfin touché à sa destination.

                Combien de mots devrais-je écrire encore ? Avant de retrouver, un jour, l’illumination claire et facile, lorsque que, dans la cabine du cargo qui m’emmenait vers l’inconnu, j’écrivais, au crayon gras sur la feuille de papier, en lettres capitales : QUAND PARTEZ-VOUS, MONSIEUR AWLB ? »

                J.M.G. Le Clézio


                • armand armand 10 octobre 2008 11:28

                  Notons qu’on peut apprécier un auteur et, surtout, reconnaître sa grande valeur, sans pour autant en être un inconditionnel. J’ai nomme le Chercheur d’or, mais il est vrai que par moments j’ai eu du mal à suivre. Il n’empêche, ce roman m’a laissé des impressions, des images, des idées indélibiles qui font désormais partie de mon paysage mental.

                  Ce qui est fameux chez Le Clezio, c’est qu’on peut en avoir plusieurs lectures.

                  Pour ma part, j’ajouterais à la liste des nobélisables Patrick Modiano. Là encore, une histoire de goût, on rentre dans son univers ou on n’y rentre pas, et on peu facilement le résumer à quelques motifs obsédants, toujours les mêmes, liés à sa jeunesse, qu’il rassemble sur fond de beaux quartiers un peu tristes. Mais pour ceux qui s’y reconnaissent... pour ma part, je tiens Rue des Boutiques obscures pour un chef d’oeuvre, et Un cirque passe pour l’un des (petits) romans les plus bouleversants que j’aie lus.


                  • sisyphe sisyphe 10 octobre 2008 11:55

                    D’accord pour Modiano, et la richesse de sa petite musique intérieure, qui reste dans l’esprit, comme une sorte de fado, de "saudage", cette mélancolie voluptueuse et rythmée..


                  • Tony Pirard 12 octobre 2008 22:36

                     Par cela,nous pouvons dire que la littérature en France ce n’ est tant décadente comme tous a pensé......seul un petit peu... !.Ils fûrent 15 années seul sans null prix Nobel.


                    • Baltar 13 octobre 2008 01:46

                      Je remercie Le Clezio pour ses très beaux romans, poétiques et d’une très grande profondeur.

                      Ma plus belle larme pour Désert : j’ai littéralement été poignardé par la conclusion.

                      Les avis sont de peu d’importance, nous ne sommes rien pour prédire l’avenir. Néanmoins je donnerai mon âme pour jurer qu’il restera à l’avenir un des plus grands écrivains de notre temps. Loin des autres poubelles dont nous tannent les médias, comme cela fut de tous temps d’ailleurs.

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