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Accueil du site > Culture & Loisirs > Culture > L’académicienne Marguerite Yourcenar

L’académicienne Marguerite Yourcenar

« L’universel, chez Marguerite Yourcenar, ne se limite pas à la société et à la communauté des hommes. Il n’est pas seulement horizontal ; il est aussi vertical : il établit un lien de cohérence et de continuité entre la matière inanimée et la transcendance, en passant par le tissu du monde, par tous les degrés de la vie, par vos chers animaux, par les sens, par le corps et par l’âme. » (Jean d’Ormesson, le 22 janvier 1981).

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L’Académie française doit à Jean d’Ormesson d’avoir coopté sa première académicienne. Grande voyageuse, Marguerite Yourcenar, qui est morte il y a maintenant trente ans, le 17 décembre 1987 à 21 heures 30, à l’hôpital de Bar Harbour, dans le Maine aux États-Unis, à l’âge de 84 ans (elle est née le 8 juin 1903 à Bruxelles), était au large des Caraïbes, en croisière, lorsqu’elle fut élue le 6 mars 1980 (le même fauteuil que Jules Dufaure, Georges Clemenceau et Roger Callois) grâce à une imprécision du règlement. Richelieu n’aurait jamais imaginé qu’une femme pût siéger sous la Coupole, ce n’était donc pas interdit ! Ajoutons aussi que Marie Curie n’avait jamais pu intégrer l’Académie de sciences simplement parce qu’elle fut une femme.

Dans un article du journal "Le Monde" qui lui était consacré à sa disparition, la journaliste Josyane Savigneau écrivit le 19 décembre 1987 : « Vus de France, pays de sédentaires, ses périples et sa vie dans une île au climat rude (…) ont contribué à créer autour de Marguerite Yourcenar une légende de solitude, d’isolement hautain et de sécheresse. Il fallait la télévision pour montrer une femme bien vivante, à l’œil narquois et conquérant, au sourire soulignant une lèvre gourmande, sensuelle, à la voix modulée et flexible, s’adonnant sans affectation au bonheur luxueux de l’imparfait du subjonctif. ».

Issue d’une famille bourgeoise et aristocrate (et orpheline de mère), elle passa son enfance d’abord à Lille puis à Londres, à Nice, en Suisse et en Italie. Yourcenar est l’anagramme, à un c près, de l’un de ses noms de famille, Crayencour, qu’elle a pu utiliser légalement comme patronyme officiel à partir de 1947 (son nom de naissance fut Marguerite Cleenewerck de Crayencour). Elle a appris l’anglais, l’allemand, l’espagnol et l’italien.

Son lieu de naissance : « Le véritable lieu de naissance est celui où l’on a porté pour la première fois un coup d’œil intelligent sur soi-même : mes premières patries ont été les livres. » (dans "Mémoires d’Hadrien"). Née dans les livres, elle ne pouvait qu’en écrire, la passion de toute sa vie.

Elle voulait devenir écrivaine dès son plus jeune âge et rêvait de gloire. Étonnante dans sa manière de vivre isolée, sur une île américaine, loin du confort et des conventions mondaines, Marguerite Yourcenar, contemporaine de Jean-Paul Sartre, est une personne à part dans le monde fermé de la littérature.

De nationalité française et américaine (acquise en 1947), Marguerite Yourcenar fut une écrivaine, poète, romancière, nouvelliste, essayiste, dramaturge, critique littéraire, professeure de français, et traductrice (en particulier de Virginia Woolf et Henry James), auteure de plus d’une cinquantaine d’ouvrages dont certains furent récompensés par des prix, notamment le Prix Femina en 1968. Son premier poème ("Le Jardin des chimères") fut publié en 1921 quand elle avait 18 ans.

Son premier roman ("Alexis ou le traité du vain combat"), sur les traces d’André Gide qui l’a beaucoup influencée, fut publié en 1929 (son père avait eu le temps de le lire avant de mourir) : « Il y a une jouissance à savoir qu’on est pauvre, qu’on est seul et que personne ne songe à nous. Cela simplifie la vie. (…) Les gens que l’on rencontre dans les rues, pendant le jour, donnent l’impression d’aller vers un but précis, que l’on suppose raisonnable, mais, la nuit, ils paraissent marcher dans leurs rêves. (…) J’éprouvais pour la première fois un plaisir de perversité à différer des autres ; il est difficile de ne pas se croire supérieur, lorsqu’on souffre davantage, et la vue des gens heureux donne la nausée du bonheur. ».

Plusieurs de ses livres se situent dans le cadre d’une grande connaissance documentaire de l’histoire du monde, en particulier de la période de la Grèce antique et de la Renaissance.

Parmi ses thèmes d’écriture, il y a l’homosexualité. Après la mort de son père (le 12 janvier 1929 à Lausanne), elle fit beaucoup de voyages en Europe (France, Suisse, Grèce, Italie, Belgique, et aussi Istanbul). Elle écrivait d’un style très classique, précis, clair, pour décrire les sentiments amoureux de ses personnages, pour exprimer certaines réflexions, etc.

Avec Grace Frick (1903-1979), une professeure de littérature britannique enseignant à New York et rencontrée à Paris en février 1937, Marguerite Yourcenar s’installa aux États-Unis parce qu’elle s’y trouvait quand la Seconde Guerre mondiale a éclaté. Pendant quarante ans, les deux femmes ont vécu ensemble (jusqu’à ce que la maladie les séparât), et Grace Frick s’est consacrée exclusivement à la traduction anglaise des œuvres de sa compagne.



La réputation littéraire de Marguerite Yourcenar fut définitivement acquise internationalement lors de la publication de son célèbre roman historique "Mémoires d’Hadrien", en fin novembre 1951 (chez Plon après une bataille contre Gaston Gallimard avec qui elle avait signé un malheureux contrat en décembre 1938 qui donnait à Gallimard un « perpétuel droit d’option sur toutes [ses] œuvres à venir »), lettre de l’empereur à son fils adoptif Marc Aurèle : « Si j’ai choisi d’écrire ces Mémoires d’Hadrien à la première personne, c’est pour me passer le plus possible de tout intermédiaire, fût-ce de moi-même. (…) Quoi qu’on fasse, on reconstruit toujours le monument à sa manière. Mais c’est déjà beaucoup de n’employer que des pierres authentiques. ». J’ai souvenir que la lecture de ce magnifique livre d’érudition, traduit dans plusieurs dizaines de langues dans le monde, a été au programme de mes cours de latin. Là aussi, l’homosexualité était présente avec l’amour de l’empereur pour un jeune homme.

Voici deux extraits de "Mémoires d’Hadrien" que je propose ici.

Quelques paradoxes : « La lettre écrite m’a enseigné à écouter la voix humaine, tout comme les grandes attitudes immobiles des statues m’ont appris à apprécier les gestes. ».

Stratégie personnelle : « César avait raison de préférer la première place dans un village à la seconde à Rome. Non par ambition, ou par vaine gloire, mais parce que l’homme placé en second n’a le choix qu’entre les dangers de l’obéissance, ceux de la révolte, et ceux, plus graves, du compromis. ».

Marguerite Yourcenar avait déjà écrit une première version des "Mémoires d’Hadrien" vers l’âge de 20 ans, refusée par les éditeurs (et qu’elle a détruite), où ce n’était pas Hadrien le narrateur mais son jeune favori. Elle indiqua que son envie de réécrire le livre fut stimulée par cette phrase citée dans la correspondance de Flaubert : « Les dieux n’étant plus et le Christ n’étant pas encore, il y a eu, de Cicéron à Marc Aurèle, un moment unique où l’homme seul a été. ». Une citation rappelée par Jean d’Ormesson lors de son hommage funèbre le 7 janvier 1988 sous la Coupole.

L’autre livre majeur de Marguerite Yourcenar est sans doute "L’Œuvre au noir" publié le 8 mai 1968 (en pleine révolte étudiante) chez Gallimard. Expliquant son titre provenant de l’alchimie, la romancière précisa : « On discute encore si cette expression s’appliquait à d’audacieuses expériences sur la matière elle-même ou s’entend symboliquement des épreuves de l’esprit se libérant des routines et des préjugés. Sans doute a-t-elle signifié tour à tour ou à la fois l’un et l’autre. ». Évoquant la figure d’un philosophe et alchimiste, appelé Zénon Ligre, ce roman historique est à la Renaissance ce que les "Mémoires d’Hadrien" sont à l’Antiquité.

Voici quatre extraits de "L’Œuvre au noir".

Le "tour de sa prison" : « Qui serait assez insensé pour mourir sans avoir fait au moins le tour de sa prison ? ». C’est un hymne à l’ouverture et à la curiosité.

Une vision du hollandisme à propos de la ZAD de Notre-Dame-des-Landes : « Entre le oui et le non, entre le pour et le contre, il y a ainsi d’immenses espaces souterrains où le plus menacé des hommes pourrait vivre en paix. ».

La rigueur sémantique de la romancière couplée à l’humilité : « Je me suis gardé de faire de la vérité une idole, préférant lui laisser son nom plus humble d’exactitude. ». C’est évidemment son personnage que la romancière a fait ainsi parler.

Une incompatibilité entre la République et la charia : « Il savait fort bien qu’il n’existe aucun accommodement durable entre ceux qui cherchent, pèsent, dissèquent, et s’honorent d’être capables de penser demain autrement qu’aujourd’hui, et ceux qui croient ou affirment croire, et obligent sous peine de mort leurs semblables à en faire autant. ».

L’un des engagements de Marguerite Yourcenar qu’elle considérait provenant de son humanisme était le respect de la vie animale, ce qui l’a conduit à devenir végétarienne (et à en parler dans ses "Mémoires d’Hadrien"), et à encourager Brigitte Bardot, le 24 février 1968, à agir pour sauver les bébé phoques des massacres au Canada, amorçant une campagne médiatique à très fort écho. Elle manifesta aussi aux États-Unis contre la guerre au Vietnam et se trouvait en France en mai 1968 où elle s’associait à la cause des étudiants sans prendre part à leur militantisme car cela aurait été trop fatigant pour elle.

Au-delà de l’Académie française, Marguerite Yourcenar a reçu de nombreuses récompenses et distinctions françaises et étrangères (notamment des doctorats honoris causa de plusieurs universités américaines).

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Revenons à l’Académie française dont elle fut la première femme membre. Elle fut reçue le 22 janvier 1981 par Jean d’Ormesson, grand promoteur de l’œuvre de Marguerite Yourcenar. Ce fut un événement médiatique. La réception fut honorée de la présence du Président Valéry Giscard d’Estaing, protecteur de l’Académie française (le Président Nicolas Sarkozy fut lui aussi présent à la réception de Simone Veil le 18 mars 2010) et retransmise en direct à la télévision. Elle a succédé à Roger Caillois sur l’œuvre duquel elle avait publié une étude. Cette réception fut d’ailleurs sa seule participation aux travaux de l’Académie française, car elle habitait aux États-Unis et ne cessait de faire de grands voyages autour du monde.

Jean d’Ormesson l’a accueillie en ces termes : « Madame, c’est une grande joie pour moi de vous souhaiter la bienvenue dans cette vieille et illustre maison où vous êtes, non pas certes le premier venu, mais enfin la première venue, une espèce d’apax du vocabulaire académique, une révolution pacifique et vivante, et où vous constituez peut-être, à vous toute seule, un des événements les plus considérables d’une longue et glorieuse histoire. Je ne vous cacherai pas, Madame, que ce n’est pas parce que vous êtes une femme que vous êtes ici aujourd’hui : c’est parce que vous êtes un grand écrivain. Être une femme ne suffit toujours pas pour s’asseoir sous la Coupole. Mais être une femme ne suffit plus pour être empêchée de s’y asseoir. Nous vous aurions élue aussi, et peut-être, je l’avoue, plus aisément et plus vite, si vous étiez un homme. Plût au ciel que les hommes que nous avons choisis depuis trois cent cinquante ans, eussent tous l’immense talent de la femme que vous êtes. (…) Nous n’avons pas voulu nous plier à je ne sais quelle vogue ou vague du féminisme régnant. Nous avons simplement cherché à être fidèles à notre vocation traditionnelle qui est de trouver (…) dans les lettres françaises ce qu’il y a de meilleur, de plus digne, de plus durable. Avec vous, Madame, nous y avons réussi. ».

Poussée par quelques académiciens, Marguerite Yourcenar n’avait même pas fait acte de candidature, prenant sienne cette règle de Colette : « Colette elle-même pensait qu’une femme ne rend pas visite à des hommes pour solliciter leur voix, et je ne puis qu’être de son avis, ne l’ayant pas fait moi-même. ».

Elle avait juste déclaré qu’elle ne découragerait pas leur effort : « J’ai trop le respect de la tradition, là où elle est encore vivante, puissante, et, si j’ose dire, susceptible, pour ne pas comprendre ceux qui résistent aux innovations vers lesquelles les pousse ce qu’on appelle l’esprit du temps, qui n’est souvent, je le leur concède, que la mode du temps. ».

Mais elle a toujours refusé d’être le porte-parole des femmes, d’être autre chose qu’elle-même : « Vous m’avez accueillie, disais-je. Ce moi incertain et flottant, cette entité dont j’ai contesté moi-même l’existence, et que je ne sens vraiment délimitée que par les quelques ouvrages qu’il m’est arrivé d’écrire, le voici, tel qu’il est, entouré, accompagné d’une troupe invisible de femmes qui auraient dû, peut-être, recevoir beaucoup plus tôt cet honneur, au point que je suis tentée de m’effacer pour laisser passer les ombres. ».

Elle cita celles qui auraient pu la précéder : Madame de Staël, George Sand, Colette, et probablement toutes les dames de l’Ancien Régime qui ont eu une forte influence sur les hommes de leurs temps, placées sur un piédestal sans pour autant qu’on ne songeât à leur offrir un fauteuil.

Sujet central de la philosophie humaine, la conscience de la mort, Marguerite Yourcenar l’a souvent abordée, comme dans "Mishima ou la Vision ou du vide", un essai de 1981 : « Il y a deux sortes d’êtres humains : ceux qui écartent la mort de leur pensée pour mieux et plus librement vivre, et ceux qui, au contraire, se sentent d’autant plus sagement et fortement exister qu’ils la guettent dans chacun des signaux qu’elle leur fait à travers les sensations de leur corps ou les hasards du monde extérieur. Ces deux sortes d’esprit ne s’amalgament pas. Ce que les uns appellent une manie morbide est pour les autres une héroïque discipline. C’est au lecteur à se faire une opinion. ».

La mort : « J’y pense tout le temps. Il y a des moments où je suis tentée de croire qu’au moins une partie de la personnalité survit, et d’autres où je ne le pense pas du tout. (…) Il est sûr que toutes les évidences physiques indiquent notre annihilation totale, mais si l’on considère aussi les données métaphysiques, on est tenté de dire que cela n’est pas aussi simple que ça. » (Interview de Marguerite Yourcenar, Shusha Cuppy, The Paris Review, 1988, cité par Wikiquote).

Marguerite Yourcenar fut enterrée près de l’endroit où elle vécut avec son amie Grace Frick, aux côtés de ses cendres et de celle d’un amant mort du sida en 1986. Son épitaphe : « Plaise à Celui qui est peut-être de dilater le cœur de l’homme à la mesure de toute la vie. ». Dans une église le 16 janvier 1988, une cérémonie a eu lieu en son honeur.

Citons aussi ce constat très profond de l’unicité des instants, formulé par Marguerite Yourcenar dans son essai "Le Tour de la prison" (1977) : « On ne voit pas deux fois le même cerisier, ni la même lune découpant un pin. Tout moment est dernier, parce qu’il est unique. Chez le voyageur, cette perception s’aiguise par l’absence des routines fallacieusement rassurantes propres au sédentaire, qui font croire que l’existence pour un temps restera ce qu’elle est. ».

Faisant l’éloge de Marguerite Yourcenar, son successeur à l’Académie, Jean-Denis Bredin, célèbre avocat, historien, père d’une future ministre, déclara le 17 mai 1990 sous la Coupole : « Elle ne cessait de se promener dans l’histoire et dans l’éternité, mais le miracle d’une fleur dans son jardin, d’un oiseau qui se posait près d’elle, l’émerveillait, elle était éprise du plus intime destin. Elle exalte chaque vie, elle lui voue un infini respect, mais elle voit partout des gens insensés ou médiocres, réduits à la dimension de ce "sous-produit" de la vie qu’est pour elle le bonheur. Au fond, elle aime les hommes, comme elle aime les plantes et les animaux, parce qu’elle est fascinée par la vie, par l’unique et parce qu’elle déteste tout ce qui détruit. Les aime-elle vraiment ? Elle affectionne l’humanité tout entière, mais elle ne s’intéresse à aucune communauté. Et comme elle n’a ni famille, ni patrie, ni frontière, comme elle est de partout, elle dédaigne vite ceux qui sont de quelque part, les enracinés du sol, ou des mœurs, les ligotés de la tête et du cœur. (…) Le combat politique lui semble subalterne, elle aime les marginaux, les irréguliers, non les révolutionnaires, elle entretient au fond la nostalgie d’une société rurale, sans bourgeois arrogants, sans signes de distance, où les aristocrates et le bon peuple vivaient ensemble familiers et heureux. ».

Je termine par la conclusion de l’article déjà cité de Josyane Savigneau qui fut un bel appel à la lecture des œuvres de Marguerite Yourcenar : « Beaucoup ont été rebutés par cette obsession de la perfection, d’unité et de totalité qui va jusqu’à s’approprier le masculin pour reconstituer en soi l’unité originelle, retrouver l’androgynie primitive. Il est inutile de chercher à convaincre ceux qui trouvent sa vision du monde close et limitée, "Je ne clos rien, pas même ma porte", répondait-elle, ceux qui s’en tiennent à Yourcenar-froideur sans chercher Yourcenar-passion, à Yourcenar-savante sans regarder Yourcenar-rêve ou Yourcenar-tendresse. Mais pour ceux qui se laisseraient aujourd’hui aller à la nostalgie d’un regard bleu, souverain et un peu lointain, mais bienveillant et riant de malice, il faut d’urgence reprendre la promenade dans cette écriture, architecture parfaite jusqu’à la folie, lire et relire les livres, les perdre et les retrouver, comme Marguerite Yourcenar les a, sa vie durant, imaginés, oubliés, écrits et réécrits. » ("Le Monde" du 19 décembre 1987).


Aussi sur le blog.

Sylvain Rakotoarison (16 décembre 2017)
http://www.rakotoarison.eu


Pour aller plus loin :
Marguerite Yourcenar.
Albert Camus.
Jean d’Ormesson.
Les 90 ans de Jean d’O.

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