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Accueil du site > Culture & Loisirs > Culture > « L’Expédition Janus », le nouveau roman de Chantal Delsol

« L’Expédition Janus », le nouveau roman de Chantal Delsol

Chantal Delsol est une figure originale du monde intellectuel et culturel français. Bien plus originale que ne le laisse entrevoir sa réputation de théoricienne du conservatisme provincial dont son mari, Charles Millon, fut l’un des hérauts les plus courageux - mais aussi les plus éphémères.

Philosophe, éditorialiste, membre de l’Académie des sciences morales et politiques, Chantal Delsol est aussi romancière. Et c’est sans doute dans ses romans que perce le plus visiblement la complexité des leçons qu’elle tire de son inlassable observation de la nature et des hommes.

Le dernier en date, L’Expédition Janus, tout frais paru aux éditions du Rocher, confirme cette intuition. Il repose sur une intrigue à la fois simple et vertigineuse - la quête d’un batracien rescapé de la préhistoire -, un quatuor de personnages campés avec une tendre précision - un vieux zoologiste un peu fantasque, un thésard minutieux, un dandy rêveur, un aventurier ascète -, et un cadre littéralement mythique - la forêt amazonienne, ses Indiens et ses caïmans aux yeux rouges.

Derrière la figure de l’universitaire qui prend soin de sa grenouille sans pattes comme d’un nourrisson, il y a l’ombre du propre père de Chantal Delsol, le Pr Michel Delsol, éminent biologiste, maître à penser des jeunes chevaux-légers lyonnais des années 60 et 70, auteur de nombreux ouvrages de biologie et d’épistémologie.

La trame de ce roman est celle des voyages initiatiques classiques ; sa force réside dans l’étrangeté du but poursuivi : cette bestiole manifestement hideuse n’en est pas moins un véritable objet de passion. Il y a quelque chose de baudelairien dans ce traitement de la laideur : la charogne est comme une allégorie du cœur humain, à la fois puant et merveilleux. Cette confrontation de la science et de « l’hommerie » (comme disait saint François de Sales), au cœur d’un décor où les faux-semblants sont impossibles, débouche sur une expérience fondatrice sans laquelle il n’est pas de maturité possible, ni pour les jeunes thésards dont la carrière commence, ni pour le vieux professeur dont la mort approche : l’expérience de la gratuité.

Ce roman est finalement une célébration de l’ambivalence - une célébration d’autant plus féconde qu’elle provient d’une femme aux convictions très solides, et qu’elle s’inscrit dans une histoire sans aucune moiteur, malgré la forêt amazonienne si prégnante... A l’aide d’un style classique, loin de tout bavardage et de tout effet de manche, Chantal Delsol fait la démonstration que la science et la philosophie n’ont pas d’intérêt si elles ne sont que spéculatives. Bref, elle nous rappelle ceci : c’est la vie elle-même qui est, du fait des volte-face et des masques qui la ponctuent et la pimentent, une expédition Janus.


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4 réactions à cet article    


  • Icks PEY Icks PEY 15 février 2008 17:03

    @ l’auteur

    Je n’ai rien compris, vous parlez à demi-mots d’un bouquin que je n’ai pas lu, mais pour connaître C.DELSOL de réputation, c’est sûrement très bien.

    J’aime bcp le titre de votre prochain bouquin à paraître.

    Bien cordialement,

    Icks PEY


    • ZEN ZEN 15 février 2008 17:34

      Rien compris...

      Mais je connais la dame

      http://www.denistouret.net/textes/Delsol.html


      • Ornithorynque Ornithorynque 15 février 2008 18:47

        J’ai déjà commandé ce livre !

        Les ouvrages de Chantal delsol sont lumineux d’intelligence ... et parfois de révolte (il faut lire "Quatre", un autre roman de Chantal Delsol, déroutant par le côté inclassable de la vision de mme Delsol sur la condition féminine au 20eme siècle).

        Et enfin, moi qui ne suis pas philosophe, ni intellectuel, ni même d’ailleurs très habile à rédiger, je recommande, car je l’ai lu d’une traite "La grande Méprise - Justice internationale et gouvernement mondial" dans lequel Mme Delsol décortique la justice internationla, et la désir moderne d’un gouvernement mondial.
        Cet essai est lumineux, il plonge dans les racines de cette justice internationale, qui hors des traditions juridiques locales, croit qu’elle est objectivement absolue. Elle montre la différence fo,ndamentale entre le tribunal de la Haye, et celui de Nuremberg, sur leurs fondements.

         

        Bref, c’est Génial, cette femme est selon moi le plus grand penseur du moment.

        Commencez par un roman, et vous ne pourrez plus vous arrêter. C’est mon cas !


        • ernst 17 février 2008 17:41

          J’ai tout compris. C’est même d’une extrême clarté.

          Merci, cher Matthieu, de nous avoir signalé l’ouvrage que sans vous, je n’aurais pas eu la curiosité de dénicher.

          Je vais chercher la chose et m’en fais une joie comme d’un berlingot à grignoter en solitaire...

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