L’histoire, vedette du petit écran
Neuf personnes sur dix : telle est la proportion de Français à posséder un ou plusieurs postes de télévision. C’est dans ce contexte que l’histoire peut se glisser dans la petite lucarne grâce aux docufictions et aux séries historiques. Exit les manuels scolaires et les pavés historiques, bonjour les télécommandes !
La télévision explore le temps.
Qui n’a jamais voulu avoir un professeur d’histoire vous faisant vivre au plus près les événements de l’histoire universelle ? Vous êtes des milliers à vouloir vous faire prendre la main pour franchir les murailles de l’histoire. Maintenant, c’est possible, grâce à un nouveau de programmes télévisés : les docufictions. Installé devant votre écran - plat ou non -, avec dans une main des pop-corns et dans l’autre la télécommande, vous pouvez déguster l’histoire comme un plat de pâtes ou comme une pizza tout droit sortie du four.
Sous forme de documentaires, de fictions ou de débats, l’histoire a longtemps été omniprésente dans les programmes, avant de disparaître des lucarnes durant les années 1980. Ces programmes tant pédagogiques que divertissants réapparaîtront vingt années plus tard, lors du passage dans le nouveau millénaire.
La première émission historique naquit en 1955 : il s’agit des Enigmes de l’histoire (réalisée par Stellio Lorenzi) - qui deviendra en 1957, la célèbre Caméra explore le temps. Stellio Lorenzi raconte que l’idée de cette émission lui serait venue en regardant un kiosque à journaux : « J’ai vu dans un kiosque à journaux des piles d’Historia [magazine historique]. J’ai demandé si ça se vendait beaucoup, et j’ai eu la confirmation qu’il y avait une très forte clientèle. C’est comme cela que j’ai proposé mon émission. » Il demandera à André Castelot et à Alain Decaux d’animer ce programme. Cette émission traita des grandes heures de l’histoire de France : les Cathares, la mort d’Henri IV, la mort de Marie-Antoinette. La première émission sera diffusée le 22 mai 1956. Le sujet : le secret de Mayerling (dans les neuf premiers épisodes, des comédiens - en costumes d’époque - font revivre cette affaire). L’enquête est suivie d’une discussion entre Alain Decaux et André Castelot. Au fil des émissions, un jury est chargé de trancher entre les parties. Chaque émission se termine par une question à laquelle chaque téléspectateur peut répondre par courrier. De mars 1956 à mars 1966, quarante-sept émissions sont diffusées.
Après dix années de bons et loyaux services, La caméra explore le temps cessera d’être présente dans les grilles des magazines TV, sur ordre du président de l’ORTF (Office de radiodiffusion de la télévision française), Claude Contamine - pendant ses quarante premières années, la télévision est contrôlée par les politiques. L’émission qui mettra un terme à la gloire portait sur les Cathares. Après cet arrêt, plusieurs téléspectateurs descendent dans la rue, à Toulouse, pour demander la rediffusion de l’émission. Cette protestation n’aura aucun effet.
L’apogée de l’histoire à la télévision
La caméra explore le temps partie, la place est libre pour d’autres programmes à contenu historique. La présence du passé s’installera dans les grilles TV : cette émission allie entretiens avec des historiens et séquences tournées avec des comédiens. Durant trois années, elle brossa le portrait de différents personnages clé de l’histoire, et relata de grands événements.
Les années 1960 seront riches en programmes historiques : Les bonnes adresses du passé (1961-1977) ; Trente ans d’histoire - programme relatant les grands faits de 1914 à 1944 ; Thierry La Fronde (1963-1966).
1967 marquera la création d’un nouveau programme historique : Les dossiers de l’écran. Une fois par semaine, un film, suivi d’un débat, est proposé aux téléspectateurs. En vingt-quatre ans d’émissions, plus de mille sujets furent proposés.
Un nouveau millénaire débute : l’histoire se fait un lifting !
Le nouveau millénaire marquera la création d’un nouveau concept méconnu auparavant : les docufictions. France Télévisons sera le seul groupe à accepter de se jeter à l’eau en les diffusant en prime time. La recette a l’air de faire effet : Le dernier jour de Pompéi, diffusé sur France 2, le 22 février 2004, fédéra 8,744 millions de téléspectateurs (34,5 % de part de marché) ; L’odyssée de l’espèce, diffusé le 7 janvier 2003, réunit 8,7 millions de téléspectateurs.
Il y a cinq ans, la télévision a franchi une barrière qu’il ne fallait pas franchir : allier histoire et télé-réalité. The Trench (la tranchée) - sorte de Loft - est tout à fait l’exemple de ce genre d’outrepassement : on place des candidats dans les conditions de vie du passé, notamment celles de la Première Guerre mondiale (1914-1918). Ceux-ci doivent vivre comme les Poilus. Cette limite n’a pas été franchie depuis.
Avec la multiplication de ces docufictions et documentaires, on peut se demander si ce moyen permet de réconcilier les téléspectateurs avec leur histoire. C’est peut-être un premier pas vers la conversion de néophytes en accros d’histoire ?
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