La bonne mère Liger
Noir est son destin
Il est des miracles qui ne sont pas sujets à remise en cause, le risque serait trop grand de contrarier le ciel et de déclencher les foudres du patron. Je me dois de vous conter les prodiges successifs de notre Vierge Noire et je prie instamment les mécréants, les incrédules et tous les dubitatifs chroniques de passer leur chemin. Nous allons allègrement franchir le seuil de l’incontestable par essence divine, un domaine qui ne supporte aucun doute.
Tout débuta de manière incertaine tout autant que floue et invérifiable, ce qui, il convient de le reconnaître, est une excellente entrée en matière. La grande cité marchande et néanmoins ligérienne était sous la menace des hordes normandes, ces monstres sans honneur qui usaient de la Loire pour venir semer la mort et l’effroi. Leur science de la navigation, placée au service de la rapine et du larcin sanglant mettait le pays sens dessus-dessous.
Les orléanais se remirent en construction pensant trouver derrière de solides remparts, la protection qui sied à leur tranquillité. La chose n’est pas nouvelle, Ceno était déjà ceinte d’une muraille de terre et de pieux qui fut remplacée par un mur de défense au quatrième siècle, reconnaissable encore de nos jours avec ses quatre rangées de briques suivies de pierres. Les grapheurs de la fin du vingtième siècle s’en donnèrent à cœur joie pour souiller un vestige de plus de 1600 ans, il n’y a plus de respect !
C’est lors de ces travaux d'amélioration défensive que la Vierge Noire fit son apparition. La statue de bois avait sans doute attendu son heure pour surgir de nulle part et se trouva ainsi fort à propos au cœur de toutes les dévotions. Elle trouva dans l’instant hébergement dans l’église Saint Paul. On peut remarquer que les temps ont bien changé dans cette ville qui reçoit depuis, bien moins spontanément les frères et les sœurs de couleur de la bonne dame. Il est vrai, à la décharge de nos édiles, que la menace ne vient plus du Nord de l’Europe !
Au XI° siècle, les Vikings revinrent faire du tourisme sur nos rives. Ils avaient trouvé refuge et villégiature en Normandie mais n’aimaient rien tant que venir se refaire la cerise en pillant quelques trésors de notre sainte mère l’église. En bord de Loire, ceux-là ne manquaient pas, dissimulés à l’appétit des manants dans les abbayes et les monastères qui poussaient comme des champignons tout au long de la rivière.
C’est lors de l’une de ces sournoises et odieuses attaques que les assiégés crurent bon de compléter leur système défensif en plaçant la statue de bois sur les remparts, face à l’ennemi. Armée de sa seule assurance céleste, la dame protégea un vaillant archer en tendant son genou afin qu’une flèche vienne s’y ficher. L’homme avait été sauvé par le doigt de Dieu ce qui lui donna le droit de tuer en réponse le méchant assaillant. Devant ce prodige, les normands rendirent les armes et rebroussèrent chemin tandis que la statue et sa flèche trouvèrent une nouvelle résidence dans la chapelle des miracles.
Quand une série est placée sous de tels auspices, il n’est pas de raison qu’elle s’arrête en si bon chemin. La Vierge noire était née sous une bonne étoile, elle allait continuer son chemin de gloire, semant la désolation contre ceux qui s’en prenaient à elle. C’est ainsi qu’en 1562, des forbans, des soldats huguenots indisciplinés vinrent tenter l’aventure de lui régler son compte. Puisque la vierge était noire et que de plus elle trônait dans la cité johannique, c’est par le feu qu’elle devait périr. Les soudards furent pendus par le frère de Coligny leur chef pour d’obscurs motifs de discipline. Une fois encore, la vierge noire pouvait voir la vie en rose.
La suite fut du même tonneau. Un gougnafier décréta lui faire son affaire à coup de marteaux. Il s’empara d’elle et la séquestra chez lui. Nous étions en 1793 et le marteau s’avéra impuissant à venir à bout de la statue miraculeuse. Dépité, voyant là l’œuvre du malin, l’homme s’avoua vaincu et rapporta son larcin pour qu’elle retrouve son église.
Puis le ciel en personne se prit d’affection pour la petite statue. L’envahisseur allemand bombarda, le fourbe, notre ville en 1940. Les bombes mirent le feu à l’église des miracles mais les flammes s’arrêtèrent sur le seuil de la Chapelle où était conservée précieusement la Vierge Noire. Elle avait une fois encore montré combien elle était en mesure d’entraver le dessein de tous ceux qui sont hostiles à notre bonne cité.
Depuis, elle attend son heure, toujours sur le pied de guerre pour sauver la ville. Malheur au prochain agresseur. Elle reprendra du service à moins qu’on ne fit appel à sa petite sœur Jehanne. Il ne fait pas bon croiser la route d’une Vierge par chez nous, il vous appartient de retenir la leçon, c’est la seule qui vaille sur les rives de Dame Liger.
Virginalement sien
à consulter => http://theudericus.pagesperso-orange.fr/Donnery/Donnery_Vierges_Noires_Orleanais/Donnery_Vierges_Noires_Orleanais.htm
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