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Accueil du site > Culture & Loisirs > Culture > La conjuration des imbéciles

La conjuration des imbéciles

Les années 80 ce fut le meilleur et le pire. Le début de la fin d’un conte de fées qu’on prolonge.
La tête enfouie dans le sable, je cherchais à la manière de Blaise Cendrars, je ne sais quelle improbable rumeur, dans je ne sais quel problématique gisement.
Si un philosophe ou un psy - ou tous deux - ont des idées, je suis preneur.

Rupture de ton
Rupture de temps disent les vents
Marée haute, marée basse,
Une onde s’esclaffe
Pendant que l’autre file des baffes

Toujours à la recherche d’un refuge, d’une crique où loger le rafiot ou d’un livre que le hasard fait dériver jusqu’à heurter le galet, répandant des pages laiteuses qu’on dégage d’un doigt incertain, vous demandant d’où ça vient et pourquoi cela échoue chez vous, l’oeil du destin louchant la bonne ou la mauvaise affaire, un point de doute inondant la pupille, vous prenez le présent comme une offrande que la curiosité défeuille dans son ignorance.
Je cherchais un endroit où trouver réconfort, les marées se succédant sans que, sous les algues, l’humus vint à réveiller l’appétit, tout en salivant à l’idée d’un bon plat. Tel était mon état d’esprit.

Soudain, un alizé austral ! Étrange dérive.

Doux comme une caresse de femme entre deux soupirs. Rugueux comme le remous de cette mer rétive ayant côtoyé le meilleur et le pire, je me trouvais face à Ignatius J. Reilly, à l’autre bout des son hémisphère.

Ignatius est le personnage central de « La conjuration des imbéciles » d’un certain John Kennedy Toole. Un homme seul qui n’était pourtant pas si seul. Un seul livre. Mais quel carton ! Je ne vous en dirai point davantage. Ni sur sa mort. Ni sur sa courte vie. Ni, non plus, sur le gisement de ses paroles.

De l’humour noir ? Il a une sacrée couleur, l’humour de l’ami John Kennedy Toole ! Puis, ce serait trahir sa mémoire. Car, voyez-vous, il y a des choses qu’on partage bruyamment et celles, plus discrètes, qu’on échange par des réseaux beaucoup plus subtils, dont chacun tire la ficelle intérieure au mieux de sa résistance.

J’ignore, lorsque cela vous arrivera, si jamais cela vous arrive, ce que telle rencontre avec une météorite peut provoquer chez vous, mais, personnellement, il a fini par secouer les frondaisons de mon esprit jusqu’à délivrer les branches de mon arbre comme si l’automne avait soudainement visité juillet ou inversement. Avec Ignatius il faut s’attendre à tout.

Ignatius est ton frère et celui de tout le monde. Ignatius est impatient et parano. Quand il te regarde sous la visière de sa casquette, on sent le danger dans le regard et la détresse dans la prunelle. Quand il convoque Dieu le père à déguster ses chips parsemant sa devanture dieu le père n’a pas intérêt à faire la fine bouche ! Ou à trouver cela hors-norme. Dieu le père est à ses pieds et tel Marie-Madeleine devant Jésus, il essuie les plâtres d’un monde où la clarté manque de lumière !

Quand Ignatius réduit son père à l’initiale point et qu’il garde la maternelle pour aller faire un tour en ville, Ignatius a du courroux à revendre, mais des choses inexpliquées à se faire expliquer. La maternelle aussi.

Que dire de lui ? De l’auteur. Qu’il est mort trop jeune et que l’Amérique l’a célébré trop tard ?
Qu’il est cet ours mal léché que tout le monde redoute et dont chacun porte le numéro de matricule tatoué sur le dos ?
Ce livre a été écrit au début des années soixante.
Si le coeur vous en dit…


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8 réactions à cet article    


  • Olga Olga 14 février 2009 12:05

    Oh que oui, le coeur m’en dit !
    Je vais la relire avec grand plaisir cette Conjuration des imbéciles.
    Et la lecture suivante pourrait très bien être Le destin miraculeux d’Edgar Mint (un petit bijou) de Brady Udall, pour enchaîner sur John Fante avec Mon chien stupide (vous pouvez le croire, son chien est vraiment stupide...). Que de saines lectures... smiley 


    • civis1 civis1 14 février 2009 15:14

      Face à la Conjuration des imbéciles, il n’est d’esprit de maîtrise qui ne s’y rallie.
      Il n’y a de philosophie que du doute et de vraie psychologie que celle qui se garde de toute projection interprétative. Les pérégrinations de l’inconscient ne souffrent d’aucun carcan explicatif et ne se manifestent qu’en se cherchant toujours.

      Voilà ce que peut répondre le philosophe et/ ou le psychologue (ici les deux ) à celui qui , à la manière de Blaise Cendrars, chercherait à donner sens à une quête qui n’en a peut-être pas.
       
      Tout de "braise et de cendres", de questionnements en libres associations d’idées, votre prose suit si bien les deux chemins évoqués ci-dessus que toute proposition de conseil ne pourrait être que suspecte.
      Mais pour me convaincre, elle sait si bien se mettre au service de celle d’un John kennedy dont j’ignorais jusqu’à l’existence, que je vais sûrement aller y voir...
       smiley



      • joelim joelim 14 février 2009 18:18

         La Conjuration des imbéciles est peut-être un des plus grands romans du dernier siècle, comme l’a écrit le "Canard" au moment de sa sortie en France. Le destin tragique de son auteur éclaire d’une amère ironie la qualité humoristique de ce roman.

        Dans la même veine : Eureka Street, de Robert Mac Liam Wilson, réussit le même miracle de mêler poésie, verve, réalisme, humour et folle jubilation.


        • Roche 14 février 2009 23:23

          lu et génial lol


          • herbe herbe 14 février 2009 23:55

            Il est même disponible en livre audio ce qui peut-être assez pratique pour ceux qui aiment ( baladeur, autoradio etc...) :

            http://www.incipitblog.com/index.php/2005/04/09/john-kennedy-toole-la-conjuration-des-imbeciles/



            • herbe herbe 14 février 2009 23:57

              je précise que c’est légal et gratuit comme mentionné d’ailleurs sur le site en question ...


            • franc 15 février 2009 18:26

              Un jour j’ai regardé au hazard un livre dans une grande librairie et tout à coup le titre d’un livre m’a accroché "la conjuration des imbéciles",alors j’ai commencé à lire les premières pages qui me laissaient peu indifférent ,puis j’ai continué pour voir un peu plus et là de plus en plus ,de feuille en feuille,de page en plus ça devenait passionnant et j’étais touché par le personnage--------------------et à partir de la moitié du livre je l’ai trouvé génial 


              • Lediazec Lediazec 15 février 2009 18:43

                @ olga : dès demain je vais commander "le destin miraculeux d’Edgard Mint". Merci.
                @ civis 1 : vraiment touché par votre commentaire. Flatté.
                @ franc : c’est de la même manière que j’ai croisé ce livre et votre déroulé pourrait être le mien.
                Merci à vous tous pour vos commentaires.

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