La foire aux livres
Ce samedi je me rends au Salon du livre, pour y rencontrer un écrivain. D’abord, j’essaie de trouver l’entrée. Les portes principales sont celles des sorties, et beaucoup de gens en sortent. Je me dis donc qu’à l’intérieur on doit pouvoir circuler. Quand j’ai enfin trouver l’entrée, à l’extrême droite, je me retrouve dans des halls gigantesques, sauf qu’on vend pas de la frisée et des patates mais des livres. Des millions de stands quadrillés au millimètre près, où se bousculent des milliers de curieux. Quelle foire, quel cirque ! Je m’attends à tout moment à voir débarquer la femme à barbe ! On circule très mal, quand on circule. Un attroupement monstre, ce doit être un écrivain illustre. Je m’approche difficilement... c’est le mec qui joue le roi Arthur dans la série télé Kaamelot ! Je continue. Je passe devant un stand qui présente... Raymond Poulidor ! Je tourne à gauche, on fait la queue pour des dédicaces... je ne la reconnais pas... je lis le nom sur les livres : Daniela Lumbroso. Méconnaissable. Froide comme la mort et aussi charmante qu’une tong. L’écrivain que j’attendais arrive enfin, il blague avec son collègue à sa droite. Je le salue et lui dit ce qui m’amène ; il se rapproche de moi pour mieux entendre, me fait répéter dans le boucan, et finit par comprendre et me recommande gentiment à sa secrétaire. Il ne peut pas s’entretenir avec moi, il a besoin de se... concentrer. Je le remercie et je m’en vais, ça devient irrespirable. Je manque d’air, non, je manque de littérature. Artaud voulait faire sortir la vie des livres et la répandre dans la rue, parmi les gens... Cette foire du livre fait sortir les livres de la vie, et fait sortir la vie du monde. Et il reste le monde, beaucoup de monde, les mondains, les demi, les quart-mondains, les zéro mondains. J’ai envie de foutre le feu, pour me consoler. J’allume une allumette, une vache passe en trombe à côté, et l’allumette s’éteint. Je me retrouve au milieu d’un troupeau de porcs qui s’est perdu, je hurle pour ne pas périr étouffé. Ils ne m’entendent pas. Mais un miracle se produit... Jean Pierre Foucault passe non loin de là... c’est mon sauveur... Le troupeau se rue sur lui. Je respire. Je file illico vers la sortie. Dehors, il fait froid, il pleut. Le temps parle. Il pleut, il pleure de la littérature et j’en bois à pleine gorge. C’est l’averse, la tempête, et la Foire aux livres s’écroule merveilleusement. 10 000 morts, c’est merveilleux. La littérature n’est pas morte.
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