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La religieuse

L'oeuvre de Denis Diderot a enfin une adaptation digne de ce nom grâce à Guillaume Nicloux, presque 50 ans après une première version du cinéaste Jacques Rivette.

La religieuse est une oeuvre née d'une conjonction paradoxale entre mysticisme, attendrissement et révolte. Ces sentiments entremêlées sont ici parfaitement retransmis au travers de la mise en scène avec une jeune comédienne qui crêve l'écran et émeut aux larmes.

 

SUZANNE UNCHAINED

Ironie du sort ou coup de dé du hasard : Guillaume Nicloux est né précisément l’année où sortait l’adaptation de La religieuse Jacques Rivette, en 1966. On m’avait dit que cette dernière était meilleure que cette nouvelle version, mon expérience l’a démenti (à signaler que je suis un grand admirateur du texte original que je trouve beau, douloureux et transperçant). Cette version rend grâce à la souffrance et à une foi aussi belle que révoltée et sincère qui se dégage de ce texte, tout cela est ici bien mieux communiqué que dans la version antérieure, souvent trop légère et timorée bien qu’également très fidèle d’un point de vue textuelle, mais la religieuse de Rivette, Anna Karina, gardait toujours ses atours et ne semblait jamais réellement en proie à une souffrance inhumaine infligée, autant vous prévenir : ce n’est pas le cas ici.

La religieuse c’est avant tout l’histoire de la pureté mise à mal et d’une liberté et dignité bafouée par une communauté censé représenté elle-même cette pureté et l’amour du prochain. Le récit détaillé d’une longue descente aux enfers dont on ne sort pas indemne.

Et qui mieux que Pauline Etienne, douceur incarnée ; peau blanche, grands yeux bleus, fragilité à fleur de peau, pouvait incarner cette pureté. Casting de grâce entre Louise Bourgoin (ici surprenante en soeur cruelle, presque terrifiante dont la perfidie est trop mal caché derrière son voile et ses sourires), Agathe Bonitzer (on se rappelle sa performance dans le magnifique A moi seule sorti il y a un an, qui racontait également une touchante une libération après un long enfer ; troublant écho), Isabelle Huppert (qui n’a plus à prouver ses compétences pour ce genre de rôles depuis La pianiste de Haneke) et enfin une Françoise Lebrun incarnant la très poignante mère supérieure, Madame de Boni, bienveillante et protectrice pour Suzanne-hélàs rappelée à Dieu trop vite, laissant cette dernière en proie aux pires atrocités.

Il faut mettre un bémol : le film n’est pas parfait. La dernière partie avec Isabelle Huppert dans le rôle de la mère abusive, après le transfert de Marie-Suzanne, souffre de quelques longueurs qui auraient pu être évitées. Et c’est d’ailleurs en contraste avec le récit de la première heure où tout s’enchaîne plutôt bien et rapidement. Mais on pardonne volontiers ces longueurs par une photographie impeccable, une mise en scène soignée et le sens du détail apparent de Nicloux pour les costumes et les décors, ce du début à la fin, ainsi qu’une grande sensibilité manifeste à l’oeuvre originale. La seule prise de liberté est une fin teintée d’optimisme qui ne transparaissait pas dans le roman où il ne restait de Suzanne que les mémoires.

Au final, on a un film très complet tant il aborde avec subtilité les thématiques présentes dans l’oeuvre de Diderot : liberté, foi, danger des excès de la religion ainsi qu’une forme d’héroïsme magnifique ; la capacité pour les êtres blessés à mort de renverser leur situation par leur seul volonté, et qui retranscrit à la perfection “une oeuvre née d’une conjonction paradoxale entre la mystification, l’attendrissement et la colère”. Ici portée aux nues par une jeune actrice qui dégage incontestablement vulnérabilité poignante, entre une adaptation au théâtre universitaire par une comédienne qui m’avait déçu et une Anna Karina bien trop “grande dame du monde” pour le rôle, je suis ravi d’avoir enfin vu une Marie-Suzanne Simonin authentique à l’écran dont on peut palper la foi et la douleur à chaque plan. Une figure du courage et de la vertu profondément émouvante. Splendide et édifiant.

Jules Le Franc

 


Moyenne des avis sur cet article :  4.2/5   (10 votes)




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31 réactions à cet article    


  • La mouche du coche La mouche du coche 21 mars 2013 13:09

    L’article anti-catholique haineux du jour.


    • Anaxandre Anaxandre 21 mars 2013 13:12

       Hors de question que je perde - mes impôts via la redevance suffisent déjà assez ! - un instant devant cette nouvelle attaque anti-cléricale ! On nous a déjà fait bouffer du « Inquisitio » il y a quelques mois, ça suffit ! Défense des minorités et de la Mémoire des uns d’un côté, attaques systématiques de la Culture catholique de l’autre : trop, c’est trop, et trop visible !
       Marre de se faire plus ou moins insidieusement cracher dessus dans son propre pays...
       ...et avec son argent de surcroît !


      • Anaxandre Anaxandre 21 mars 2013 13:24

         Je tiens à préciser pour ceux qui ne m’ont pas déjà lu que je suis agnostique et absolument pas un « militant » catholique ; par contre je sais d’où je viens et quelle est ma Culture : n’en déplaise aux manipulateurs sémantiques, elle est Helléno-Chrétienne, et pas autre chose !


      • Jules Jules 21 mars 2013 13:26

        @La mouche du coche : je suis catholique.


        • Jules Jules 21 mars 2013 13:30

          Par ailleurs, vous auriez pu lire le texte de Diderot au lieu de poster vos âneries. Ou même lire mon article tiens !

          Ce texte et ce film n’ont rien d’anti-catholique, ils sont tout deux magnifiques et racontent la destinée singulière d’une jeune fille qui croit en Dieu mais qui sait que sa vocation n’est pas de prendre l’habit.
          Enfin bon, quand on veut rester un idiot inculte qui polémique dans le vide, on le reste.

          • Anaxandre Anaxandre 21 mars 2013 13:43

             Je laisse de côté vos insultes qui ne vous grandissent pas et je précise que le texte de Diderot est bien plus ambivalent que la lecture simpliste que vous prétendez en faire (j’espère que vous avez un peu plus le sens de l’analyse que ça !) :

             "Diderot est anti-clérical et force volontiers le trait. On ne peut pas prendre son texte pour une relation fidèle de l’état des couvents d’alors. Le texte est un pamphlet sous des allures de roman (...)« 

             Et sans entrer dans un débat sur Diderot, les »Lumières" et la Bourgeoisie contre l’Église, vous ne répondez absolument pas sur le fond et les différences de traitement concernant les grandes religions et leur traitement sur le service PUBLIC.


          • La mouche du coche La mouche du coche 21 mars 2013 19:10

            Vous êtes encore trop jeune pour comprendre ce que j’ai écris mais cela viendra. Ce film est anti-catholique au dernier degré mais c’est réalisé de façon si subtil que vous ne le voyez pas, ce qui est son but. Cela viendra. smiley


          • Jules Jules 21 mars 2013 13:47

            Parce que cela n’est précisément pas l’objet du récit.

            Il y a une dimension pamphlétaire dans le roman, et si moi je choisis de centrer mon analyse sur la dimension héroïque, c’est mon choix d’auteur.

            D’autant plus que vous avez commencé par venir parler de vos impôts sur une critique de cinéma. Je trouve cela un peu déplacé.

            • Oursquipense Oursquipense 21 mars 2013 14:28

              Le vrai terme est anticlérical, pas anti-catholique.
               
              Le propos n’est pas le refus de la religion mais l’absence de vocation à devenir religieuse. Néanmoins lorsqu’on dépeint un clergé où les responsables sont soit stupides, soit sadiques, soit pervers, soit amorphes (les 4 t ypes sont présents dans la bande-annonce) il est bien évident que l’on amène le lecteur ou le spectateur à se demander si ce n’est pas la religion elle-même qui crée ce type de monstres. Là est le hiatus.

              Sinon dès les première secondes de la bande-annonce j’ai su que ce film ne m’intéresserait pas. L’actrice principale a un physique et un jeu déjà vu mille ou cent mille fois. La bande-annonce est assez surprenante puisqu’elle reprend carrément la progression de l’intrigue presque jusqu’à la fin. Si le suspens est autant évacué c’est peut-être parce que le but semble bien de dire que l’héroïne va morfler de toutes les manières possibles et que ce sera un plaisir d’assister à celà pendant plus d’une heure. Pas très sain(t) je trouve.


              • lucmentin 21 mars 2013 14:32

                Jules, je suis entièrement avec toi et laisse à Anaxandre tout son mépris teinté d’imbécilité.

                Hier soir, je suis, avec mon épouse, allé voir le film et j’ai été très fortement touché par la réalité de l’interprétation. Enfin, du vrai texte et de la vraie représentation de ce qu’était la religion à une époque dernière.

                Le texte de Diderot respecté. Non soumis à des interprétations est l’ordre que devrait tenir chaque auteur.

                J’ai en tête, et là je fais diversion, le livre de Hitler « Main Kempf »" dont paraît-il doit sortir de nouveaux tirages anotés comme si chacun n’était pas libre de son jugement et avait besoin d’imbéciles anotés pour comprendre l’incompréhensible, l’incompréhensible étant dans la seule représentation politique du moment et non dans les explications de tendancieux avortés de je ne sais quelle Uiversité.

                Bravo pour le Texte, la Musique, l’Interprétation, etc... et à vous Mr le Cinéaste.


                • Jules Jules 21 mars 2013 20:39

                  La mouche du coche : comme l’a souligné Oursquipense, le terme exact est anticlérical.


                  Je pense que l’on peut effectivement y voir cette dimension mais qu’elle est très secondaire et réductrice de l’oeuvre de Diderot (et par conséquence de Nicloux).
                  Le récit se concentre vraiment autour de Suzanne Simonin et sa destinée tragique. 
                  C’est l’effet que le texte m’a fait quand je l’ai découvert pour la première fois au théâtre, puis quand je l’ai lu et enfin devant ce film.

                  D’ailleurs dans la préface du texte de La religieuse que je suis en train de relire, il est écrit ceci qui me paraît fort juste : « La religieuse a longtemps passé pour un livre obscène et anticlérical. D’obscénité on n’en voit guère, beaucoup moins en tout cas que dans Jacques Le Fataliste. Quant à l’anticléricalisme, il faut montrer qu’il est à la fois très secondaire et limité. »

                  Cela confirme mon sentiment.

                  Quant à la question de la violence, Oursquipense, je dois dire que je déteste moi aussi la violence gratuite qui n’est au service d’aucun propos, là c’est réellement malsain (c’est le cas des films de Michel Franco par exemple, cf son Después de Lucia ). 

                  Mais je peux vous assurer que cela n’est aucunement le cas de l’oeuvre présente qui est une belle démonstration d’héroïsme face à l’abjection, une descente aux enfers et puis une conquête de liberté vécu comme une véritable renaissance avec une splendide dernière image.

                  • La mouche du coche La mouche du coche 22 mars 2013 18:21

                    Vous comprendrez un jour. Cela viendra. smiley


                  • njama njama 21 mars 2013 23:18

                     Vous n’aurez pas manqué de remarquer que dans la famille abrahamique les chrétiens sont les seuls à pratiquer le monachisme qui apparaît vers le III°/IV° siècle en Egypte (saint Antoine qui installa sa sœur selon ses vœux dans une communauté féminine)
                    La vie dans la cité qu’ils considéraient pleine de péchés ... le pur et l’impur, l’obsession judaïque !
                    Cela pose question ... car rien dans les Écritures ne justifie (à ma connaissance) un tel zèle, coercitif au final.
                    Certes, l’homme est libre de ses choix, mais est-ce le bon chemin vu que rien ne les prescrit ? et certes l’homme est libre, de s’autoriser des exercices spirituels surérogatoires, dont certains sont mortifiants.

                    liberté, foi, danger des excès de la religion ainsi qu’une forme d’héroïsme magnifique
                    Et liberté, foi, danger des excès de prendre ces athlètes de la foi pour des héros (des saints) qu’ils ne sont pas.
                    Les principaux Ordres monastiques sont nés derrière des personnages pris pour des saints, dont les itinéraires personnels voire mystiques ont été « codifiés » en Règles ... de saint Benoît (de Nursie), saint Dominique, saint François, Ste Thérèse d’Avilla ... et dans la logique théologique chrétienne du salut par la foi.
                    La scholastique est au mysticisme ce que le sophisme est à la philosophie. Il n’y a pas d’autoroute dans la vie spirituelle. Chacun sa route, chacun son chemin ... chaque destin est particulier.

                    C’est la postérité qui a fait de Didérot un « anticlérical », alors même que le terme était inconnu à son époque. Cet « épithète » n’apparaît que dans la deuxième moitié du XIX° siècle. La Religieuse est rédigée entre 1760 et 1780. Un pamphlet contre l’Église ? pas sûr, Diderot et son époque, c’est encore les querelles jansénistes ...


                    • njama njama 22 mars 2013 00:22

                      Est-ce que des réflexions sur le bien-fondé des cloîtres et couvents, c’est anti-catholique, ou anti-clérical ?

                      Suzanne Simonin est contrainte (hypocritement) par ses parents, puis par ce carcan religieux, finalement reflet en microcosme de la société humaine, et de l’autorité (la violence silencieuse) institutionnelle.
                      La Religieuse, un roman philosophique sur la liberté ?

                       


                      • Jules Jules 22 mars 2013 08:00

                        njama : je suis totalement d’accord avec vos réflexions, merci à vous. :)


                        Et oui, un beau roman philosophique sur la liberté, avant le reste.

                        • Jules Jules 22 mars 2013 08:56

                          Et n’oublions pas que Diderot dit ceci dans ses pensées philosophique de 1746 : 


                          «  On risque autant à croire trop qu’à croire trop peu. »

                          C’est pourquoi en faire un anticlérical sans nuance comme prétendent le faire certains ici ne me semble pas très pertinent. Suzanne Simonin est une croyante fervente qui représente la pureté. La vrai foi en quelque sorte. 
                          Et de plus tout les personnages du roman ne sont pas abjects : il y a Madame De Boni, la première mère supérieur, qui est une sainte et souhaite respecter le choix de Suzanne.

                          • njama njama 22 mars 2013 11:28

                            Bien d’accord Jules
                            Et de plus tout les personnages du roman ne sont pas abjects ...
                            ne fut-ce que pour cette raison on ne peut le voir comme anticlérical ...

                            L’histoire est bien trop « singulière » (simplette) pour prétendre renverser la forteresse du magistère moral de l’Eglise, et ses relations avec « la société civile ». Le roman ne m’apparaît donc pas anti-catholique.

                            La grille de lecture « anticlérical » ne tient pas la route, elle est anachronique avec Didérot. On n’en est pas encore ni au nihilisme politique et / ou philosophique, ni au marxisme, ni à la Calotte . Le jansénisme (appelé aussi l’augustinisme de Port-Royal) remettait autant en cause l’influence de l’Église que l’absolutisme royal, ce courant de pensées se poursuit jusqu’après la révolution. C’est dans cette évolution philologique - de la Renaissance à la Révolution, de la pensée médiévale thomiste à la pensée augustinienne - il me semble - qu’il faut lire l’oeuvre de Diderot. Dans ce contexte houleux et parfois très turbulent des idées réformatrices. 1756, c’est l’Essai sur les mœurs et l’esprit des nations de Voltaire, un document phare sur la philosophie des Lumières, c’est aussi Jean-Jacques Rousseau ...

                            « Aux Portes de Paris », l’événement très marquant pour les esprits qui précède de peu Diderot (1713-1784), c’est tout de même que Louis XIV coupe les vivres aux religieuses de Port-Royal des Champs en 1707, les condamnant à péricliter, et la bulle pontificale qui suit en 1708 et qui ordonne la destruction de cette abbaye cistercienne qui datait de 1204 ... ce qui ne parvint pas à mettre le mouvement janséniste sous l’éteignoir.

                            La Religieuse de Diderot n’a renversé aucun couvent ! ni même soulevé la jupe d’une nonne smiley


                          • pergolese 22 mars 2013 09:28

                            Je ne sais pas si vous le savez mais le film de Rivette a été interdit à sa sortie...Il a même fait l’objet d’une requête du Conseil d’Etat en vue de faire annuler cette interdiction...


                            • njama njama 22 mars 2013 10:35

                              le film de Rivette

                              est visible en entier (2:14:20) ici :
                               http://www.youtube.com/watch?feature=player_embedded&v=2OyBl6ZU2uk

                              Je ne l’ai pas encore regardé, mais cela peut-être très intéressant de juxtaposer les interprétations dans quelques thèmes dans les deux versions ...


                            • Jules Jules 22 mars 2013 10:37

                              Oui, j’ai vu les deux à deux jours d’intervalle et du coup c’est précisément ce que j’ai fait dans mon article ! :)


                              Merci Njama d’avoir posté le lien.

                              • njama njama 22 mars 2013 11:29

                                Merci
                                et bonne journée ...
                                au plaisir de te lire encore ...


                              • Ricquet Ricquet 22 mars 2013 11:44

                                Superbe bande annonce. J’irai voir !


                                Question : Pourquoi ces sujets retords sont toujours ceux de la foi catholique ?
                                Les autres religions sont donc exemptes de controverses ?
                                Y’en a mare, toujours le même angle d’attaque.
                                (ce qui ne remet pas en cause la valeur du film ou son message)

                                Enfin, Diderot au même titre que voltaire et toute la clique, est copieusement critiqué par Marion Sigaut (historienne de XVIII siècle.)

                                • La mouche du coche La mouche du coche 22 mars 2013 18:20

                                  Cet angle d’attaque remet complètement en cause la valeur du film et son message.


                                • Jules Jules 22 mars 2013 19:12

                                  @ La mouche du coche, on ne parle pas seulement d’un film et d’un message mais aussi d’un récit singulier sur un destin(écrit avec une formidable sensibilité et s’ancrant dans un vécu). 

                                  C’est pourquoi la lecture que vous prétendez en faire (et à l’image de vos interventions) est somme toute assez pauvre et réductrice, à la lecture du texte de Diderot, on s’émeut vivement de la confession de Suzanne Simonin...vous aussi peut être que vous sentirez cela un jour à la lecture du texte (plus que comprendre). 
                                  Du moins je l’espère pour vous et vous le souhaite, car cela est infiniment plus édifiant que rester dans des polémiques de surface en réitérant des propos condescendants inculpant la prétendu immaturité de son interlocuteur et essayant tant bien que mal de l’agacer. Vous faites fausse route et vous persister sans lire des avis ici pourtant bien plus constructifs. 
                                  Par ailleurs, je doute fortement de votre lecture du texte.



                                  • Jules Jules 22 mars 2013 19:17

                                    @Ricquet : en effet la religion catholique a une histoire morale très lourde et très longue. On parle moins des autres religions car elles sont moins représentées au travers de l’histoire (occidentale). Des martyrs, des privations, de la souffrance mais aussi de la tendresse, du mysticisme et de l’amour (Sainte-Thérèse d’avila, Marie-Madeleine...) autant de figure éminemment littéraire.


                                    Mais une fois encore, ce récit n’est pas une controverse sur la religion.

                                    • bakerstreet bakerstreet 22 mars 2013 19:43

                                      On voudrait bien que le cinéma français ait un peu plus de culot que de sortir les classiques du carton.
                                      Rien à dire sur le livre qui est un chef d’oeuvre.
                                      Je n’irais pas donc voir ce film qui n’a rien à voir avec les enjeux actuels de la société.
                                      D’ailleurs aucun film français pour trouver grâce. Marre des promotions assuré par les têtes de gondole à la radio à la télé. Ce système me courre avec ses relations incestueuses et son copinage, qui nous amené le gros depardieu dans le mur, cet espèce de cancer qui a échappé à ses maitres.

                                      Hier soir j’ai été voir un petit chef d’oeuvre :
                                      Wadjda, le premier film de la saoudienne Haiffa Al Mansour.

                                      Ah, voilà un film qui a la grâce, qui nous parle de l’enfermement, justement tiens....Et d’un esprit fort, cette fillette têtue comme pas une, et qui a décidé qu’elle aurait un vélo malgré les règles imposées aux femmes..

                                      .Une sorte de religieuse qui refuse le voile à sa manière.



                                      • njama njama 22 mars 2013 21:49

                                        @ bakerstreet
                                        Je n’irais pas donc voir ce film qui n’a rien à voir avec les enjeux actuels de la société.

                                        Qu’en pense Holmes ?
                                        Allez savoir ce qui se passe sous son chapeau ? rien à voir avec les enjeux de la société actuelle ? pour une œuvre intemporelle - Rien à dire sur le livre qui est un chef d’oeuvre. - c’est vite dit ...
                                        Au plaisir aussi de vous lire.
                                        Tous mes encouragements à Jules, pour son 2° article ... la valeur n’attend pas toujours le nombre des années. Je partage avec lui que c’est un beau roman philosophique sur la liberté. Bravo Jules !

                                         


                                      • bakerstreet bakerstreet 22 mars 2013 22:08

                                        njama

                                        Je reconnais ne pas être très objectif dans ce billet d’humeur.
                                        Parfois mes doigts volent plus vite que ma pensée.
                                        Cette phrase n’a effectivement pas lieu d’être. La religieuse, tout comme les œuvres de Shakespeare restent effectivement d’une modernité incroyable.

                                        Ceci dit le parallèle fait avec le film de cette saoudienne, qui a du se confronter à mille difficultés pour faire son film, n’est pas inintéressant : Même sociétés patriarcales, mis en coupe des femmes, et le parallèle des voiles catholiques et musulmans a quelque chose de troublant.
                                        De même que la vitalité et l’intelligence de ces deux jeunes femmes, autant que cet amour de la vie qui veut triompher de la censure et des baillons.
                                        Il arrive que les plus belles fleurs poussent entre les pierres, dans les déserts les plus ingrats


                                      • Jules Jules 22 mars 2013 20:20

                                        @ bakerstreet : en effet, Wadja est un petit bijoux d’authenticité, beau et émouvant dans un tout autre style narratif et contexte. Mais je l’ai beaucoup aimé aussi.


                                        • bakerstreet bakerstreet 22 mars 2013 22:28

                                          Jules : La bicyclette dans ce film, objet parfait on ne peut mieux, ne semble produire que des chefs d’œuvre, quand on la place en haut du box office.
                                          Le film « Wadja » m’a ramené ainsi à un autre trésor du cinéma :« La bicyclette » de Vittorio de Sicca !
                                          Par son épure et son économie, la bicyclette nous ramène à l’essence des choses et des désirs.
                                          Tati l’avait traité lui aussi avec beaucoup d’attention et d’intelligence, dans « jour de fête ».

                                          Les chefs d’œuvres, comme les vélos, se construisent parfois avec peu de choses, pour arriver à cet équilibre divin qui vous fait tenir debout, alors que logiquement vous devriez tomber  !
                                          Mais quand on dit ça, on sait que l’on va curieusement traiter de l’essentiel, dans ce retournement moderne des mots et des valeurs.
                                          Il n’y a rien que le minimalisme pour parler de l’universelle !
                                           Et la construction de « la religieuse », dans son dépouillement dramatique, qui  ne s’encombre de rien de superflu, nous parle ainsi au plus serré du courage, et des ressources que l’on peut trouver en soi , quand on est soumis à l’arbitraire, et que l’on a que son intelligence, son courage et assez de raisons trouvées pour s’en sortir.


                                        • Jules Jules 22 mars 2013 23:10

                                          Oui, superbe analyse ! Merci beaucoup.

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