La Source Pérenne, le parcours païen de Christopher Gérard
Ce nouvel ouvrage de Christopher Gérard peut se lire comme une série de confidences voire comme le chuchotement derrière l'épaule des dieux. En tout cas, le lecteur est convié à tendre l'oreille et à déchiffrer les messages contenus dans les entre-lignes du texte. Telle est l'impression qu'inspire l'ouvrage, un livre tissé d'anecdotes biographiques qui invite le lecteur à relire les siennes.
Pour ce faire, il convient, au milieu de la prose des jours et des obligations de plus en plus chronophages, de se remettre à l'écoute de ce qui nous précède et nous appelle secrètement. En d'autres termes, même si, comme l'écrit Denis Lindon, "Les dieux s'amusent", prenons-les, tout de même, au sérieux. Ce sérieux que la littérature nous dévoile avec son apparente frivolité...
Les citations latines qui émaillent l'ouvrage sont un peu comme les vieux meubles dans une maison, elles donnent une présence, une historicité, mais ne doivent pas effrayer le lecteur : l'ouvrage n'est pas un livre "savant". Il serait même de l'ordre du témoignage, voire du manuel pratique. Le "paganisme" du romancier Christopher Gérard n'est jamais une lubie d'intellectuel. "Un coucher de soleil en forêt, la contemplation de la lune dans une clairière enneigée, un grand feu, demeurent des expériences du sacré" écrit-il à la page 59. La toile de fond, c'est la quête identitaire : "Tout jeune, j'avais compris qu'il n'existe qu'un empire, l'imperium romanum" dont je me suis senti le feal citoyen" (p. 78).
Si l'on peut opposer les "pensées à chemin" des "pensées à système", l'ouvrage (réédité pour la troisième fois dans des versions augmentées) n'est assurément pas du côté des secondes. Dans cet ouvrage cheminant, on retrouve l'antique formule germanique : "Der Weg ist das Zeil" : le chemin est le but.
Or, la notion de chemin implique des parcours sinueux, des panneaux indicateurs, des "holzwege" où l'on se perd, des fontaines et des auberges. Comment se retrouver dans cette forêt de symboles ?
Commençons par le prénom de l'auteur comme si les prénoms avaient partie liée avec les missions de vie. Je dirais que celui qui aide à traverser le fleuve - "Christopher" (christophoros) - se retrouve thématiquement inscrit dans l'ouvrage. Né dans le Bronx de New York, l'auteur "traverse" l'océan pour rejoindre l'Europe de ses ancêtres, plus précisément cette Belgique dont le nom est originé dans Belenos, dieu de la lumière. "La Belgique (entre Meuse, Rhin et Escaut), constitue une réalité depuis plus de vingt siècles", précise l'auteur à la page 48. On est donc loin du concept condescendant de "pays tampon" souvent raillé par les Français parce que créé par des Britanniques après les invasions napoléoninennes.
Notons que l'auteur est né sur l'autre rive. Il y a donc quelque chose de destinal dans son parcours.
L'auteur nous prévient : "Mon livre a pour ambition de revivifier la première fonction, spirituelle". Il n'est pas inutile de rappeler que la royauté de la France provient elle aussi de l'autre rive de l'Escaut, en Belgique. En tout cas si l'on admet que Clovis, premier roi des Francs, est bien né à Tournai, qui se trouve sur le territoire belge. Là encore, le livre de Christopher Gérard nous aide à traverser le "fleuve". Au-delà, se trouvent nos racines et les abeilles de notre souveraineté.
Un ouvrage à recommander à tout chercheur, païen ou non. A lire entre Mémoire Vive de Alain de Benoist (indispensable) et Faut-il brûler Dumézil ? de Didier Eribon (essentiel).
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