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Accueil du site > Culture & Loisirs > Culture > « Le Deuxième souffle » : un remake doré sur tranche

« Le Deuxième souffle » : un remake doré sur tranche

Sortie mercredi du remake du film de Melville d’après le roman de José Giovanni, lui-même réalisateur dont Alain Corneau fut l’assistant, c’est lui qui se colle à cette tâche iconoclaste...

Après Le Deuxième Souffle de Melville, il était impossible de faire mieux et même aussi bien, dans ces conditions, le remake d’Alain Corneau n’est pas mal, comme on dit, avec un parti pris de faire du beau, du stylé, du daté années 60. Une image cuivrée a remplacé le noir et blanc pour être à la fois dans l’époque et hors époque, des ralentis ont été empruntés aux films d’action asiatique pour moderniser l’ensemble.

Gu manque de louper son évasion de la prison en hésitant à sauter d’un mur, un complice l’aide, mais des trois évadés, deux seulement en réchappent.
Pendant ce temps, dans la boîte de la belle Manouche, trois tueurs font le ménage, le caïd amant de Manouche est abattu, son garde du corps riposte, un des tueurs mord la poussière, c’est le « détail » qui va enclencher la mécanique tragique. Car ce tueur-là n’était pas n’importe qui, mais le comparse de Venture Ricci, truand de l’ancienne école dont le frère, propriétaire du Ricci’s bar, est une crapule. Pour preuve, après la tuerie de la boîte, le frère de Ricci envoie illico deux acolytes minables dévaliser Manouche, devenue veuve, mais malheureusement pour eux, ils tombent sur Gu... Après avoir liquidé les deux malfrats, Gu s’apprête à faire subir le même sort au frère de Ricci, mais dix ans de prison l’ont pétrifié, il renonce.


Le personnage de Gu est un homme cassé, détruit de l’intérieur, qui répète à Manouche « j’ai joué et j’ai perdu ». On comprend qu’il s’est effondré en prison, a refusé que ses amis organisent son évasion quelques années auparavant, s’est comporté comme « une loque » d’après la rumeur. Pourquoi s’est-il évadé aujourd’hui avec le projet affiché de refaire sa vie avec Manouche, on ne sait pas. Sans doute pour se racheter une image d’homme d’honneur vis-à-vis de lui et des autres. Car Gu a un comportement presque suicidaire : il ne prend aucune précaution, il se promène à l’air libre, il tue ses victimes avec la même arme, contrairement à la règle de changer de calibre pour chaque crime, ce qui permet au commissaire de retrouver sa trace... Surtout que les temps ont changé et le "code d’honneur" des bandits a disparu, ce qui met Gu hors jeu d’entrée... Par l’entremise d’un certain Orlof, Gu, accablé de dépendre de l’argent de Manouche, accepte pour se refaire de participer à un hold-up sanglant avec Venture Ricci à qui il manque un homme (le tueur tué du début). Mais non seulement, l’affaire va mal tourner, mais le pire va arriver à Gu : piégé par la police, il passe pour une balance aux yeux de tout le milieu.


Les différences Corneau/Melville, avantages et inconvénients :


Remplaçant l’irremplaçable Lino Ventura dans le rôle de Gu, qui pourtant ne convenait pas à l’auteur José Giovanni*** qui le trouvait trop costaud pour l’emploi, Daniel Auteuil a adopté un nouveau style, débutant, il surjouait (les comédies), dans les Claude Sautet, il avait tout gommé (sa meilleure période), ici, il grimace, il roule des billes, il en fait trop. Outre un Gu plus fragile que dans la version de Melville, la grande différence de scénario est l’hypertrophie du personnage de Manouche qui prend presque autant de place que Gu, la plantureuse Belluci prenant la relève de Christine Fabrega (version de Melville) qui était loin d’être un top model... Une idée qui nuit considérablement à l’ambiance polar noir. La love story n’est pas soluble dans le polar noir, film macho, film viril, film d’hommes où la femme est absente ou fatale, quasi abstraite.

*** José Giovanni auteur et lui-même réalisateur de films dans les années 70 comme Dernier domicile connu avec Lino Ventura, La Scoumoune avec Belmondo ou Deux hommes dans la ville avec Delon.

Les points faibles : le film a un grand défaut, bien qu’il soit remarquablement bien filmé, il est plat, se déroulant comme un parchemin. Second défaut, il est froid, bien qu’enveloppé dans des tons chauds caramel, traité d’un point de vue esthétique avec un grand soin de reconstitution de l’époque (voitures comme la DS, la 404, etc.), on reste totalement extérieur à ce qui se passe, sans empathie pour les personnages. Troisième problème : l’interprétation : excellente pour les seconds rôles : Jacques Dutronc (Orlof), Nicolas Duvauchelle (Tony), Gilbert Melki (le frère de Ricci), Daniel Duval (Venture Ricci), Michel Blanc (le commissaire), le couple star n’est pas renversant, Auteuil (Gu) surjoue et Monica Bellucci (Manouche) défile (coiffée décoiffée blond jaune comme Bardot dans des robes années 60 superbes, très bien le look) avec son sempiternel regard mouillé (exactement le même que dans Shoot’em up).


Les points forts : les seconds rôles, l’image, la lumière, un film plutôt agréable à regarder, à observer...


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7 réactions à cet article    


  • Sandro Ferretti SANDRO 23 octobre 2007 16:29

    Un polar avec Dutronc et Daniel Duval ne peut pas étre entièrement mauvais....


    • .TAL.L 23 octobre 2007 18:24

      Surprenant que Lino ait tenu ce genre de rôle, non ? Homme cassé, détruit de l’intérieur, c’est la version bulldozer ? smiley J’aurais mieux vu Philippe Leotard là-dedans.


      • Vierasouto Vierasouto 23 octobre 2007 20:43

        Oui, avec Lino Ventura, ça changeait tout, c’est le choix de Melville et je pense qu’il a eu raison, Alain Corneau, lui, a voulu coller au livre de José Giovanni et ça donne une belle copie rétro sans vision personnelle du film. Philippe Léotard, trop cassé sans doute, le personnage de Gu est double à la fois ce qu’il était autrefois et ce qu’il est devenu, ça alterne.


      • .TAL.L 23 octobre 2007 23:38

        Hmm, ce qu’il était autrefois et ce qu’il est devenu, ça alterne. Tu me rappelles quelqu’un là. Et je te suis sur le truc de la femme fatale qui, mise trop en avant, casse la virilité du polar. D’autant que dans la réalité, le truand « classique » est le + souvent très macho.

        Je n’irai donc pas voir ce remake, et j’espère qu’on redonnera l’original un de ces 4. Je viens de revoir Lino avec Bourvil, Michel Constantin et Marie Dubois dans Les grandes gueules. Une histoire à l’eau de rose smiley


      • caius 24 octobre 2007 10:58

        Paul Meurisse est également excellent dans le rôle du commissaire.


        • jamesdu75 jamesdu75 25 octobre 2007 01:53

          Je ne pourrais pas voir ce film pour l’instant mais j’ai vus Shoot them Up. C’est un pur nanard burnée sans rien d’autre mais marrant.

          Merci pour votre article mais avec tout les bon scénrio et roman a adapté ca vous saul pas tout ces remake ?????

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