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Accueil du site > Culture & Loisirs > Culture > Le film de Quentin Dupieux, un « Steak » 100 % avarié ?

Le film de Quentin Dupieux, un « Steak » 100 % avarié ?

AgoraVox, chers lecteurs : Chivers !

Si je peux me permettre, je crois que le public est un peu passé à côté du film-tripes de Quentin Dupieux/Mr Oizo (DJ connu du grand public pour son tube Flat Beat sorti en 1999), qui vient, hélas, de se viander dans le (faux-)filet du box-office - on parle, pour ce film pour le moins hermétique, décalé, private-joke et vintage, de 260 000 entrées en quinze jours ; ce qui n’est pas si mal, vu son côté crypté et lo-fi ! mais, au final, sa carrière en salle devrait s’arrêter, tout au plus, aux alentours des 500 000 entrées, ce qui est peu par rapport à certains scores précédemment élevés d’ErikéRamzy les Dalton, La Tour Montparnasse infernale...).

Pour cette tranche de Steak ô combien ramassée (1 h 22 seulement), lors de la Fête du cinéma en juin dernier, j’ai même vu des gens, par « grappes » entières, sortir de la salle UGC ! Dommage, c’est une comédie burlesque atypique, à la fois débile et auteuriste, audacieuse et attachante, à laquelle il faut, pour bien la savourer, « laisser du temps au temps » comme nous invite à le faire, d’ailleurs, la BO « electro-clash » de Mr Oizo et de Sébastien Tellier - faite de sons robotiques qui tapent et de boucles électriques qui radotent (pour un tout assez minimaliste mixant du disco-pop pour les voix, Daft Punk ou encore Aphex Twin). Il faut aussi souligner ici, que pour une fois, dans le style comédie franchouillarde, Dupieux tranche dans le lard, on n’a pas affaire à un rire gras saignant avec package style Côte d’Azur/montage épileptique façon Formule 1/Club « Merde » mais, davantage - de par sa photographie froide (ciels gris, vitres fumées, couleurs automnales...), ses plans-séquences, ses cadres radicaux, sa lenteur assumée et sa thématique plutôt noire (les ravages de la chirurgie esthétique dans un monde futuriste et disneylandisé) - à un film-viande faisandé, mortifié, mais en aucun cas à une viande creuse, sans pour autant se la jouer pensum critique sur " la société-des-apparences-et-tout-le-toutim ".

Pitchons un peu : en 2016, la mode et les critères ont beaucoup changé, une nouvelle tendance fait des ravages chez les djeun’s : le lifting du visage, et le nec plus ultra de la branchitude suprême, c’est d’obtenir les faveurs d’une bande de winners-caïds liftés à l’extrême : les Chivers (!) qui portent des bottines en cuir et autres blousons rouges façon campus américain, font griller des marshmallows dans la forêt, jouent à un jeu sado-maso débile fait de battes de baseball combinées à du calcul mental et boivent du p’tit lait en guise de vodka-red bull, tu parles de post-rebelles, yeaaah, de vrais glandeurs XXL !

Mais le film ne serait que cela, une pochade de potaches, il serait sympa tout au plus. En fait, en y regardant de plus près, il est plutôt malsain (comme vicié de l’intérieur, n’avançant pas vraiment, une sorte de steak juteux et avarié à la fois), ce qui est assez rare dans le registre de la comédie hexagonale. Excusez du peu, ce film-hamburger, à l’esthétique bif(high)teck ou rétro-techno, mixe en 80 minutes seulement massacre collectif, internement psychiatrique, abandon familial, crise d’identité, rejet amical, chirurgie esthétique de barbares (visage tiré à l’agrafeuse, encore plus fort que Brazil  !), mutilation, passage à tabac : la totale, quoi !

En outre, ce Steak, tour à tour rouge ou bleu (photo travaillée à la Twin Peaks ), se la joue aussi tartare - il dresse le portrait condensé et cru d’une société outrageusement américanisée, avec un culte de l’image-blason qui fait l’identité, via une satire habile sur les dérives de la chirurgie esthétique d’apparat. Nous, êtres humains, serions des steaks (il faut bien trouver un rapport entre le titre du film et l’histoire narrée !) ou plutôt des visages viandés par excès d’images Canada Dry. On pense alors au visage-patchwork in progress de Michael Jackson/Bambi/Jacko (d’ailleurs, Ramzy en Chivers ou en momie - le visage bandé façon l’Homme invisible - fait penser, en creux, au Michael de Beat it & consorts) et, surtout, à une certaine culture électro, celle de Mr.Oizo and Co justement, où l’on conçoit le masque comme la meilleure alternative possible, face aux célébrités factices qui veulent être connues pour être connues, pour préserver l’anonymat, et donc le mystère, l’imagination. Aujourd’hui, tout est montré, expliqué... jusqu’à la gerbe.

Alors oui, je crois que ce Steak, au fond, vient chasser dans le même terrain de je(u) qu’Electroma, le film-trip(es) barré des Daft Punk, avançant définitivement masqués, où l’on voit dans le désert californien, après une station à Robot Town et à son mystérieux laboratoire de chirurgie esthétique, deux robots mélancoliques cherchant à devenir des hommes en essayant des masques humanoïdes (des steaks qui fondent au soleil), mais qui, in fine, après avoir tenté vainement de se faire greffer des visages humains, s’enfoncent alors, avec leur voiture noire immatriculée Human, dans la Death Valley, pour se faire sauter la caisse à fusibles. Bref, Human after all, plus humain que machine (ou image formatée) après tout, c’est ce que nous dit aussi ce film comique d’anticipation (un nouveau genre est né ?!) d’Eric et Ramzy, à point entre le Steak-Freaks et le Steak-Frites, alors certes c’est pas le pavé (dans la mare) extra-faim du siècle, mais c’est pas non plus, me semble-t-il, un simple morceau de bidoche - voire une daube ! - à snober, tout juste bon à accrocher à un crochet de boucher.

Alors, à vous tous, prenez rapido votre pied : Bottine !

 


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9 réactions à cet article    


  • tvargentine.com lerma 1er août 2007 15:34

    Voila l’exemple type des films « français »

    Nul ,mais nul, ...que le réalisateur sent fout complétement puisqu’il a déjà touché l’avance sur recette et ses subventions.

    En parallèle ,nous voyons du vrai cinéma avec les films américains qui sortent depuis le début de l’année et qui cartonnent,car ils sont de qualité et permettent aux spectateurs (au prix du billet !!! normal ) de pouvoir oublier les problèmes de la vie quotidienne durant 2 heures

    Alors,oui,Monsieur le Président,utilisez votre karcher pour nettoyer le cinéma français en supprimant tout subventionnement de films (débile comme celui-ci) et d’arrêter les magouilles des intermittents du « spectacle »


    • mr.powers mr.powers 1er août 2007 19:14

      Voila l’exemple type du mec qui commente sans avoir vu le film Nul ,mais nul, ...que le commentateur sent fout complétement puisqu’il a déjà réussi à donner son opinion, ô combien plus importante que le film en question. En parallèle ,nous voyons une aoplogie chère à TF1 des films capables de faire « pouvoir oublier les problèmes de la vie quotidienne durant 2 heures ».

      Alors,oui,Monsieur le Modérateur, utilisez votre clavier pour nettoyer le forum agoravoxien en supprimant tout commentaires du site (débile comme celui-ci) et d’arrêter les magouilles des commentateurs qui croient que, d’une critique de film, on peut en tirer de grandes leçons de gestion culturelle


    • RemiZ 2 août 2007 10:15

      J’ai compris votre probleme Lerma : vous n’avez aucun gout ! Pour rien !

      Vous avez tellement de problemes dans votre quotidien que vous allez au cinema « pour les oublier » ! Pas pour apprendre, pas pour etre surpris, pas meme pour rever. Juste pour oublier...


    • Julien Julien 2 août 2007 15:54

      Dans le monde idéal de Lerma, la seule culture autorisée sera celle qui se vend : Transformers et la Star’Ac...

      Super, j’en trépigne d’impatience... smiley


    • Julien Julien 2 août 2007 16:07

      « il est plutôt malsain (comme vicié de l’intérieur, n’avançant pas vraiment, une sorte de steak juteux et avarié à la fois) »

      Pas vraiment surprennant, ça correspond pas mal à la musique de Mr Oizo je trouve : derrière le glamour et les paillettes d’un titre comme Flat Beat (très bon par ailleurs, bien qu’il date de 99, je le joue encore fréquemment en soirée), on trouve dans sa discographie des morceaux beaucoup plus torturés, barrés, aux antipodes du dancefloor. Il suffit d’écouter l’album « Moustache (Half a Scissor) » pour en être persuadé.

      En tout cas l’article est très bien écrit, je vais essayer de voir si ce film passe pas trop loin de chez moi, vous m’avez donné envie. smiley


    • Bardamu Bardamu 1er août 2007 19:43

      lerma, vous etes un peu pathétique en fait...

      Enfin un avis positif sur ce film ! Je l’ai beaucoup aimé, j’ai trouvé ça décalé, derangeant, original. Un vrai pavé dans la mare du cinema français, une comedie interessante, qui sous ses airs abstraits abrite une critique de la jeunesse, de cette espece de recherche de la perfection, de la pureté (le passage à tabac de Georges le montre bien), une veritable fuite en avant. C’est aussi un film sur l’acceptation par les autres.

      Voila j’ai bien aimé quoi, une comedie un peu intelligente (si on veut bien prendre un peu de recul sur le film en lui meme).

      Eric et Ramzy sont tous les deux tres bon, ça fait plaisir de les voir dans un film un peu mieux que « Les Daltons » ou « Double Zero ». La photo est reussi, la bande son aussi (preparée par trois artistes de l’excellent label d’Electro Ed Banger, ce n’est pas une surprise). J’ai passé un bon moment avec ce film.

      Merci à l’auteur d’accorder un peu de credit à ce film qui s’est fait demolir par la critique.


      • lloran 2 août 2007 01:40

        Un seul mot pour définir ce film : RIEN

        Je ne comprends pas qu’on puisse subventionner ce genre de film qui n’apporte rien et qui abrutit encore plus le spectateur.

        Cela donne même pas envie de commenter du vide !!!! smiley


        • Nicolas 2 août 2007 11:56

          Article très (trop ?) bien écrit, les métaphores viandesques lui donnent tout son gout !

          Et contrairemnent à un commentaire précédent, ça me donne très envie de le voir ! Ainsi que celui des Daft Punk dont je n’ai jamais entendu parler...


          • patroc 2 août 2007 12:48

            Pas vu le film mais article très bien écrit !...

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