Le lieutenant Colombo était Franc Maçon

En fermant Un maçon franc, dernier livre en date de Christophe Bourseiller, on ne peut s’empêcher de penser que ce type a eu une drôle d’existence. Rien de péjoratif dans ce mot - « drôle » - plutôt de l’admiration. Disons qu’a 53 ans il a eu une vie bien remplie.
Les cinéphiles savent qu’il a tourné avec Yves Robert, son mentor (premier rôle dans La Guerre des boutons, en 1962) puis avec Godard, Lelouch, Jacques Demy, Ribes jusqu’à Liza Azuelos (réalisatrice de LOL), en 2009.
Le public des salles obscures ne sait pas forcément que Christophe Bourseiller, avec sa bouille ronde et ses lunettes d’intello (il doit porter des lentilles, désormais), étudie de près les mouvements politiques extrêmes et qu’il leur a consacré, de la gauche de la gauche à la droite de la droite, quantité d’ouvrages passionnants.
Car ce qu’ignoraient ses admirateurs et lecteurs, c’est que Christophe Bourseiller a été Franc maçon. Il est entré en loge en 1984 et en est sorti en 2000. Frère pendant seize ans, il l’avait toujours caché et le révèle dans un petit livre (par la taille) fort bien troussé qui dessine en filigrane le portrait d’un jeune homme des années 80. Les aînés ont fait 68, mais nous, quel est notre titre de gloire, s’interroge Bourseiller au début de son « récit secret » (appellation ironique puisque le livre est voué, comme tout ce qui porte aux Frères Maçons, à un grand succès).
Soyons clairs. Un maçon franc n’explique pas comment entrer en loge (c’est d’ailleurs très simple), ne dévoile rien des rituels grandiloquents, bref ne révèle rien sur la Franc Maçonnerie et ses diverses obédiences que l’on ne sache déjà.
Il replace aussi la Franc Maçonnerie, objet de tous les fantasmes, à sa place, celle d’une société composée d’hommes, avec des problèmes d’hommes, donc, comme disait Léo Ferré, « des problèmes de malentendus ». Avec des conflits personnels, des individualités parfois incompatibles entre elles.
Disons-le tout net son récit est cocasse. Je ne sais pas si l’auteur s’était fixé ce but, mais c’est assez drôle de le voir tomber et naviguer vaille que vaille dans une loge qui paradoxalement prône la pensée de Julius Evola.
Lorsqu’il parle de ses frères maçons l’auteur ne cite évidemment aucun nom et maquille les prénoms. Ses portraits sont vifs et parfois proches de la caricature.
Il ne faut pas être doué d’une formidable perspicacité pour deviner que derrière Roger se cache Serge Sauvion alias la voix française du lieutenant Colombo.
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