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Le nouveau Françoise Hardy dans les bacs...

La chanteuse la plus sentimentale de la chanson francaise sort un nouvel album « la pluie sans parapluie » à son image : toujours actuel mais sans trop compromettre à la mode, personnel, comme toutes ces chansons-messages qu’elle susurre, chuchote, geint depuis presque 50 ans...

Gainsbourg a dit d’elle qu’elle avait eu une carrière plus élitiste que la sienne...
Francoise hardy n’a en effet quasiment jamais dérogé - à quelques rares exceptions près- à sa ligne artistique : celle de chanter l’amour malheureux.
Elle a dit souvent n’avoir jamais écrit pour un public. Ces chansons sont toujours adressées à quelqu’un : celui qu’elle aime. C’est ce qui sans doute rend son univers si personnel, si authentique. Quand on écoute Françoise Hardy, on ne perçoit ni tricherie, ni faux semblants. mais surtout, bien qu’elle écrive très bien, ce n’est pas une chanteuse à texte. Elle a grand soin de choisir les mélodies sur lesquelles elle écrit. Et dit souvent à juste titre que la mélodie compte bien plus que le texte, en citant l’exemple des chansons anglaises auxquelles on ne comprend rien mais dont on ressent le sentiment...

Elle a raison. Ce sont les mélodies irrésistibles qu’elle choisit, languissantes et entêtantes, qu’on aime d’abord retrouver dans ses nouveaux albums. Sa voix, ensuite, car aucune de ses mélodies qu’elle choisit si farouchement n’a la même couleur, chantée par un autre. Elle a sa petite musique à elle, une couleur de plainte, bien à elle...Elle réussirait à chanter « Alexandrie Alexandra » avec sensualité ! Avec la pluie sans parapluie, son talent d’interprète est de plus en plus affirmé avec l’ âge. Sa voix vieillit comme celle d’Henri Salvador ; de plus en plus suave, enivrante.

Et Les mots enfin, qu’on réalise si bien choisis, une fois la mélodie en tête. 
Petit come back sur la carrière de la chanteuse...

Françoise Hardy débute en 1962, à 18 ans, où elle connaît un succès fracassant et immédiat avec "tous les garçons et les filles". L’époque n’est pourtant pas toujours tendre avec ces jeunes idoles... Soupçonnés souvent de n’être que des produits de consommation pour teenagers, à l’heure où la télévision entre dans les foyers, où l’industrie du disque explose, la chance est laissée néanmoins aux artistes débutants. Preuve en est : Françoise Hardy a un talent indéniable et , originalité, elle écrit et compose ses propres chansons, mais ses deux premiers albums sont assez mauvais - elle le dit elle même-. Elle est encore très jeune, elle cherche sa voix, les arrangements sont moyens...A 20 ans, elle décide alors d’ enregistrer ses albums à Londres où les musiciens et les arrangements sont plus novateurs, selon elle. Son flair artistique est évident, son exigence et son perfectionnisme aussi. Elle sort son troisième album avec le très beau " Mon amie la rose". La voix trouve son espace, son style est dessiné. La même année, elle compose " all over the world", chanson digne des plus belles chansons lentes d’Elvis Presley, et fait un tabac à Londres où sa chanson reste des semaines en première place des charts. Elle devient alors véritablement une star. Des Rolling Stones à David Bowie, Bob Dylan qui lui fait écouter dans sa chambre d’hôtel" just like a woman" qu’il vient d’enregistrer, elle est demandée par tous, y compris les grands couturiers qui voient en sa silhouette résolument moderne toutes les lignes de couture d’avant garde. Elle sort un album par an, chaque fois de plus en plus affirmé dans le style. Elle fait de sa voix de peu de souffle une sorte de mélopée étrange, aquatique et aérienne à la fois. Bref, elle trimballe un mystère indéniable qui la différencie de ceux de sa génération. Etrange chanteuse qui fuit la scène au fait de sa gloire - elle a alors 24 ans- pour se consacrer aux seul travail de studio de ses albums...
 
"un paradoxe sur deux grandes jambes" comme la nomme jean- marie Périer, son compagnon de l’époque et photographe phare des sixties.
Plus libre de se consacrer à ses albums, elle retire un pied du star system au début des années 70 et réalise des albums dits cultes aujourd’hui. Moins grand public mais à la qualité artistique rigoureuse. Elle sort " la question" en 1971, superbe album aux accents brésiliens, étrange, aux arrangements somptueux et qui reste aujourd’hui une référence chez beaucoup d’artistes.
" l’éclairage" l’année suivante , un album de blues mâtiné de country, aux textes drolatiques, entièrement écrit et composé par elle. " Entracte" en 1974, album sur les virtualités d’une inflidélité plus ou moins fantasmée. Elle sort " message personnel" en 1973 de berger qui se révèle un tube.
 
Répugnant à la promotion de ses albums qu’elle considère de plus en plus comme une corvée, arrivant à un âge - 44 ans à l’époque- qu’elle considère mûr pour cesser de chanter des chansons de "midinette", elle annonce que son album " décalages" , en 1988, sera le dernier.
 
Elle reviendra, 8 ans après, avec un album semblé sortir des affres de l’enfer, "le danger" un album majeur dans sa carrière, une oeuvre sûrement "nécessaire" comme il y en a peu dans une carrière d’artiste. " Dix heures en été", chanson clin d’oeil au roman de marguerite duras, est une de ses chansons les plus belles. Une sorte de dernière tempête passionnelle avant le crépuscule...
 
Tous ses albums, par la suite, "Clair obscur", l’excellent "Tant de belles choses", ou le dernier album de duos "Parenthèses" auront marqué une mélancolie, dans ses mélodies, semblée irréversible.
 
Elle nous avait pourtant habitués aussi, dans les 80’, à des "VIP" " Moi vouloir toi", "tirez pas sur l’ambulance", "jamais synchrones", plus légers, enlevés...
 
"La pluie sans parapluie" renoue avec des tubes plus rythmés. " Champ d’honneur", "les pas", "je ne vous aime pas"...
Alain lubrano, compositeur rencontré depuis l’album "décalages" en 1988, lui signe des mélodies plus "up tempo" - selon l’expression d’aujourd’hui-
Calogéro lui donne la mélodie "noir sur blanc", tubesque, et qui rappelle par son dynamisme des chansons des années 1970, comme "Point" dans l’album "soleil".
La "pluie sans parapluie" aussi, reprise d’une chanteuse allemande nommée fouxi
Les 4 derniers morceaux sont particulièrement réussis. "melody divine" de jean louis Murat est irrésistible de sensualité. " les mots s’envolent" de Arthur H, très touchant par son dépouillement - la chanson clôt l’album-.
Mention spéciale à Pascale daniel dont l’auteur apprécie particulièrement les compositions, étranges, envoutantes.
" Un coeur éclaté" n’est pas la chanson la plus visible de l’album...C’est surement la plus belle pourtant, comme beaucoup de perles méconnues dans la discographie de Françoise Hardy...
 
Bref, un très bon album...

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2 réactions à cet article    


  • roma roma 10 avril 2010 12:34

    Pourquoi est-ce un article intéressant ? Parce qu’il faut, selon moi, regarder l’art véritable, surtout lorsqu’il est contemporain, comme de trop rares pépites.

    Le style est essentiel, car c’est ce qui met en forme. Sans manières, le fond reste brut, presque inexploitable pour l’homme qui veut prendre l’art pour un moyen de se raffiner lui-même.

    Ainsi la Paideia grecque voyait, je crois, la littérature comme pivot de toute éducation totale.

    Voilà pourquoi j’apprécie cet article, qui dit les qualités rares d’une artiste, - certes élitiste, mais jamais hermétique.


    • curieux curieux 10 avril 2010 13:15

      Incolore, inodore, sans saveur. Ne laissera pas un grand souvenir, ni une grande oeuvre. De la daube.

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