Le Papillon des étoiles, de Bernard Werber
Le Papillon des étoiles est la preuve qu’il ne faut jamais faire deux choses en même temps. Bernard Werber a écrit son dernier roman durant les trois mois du tournage de Nos amis les terriens, son premier film qui sortira en janvier prochain, et l’on regrette, en le lisant, qu’il n’ait pas passé davantage de temps sur le développement de cette nouvelle jetée sur le papier à l’origine en une journée. Le Papillon des étoiles raconte la fuite d’une grosse poignée de terriens dans l’espace (144 000 personnes très précisément), à la recherche d’une planète sur laquelle faire naître une nouvelle humanité, le tout prenant le forme d’une voyage de mille ans dans un vaisseau de 32 kilomètres de long et 500 mètres de large.
Même si on peut se demander s’il est tellement important de sauver l’humanité - après tout - l’idée de base est séduisante : lui donner une deuxième chance ailleurs, puisque les hommes s’appliquent et s’acharnent à la faire disparaître sur la Terre. Le Papillon des étoiles, surnom du vaisseau, n’est toutefois le projet que de quelques-uns, élus sélectionnés pour offrir le maximum de chances de réussite à l’entreprise (sans jeu de mot). Cela empêche l’idée d’être vraiment généreuse. De plus, Le Papillon des étoiles est un roman où le lecteur est perdu. Perdu dans l’espace, perdu dans le temps. On peut imaginer que c’est volontaire de la part Bernard Werber, mais cela n’en est pas moins gênant.
Ainsi, l’imprécision de la description du vaisseau ne permet pas d’appréhender tout l’espace qu’il développe. Dès lors, on est sans arrêt surpris et sceptique à chaque fois qu’il est question des villages, du lac, des collines et des forêts qui l’emplissent. Le problème vient certainement de la taille du roman. La nouvelle autorise des ellipses que le lecteur admet facilement ; le pavé permet de tout développer dans le détail, ce qui n’aurait pas été inutile dans le cas d’un projet aussi insensé et d’un si long voyage. Le Papillon des étoiles est dans un entre-deux décevant. Un exemple, parmi de nombreux autres, le décollage du mastodonte se fait à l’arrache, les flics aux trousses, comme s’il s’agissait d’un vol de voiture. De même, la première génération de voyageurs est au centre du roman mais ensuite, tout s’accélère : on peut difficilement détailler mille ans en 250 pages.
Dans la marge du Papillon des étoiles, on a envie d’écrire « Peut mieux faire » ou « A déjà fait mieux ». L’éditeur aurait sans doute été inspiré de demander à Bernard Werber de revoir sa copie ou de la garder pour lui mais, comme je le disais, l’imminence de la sortie du film rendait sans doute intéressante la parution de ce roman. Intéressante, mais vraiment pas indispensable.
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