« Le Plan B » d’Andrew Payne au Studio des Champs-Elysées
Oui, Michel Fagadau peut être satisfait au centuple du casting de son Plan B : en effet, réunissant sur le plateau du Studio des Champs-Elysées dont il est directeur, Robert Plagnol (Nomination révélation Molières 2002), Aure Atika (cf. De battre mon coeur s’est arrêté), Natacha Régnier (cf. La Vie rêvée des anges), Thomas Chabrol fils de Stéphan Audran & Claude Chabrol, l’affiche semblait tellement aguichante qu’elle aurait pu faire illusion.
Aussi en choisissant The Plan d’Andrew Payne dont Synopsis & Squash avait déjà été adapté et interprété avec truculence par Robert Plagnol la saison dernière au Petit Montparnasse, c’était en quelque sorte « Un quatuor nommé désir » qu’il s’apprêtait ici à mettre en scène au diapason d’un langage cru et sensuel.
Certes « avoir quelque chose de Tennessee » était déjà le signe d’un challenge torride à vouloir être équilibriste telle « Une chatte sur un toit brûlant », mais encore fallait-il qu’il y eût convergence d’intentions passionnelles au coeur de cette bande des quatre dont deux comédiennes faisaient leurs débuts sur les planches.
Pourrait alors s’engager une relation en duo, puis en trio annexant un quatrième partenaire afin de tenter un viatique en deux tandems, sans que jamais la tension psychique ne cesse de croître au profit d’un instinct à fusionner autant qu’à un déficit à s’autodétruire.
Tendus comme sur le fil du rasoir, les instants de vie vont s’enfiler électrisés comme les perles d’un collier dont chacun voudrait hériter des pierres les plus précieuses au nom de l’ idéal absolu.
Au premier temps de la valse, il y a donc le couple Sarah (Aure Atika) & Tom (Robert Plagnol) à la vie à la mort, mais déjà en embuscade cette dernière guette, avec son cortège de poussières d’ange, cet amant que les velléités de la concupiscence vont lui disputer.
En seconde période, surgira de nulle part Annie (Natacha Regnier), disposée sur-le-champ à faire ménage amoureux... sans se préoccuper des implications existentielles du partage affectif collatéral.
Car voici venu le temps où Craig (Thomas Chabrol) entre en scène, à la fois exigeant et ombrageux mari de Sarah en même temps que fidèle ami d’enfance de Tom.
C’est ainsi qu’en quartette au rythme de chaises musicales, le jeu de rôles va substituer la partition des protagonistes afin d’adapter un modus vivendi où chacun, du masculin au féminin, pourrait trouver son compte de libido.
Toutefois, si l’envie d’autonomie restera leur ambition la mieux partagée, rien ne semblera pouvoir les détacher les uns des autres, tant le besoin d’aimer, d’être aimé et son corollaire celui de faire souffrir « l’autre », voire d’être odieux, aura su s’emparer des commandes du piège universel reliant les sexes.
Du microcosme représentatif à la dynamique de groupe, il n’y aura que le pas du signifiant à franchir, c’est ce que l’interprétation « Actor‘s studio » de Robert Plagnol va déclencher chez ses partenaires qui en boomerang lui rendent la réplique au coup pour coup.
Selon des tempéraments contradictoires mais, somme toute, à armes relativement égales quoique émoussées et asynchrones, les personnalités s’affrontent en quête d’identité mais sans jamais se départir d’un troisième oeil.
Au rythme d’accroches sixties entrecoupant, de leurs tubes énergétiques, le fondu enchaîné des changements de plateau triomphera au final et in extenso l’ironique Happy Together des Turtles.
« Fort, très fort !... Drôle, très drôle !...
Photo © Pascalito
LE PLAN B - *** Theothea.com - de Andrew Payne - mise en scène : Michel Fagadau - avec Aure Atika, Natacha Regnier, Robert Plagnol & Thomas Chabrol - Studio des Champs-Elysées
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