Le Zodiac : devenez l’enquêteur
Ni documentaire, ni fiction, le film de David Fincher, réalisateur de « Seven », brouille les frontières entre la réalité et la fiction.
Le Zodiac est un meutrier en série qui faisait régner la peur dans les années 1960 dans la région de San Francisco.
Il envoyait des lettres cryptées aux journaux en leur demandant de les publier. Dans ses missives écrites à la main, il revendique ses meurtres et menace de tuer à nouveau, au hasard. Il tue, dit-il, pour le plaisir de chasser "la proie la plus dangereuse".
Robert Graysmith, incarné par l’attendrissant et plutôt craquant Jake Gyllenhaal (déjà remarqué en cow-boy homosexuel dans Brokeback Mountain) est un jeune dessinateur de presse, plutôt méprisé par ses collègues du Francisco Chronicle. Paul Avery, son collègue, journaliste spécialisé dans les affaires criminelles, semble le mieux placé pour résoudre l’affaire.
Les policiers également, bien sûr, sont sur le coup, notamment le tout à fait kitsh noeud-pap David Toschi, incarné par Mark Ruffalo.
Mais l’enquête s’embourbe. Seul Graysmith, obsédé par le Zodiac, ne baisse pas les bras. Il écrit un livre, Le Zodiac, qui servira de synopsis pour le film que nous sommes en train de regarder. Vertigineuse mise en abyme qui rend la frontière entre le réel et le fictif extrêmement poreuse.
L’atmosphère du film est parfaite, volontairement sous-dramatisée. Nous sommes loin du carnage sanglant à la Seven. L’histoire en est d’autant plus effrayante.
David Fincher a vécu enfant près de San Francisco dans les années 1960, au moment où le meurtrier sévissait. Le film est donc réalisé par un homme obsédé par le Zodiac, qui met en scène des personnages tout aussi obnubilés que lui. Et le Zodiac, lui, est obsédé par le meurtre.
L’ambiance années 1960 est aussi très plaisante. Noeuds-papillons, vieux cinéma, cheveux gominés, chemisiers à pois, tous les éléments sont là pour savourer ce kitschissime bond dans le temps.
On apprécie aussi l’écart entre les moyens de la police d’hier et celle d’aujourd’hui. Aux tests ADN se substitue l’étude graphologique. Il faut un quart d’heure pour localiser un appel. Nul doute qu’un meutrier comme le Zodiac ne pourrait pas échapper longtemps aux policiers, aujourd’hui.
Mais je tiens à prévenir les amateurs de films policiers que celui-ci n’en est pas un à 100 %. En clair, il ne remplit pas tous les horizons d’attente d’un spectateur quand il va voir ce genre de film. Je ne peux pas vous en dire plus, mais c’est ce qui fait à la fois la force du film et sa faiblesse.
Après avoir vu le film, je vous conseille de vous renseigner un peu sur le meurtrier via Internet et de mesurer l’étrange réalisme de ce film à l’aune des indices que vous glanerez. Encore une mise en abyme où le spectateur se fait finalement enquêteur. Peut-être cela vous donnera-t-il envie, à vous aussi, d’ouvrir le livre de Graysmith...
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