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Accueil du site > Culture & Loisirs > Culture > « Les Barbares » de Maxime Gorki au Théâtre de La Colline

« Les Barbares » de Maxime Gorki au Théâtre de La Colline

Qui sont les barbares ?

Sont-ce ceux dont le visage humain hante nos agglomérations urbaines en se croisant au fil des journées comme dans une fourmilière où l’enfer, c’est les autres ? Sont-ce ceux qui dans nos campagnes courent après le progrès technologique au point de parvenir au mieux-disant de l’avant-garde citadine ?

Des paysans aux petits-bourgeois, des technocrates aux sociopolitiques, toute cette nébuleuse du monde contemporain se fonde dans un magma où les uns s’entrechoquent avec les autres dans le but spécieux d’améliorer le quotidien mais en ne réussissant qu’à perturber l’équilibre social établi sans être en mesure d’attribuer une signification supérieure au désordre ainsi engendré.

« Qu’avons-nous fait ? » Telle sera la dernière réplique de la pièce de Maxime Gorki au terme de trois heures de représentation ininterrompue du chaos intime confronté au dérèglement collectif.

Magnifique mise en lumière de Philippe Berthomé qui, de guirlandes festives jusqu’aux faisceaux rasants, manière symphonie de spots rayonnant en bataille rangée, va contribuer à figer la posture de la condition humaine lorsque celle-ci se révolte contre le miroir de ses propres fantômes.

En s’immisçant subrepticement par ses mélopées de protest song et sa guitare en bandoulière, le jeune clochard, d’entrée de jeu, sort de l’obscurité indifférenciée afin de lancer les dés de la destinée qui vont rebondir tels des oiseaux de mauvaise augure sur une collectivité pourtant pleine d’espoir.

Ainsi va Eric Lacascade qui poursuit son travail expérimental en faisant succéder sur le prestigieux plateau de la cour d’honneur d’Avignon, à quatre années d’intervalle, ses Barbares à son Platonov de Tchekhov, alors qu’ici son adaptation et mise en scène gorkienne pourrait s’interpréter comme une suite à une Cerisaie fictive autorisant la fin d’un monde prometteur à se prolonger en prémisses d’un nouveau monde, mort-né.

Qu’il faille attendre à l’instar du Revizor, les ingénieurs en génie civil pour apporter le modernisme du chemin de fer ouvrant le ghetto du village isolé aux facilités de la ville, et voici que tel un Théorème pasolinien, ces messagers du renouveau répandent à leur insu, un virus non identifié qui va contaminer l’ensemble de la population locale, en se retournant de surcroît contre eux-mêmes.

Ils ne mouraient pas tous, mais tous étaient frappés !

Ainsi mêlant les histoires de coeur aux trahisons et luttes intestines de tout acabit, le groupe social va se liquéfier en une spirale régressive l’entraînant au fond d’un gouffre dont seule l’âme du spectacle vivant pourra le sauver du naufrage absolu.

En effet, regroupés comme un seul homme au théâtre de la Colline, les trente comédiens du Centre dramatique national de Normandie-comédie de Caen forment ce corps unique et exemplaire, que le ballet de contradictions humaines dépeint par Gorki soude au plus profond de l’élan artistique partagé tous ensemble.

Photo © Tristan Jeanne Vallès

LES BARBARES - *** Theothea.com - de Maxime Gorki - mise en scène : Eric Lacascade - avec Centre dramatique national de Normandie/Comédie de Caen - Théâtre de La Colline -


Moyenne des avis sur cet article :  2.9/5   (21 votes)




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5 réactions à cet article    


  • La Taverne des Poètes 24 janvier 2007 19:54

    De Gorki, je retiens aussi « Les bas-fonds » adapté au ciné par Renoir avec Gabin et Jouvet, un chef-d’oeuvre. Gogol le Revizor, autre chef-d’oeuvre. Et ci-dessus, chef-d’oeuvre de la médiocrité humaine absolue et de la bêtise personnifiée : monsieur « IP:xxx.x33.229.236 » qui sévit sur tous les forums. Hélas ici pour l’auteur !


    • (---.---.229.236) 24 janvier 2007 20:02

      Que vient faire gogol ici ? Tu nous fait la liste de tout les auteurs que tu as lu, deux donc ?

      Et petit ours brun, tu l’as pas lu ? ca m’a l’air plus de ton niveau, en plus il est bazané, ca prouvera que tes pas un raciste, mais un vrai de vrai, pur et dur.


    • La Taverne des Poètes 24 janvier 2007 20:04

      Poi...se i sensi non errano, è un remoto

      casto autocarro che disfiora appena,

      ai desolati margini, il silenzio.

      E il rombo incantevole dilegua.

      Ed io mi trovo ancora chino sui miei fogli ?

      Ah disperante immagine, ah certezza

      di non essere altri che un apparso

      alle luce...

      Pasolini « Je suis vivant »


      • La Taverne des Poètes 24 janvier 2007 20:07

        traduction :

        Et...si nos sens avaient raison, puis au loin un chaste autocar déflore à peine le silence, du côté des contreforts désolés. Et le vrombissemet enchanteur se dissipe. Et moi je suis toujours là, penché sur mes feuilles ? Ah images désespérantes, ah certitude de n’être rien d’autre qu’une apparition à la lumière...


      • sof (---.---.9.201) 8 mars 2007 23:36

        Cette piece est vraiment genial,aussi surprenante que amusante !les dialogues s’accordent parfaitement avec la musique,et les acteurs sont tous exceptionnels dans leur genre.Elle passe actuellement a lyon au theatre des celestins.allez la voir !

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