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Les deux France irréconciliables et Johnny

La mort de Johnny, idole au sens concret du terme visiblement depuis deux ou trois jours, met en valeur l'existence de deux France, deux pays totalement irréconciliables :

 

Celle très minoritaire dite « de Paris » en province, de ces baudruches de parigots suffisants qui font la leçon à tout le monde, où l'on aime se cultiver, où on lit, où on s'intéresse au théâtre, aux arts, à la culture en général. Rien que des prétentieux, des vaniteux atroces. J'ironise bien entendu, mais je ne dis pas que parmi ces personnes il n'y ait pas de cuistres du tout, mais il n'y a pas que cela. Loin de là.

 

Et à côté on trouve l'autre France qui englobe tout le tout le reste de la population sans distinction de milieux ou d'opinions.

 

On n'y lit plus beaucoup, on n'y va plus tellement au concert ou au musée. La culture, on s'en fiche un peu même si on ressent pour cela un peu de culpabilité néanmoins...

 

De temps en temps on achète les bouquins des « bons clients » de la télévision, mais ce n'est pas pour autant qu'on va les lire. On y prétend que c'est parce que nous monsieur on est des gens simples, des gens comme tout le monde. Ou bien on sort le traditionnel refrain sur la confiture comparée à la culture, que moins on en a plus on l'étale. Il s'agit plus ou moins de paresse, de flemmardise, d'excuses faciles et d'instinct grégaire parfaitement assumé. On ne veut pas se singulariser, on aime des choses simples nous.

 

On s'y fiche complètement de Chateaubriand, Proust ou d'autres. Ou de Balthus pour évoquer une question d'actualité. De toutes façons les écrivains classiques c'était rien que des cinglés qui eux aussi faisaient la leçon aux autres...

 

Depuis quand cependant les gens dits simples et peu fortunés seraient forcément incultes ou ignorants ? Je n'ai jamais compris cet argument débile. Je me rappelle toujours quand j'entends cette idiotie de mes grands parents, de milieu populaire, et cultivés malgré tout. Et c'était loin d'être les seuls en leur temps.

 

Il y a aussi ce que l'on oppose constamment aux personnes estimées cultivées, la parade que d'aucuns trouvent imparable manifestement. Ce serait des « bobos » ou des snobs. Écrire avec une syntaxe correcte, ce serait snob, avoir le sens des hiérarchies culturelles car elles existent, c'est snob. Tous les goûts ne se valent pas, même si tous les goûts sont bien évidemment respectables. Ne pas participer au grand déballage lacrymal sur Johnny c'est snob. Ce grand déballage c'est la revanche de cette France inculte et plus ou moins fière de l'être. Je dis bien plus ou moins car il existe dans ce milieu un puissant complexe d'infériorité culturelle.

 

Il est vif ce complexe, très vivace. Bien plus que tout le reste. Il engendre de la jalousie, de la rancœur, du ressentiment qui dure, particulièrement envers les professeurs chargés de transmettre en théorie le goût pour la culture...

 

Johnny était des leurs, il était un « vraigen », un type tout simple aussi. Il était d'un milieu populaire, une enfance et une adolescence à faire pleurer Kimberley dans la caravane familiale, j'actualise le « Margot dans les chaumières ». Même si c'était un chanteur il ne s'embarrassait pas de tous ces livres, toutes ces fariboles de prétentiard, lui. Il avait des aspirations toutes tranquilles, bien que vedette : une maison à la campagne, des gosses, une belle voiture, des chiens. Il avait fait son service comme tous les gamins de l'époque. Il avait suivi les modes sans pour autant s'y plier complètement. Il fallait bien vendre des disques. De temps à autres, il envoyait promener ces snobs qui le snobaient, même si il avait quand même tourné avec Godard dans « Détective ».

 

Johnny c'était cette France. Elle s'auto-rend hommage à travers lui depuis quelques jours en somme. Elle s'auto-flatte. C'est son heure de gloire, son heure où on ne passera pour un plouc en parlant de sa passion pour Johnny. L'heure où pour une fois on ne se sentira pas rabaissé par ces « parisiens » qui prennent leurs grands airs d'habitude. Johnny il était de la famille lui...

 

Sic Transit Gloria Mundi, Amen

Amaury – Grandgil

 

illustration prise ici


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