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Accueil du site > Culture & Loisirs > Culture > Michel Polnareff : En attendant un album hypothétique, retour sur un (...)

Michel Polnareff : En attendant un album hypothétique, retour sur un génie

Nous avons appris il y a quelques semaines qu’un album de Michel Polnareff serait en préparation pour le courant 2014, année de ses 70 ans.

Mais avec cet artiste atypique, méfions-nous. Tant que l’album ne sera pas sorti, il faudra rester prudent.

Pour patienter, et espérer qu’il y aura bien une suite à l’album Kâma Sûtra, paru en 1990, regardons un peu l’oeuvre de ce compositeur de génie.

C’est à Nérac dans le Lot-et-Garonne que voit le jour Michel Polnareff, le 3 juillet 1944. Une fois la guerre terminée, la famille est de retour à Paris. Sa mère, Simone Lane, est une ancienne danseuse, et son père, Leib Polnareff, connu sous le nom de Léo Poll, composera notamment pour Édith Piaf ou Yves Montand. Il sera également pianiste pour Édith Piaf, Charles Trenet ou Jean Sablon.

Avec de tels parents, la fibre artistique du petit Michel voit rapidement le jour.

Dès l’âge de cinq ans il apprend le piano. Élève brillant, à onze ans il enlève un premier prix de solfège au conservatoire de Paris. Il apprend alors la guitare, et après son bac et son service militaire, il se met à jouer dans la rue.

Quelques mois plus tard, en 1965, il remporte le trophée "Disco Revue", un concours rock, organisé à la Locomotive . Le premier prix est un contrat chez Barclay. Mais Polnareff, déjà à contre courant des conventions, refuse son prix.

C’est grâce à un ami de classe, Gérard Woog, qu’il rencontre le patron d’Europe1, Lucien Morisse, qui le fait signer sur le label AZ. Lucien Morisse devient son manager, et permet à Michel Polnareff d’enregistrer son premier disque, "La Poupée qui fait non". Afin de posséder ce qui se fait de mieux à l’époque, Michel Polnareff part enregister à Londres. Il réussit l’exploit de faire jouer le guitariste Jimmy Page (futur Led Zeppelin), sur ce premier enregistrement.

Dès sa sortie en 1966, le titre est un énorme succès.

Bien loin des chanteurs yéyés qui, bien souvent ne font qu’adapter les tubes anglo-saxons, Polnareff débarque avec ses propres compositions au style très mélodique. Cette différence est particulièrement flagrante lorsque sort "Love me please love me", une mélodie magique et romantique avec sa célèbre introduction au piano.

La carrière de Michel est lancée et les tubes s’enchaînent : "Sous quelle étoile suis-je né ?" et "L’Oiseau de nuit" en 1966, "Le Rois des fourmis" ou "Ame câline" en 1967 et "Le Bal des lazes" en 1968.

En 1967, il reçoit en Allemagne le Prix du chanteur étranger le plus populaire. La presse anglaise s’intéresse à son talent. Ses tubes sont classés dans les charts européens. et il enregistre ses titres en anglais, espagnol ou italien.

De plus le chanteur sait jouer avec son image : lunettes noires, pantalons moulants, provocations ambiguës, coiffures variées, Polnareff sait faire parler de lui.

Dans une société française encore bien frileuse, Michel Polnareff va venir bouleverser les choses établies .L’artiste est impossible à cataloguer et fait tout pour cela. A son génie musical, il ajoute la provocation . Certains des textes de ses chansons comme "L’Amour avec toi"ne manquent pas de choquer les âmes sensibles. Cette chanson sera interdite d’antenne avant 22 heures.

En 1968, il monte pour la première fois sur la scène de l’Olympia après l’avoir refusé l’année précédente, ne se sentant pas encore prêt . Parallèlement, il continue d’aligner les succès avec des morceaux comme "Tous les bateaux" ou "Dans la maison vide", etc….

 
En janvier 1970, il remonte sur la scène de l’Olympia, puis part en tournée. Cette même année, il sort la chanson, "Je suis un homme" afin de mettre fin aux rumeurs sur sa sexualité. En mai, il sera agressé sur scène à Périgueux. Puis en septembre, le décès de Lucien Morisse, qui avait lancé sa carrière. Tous ces événements, ajouté à l’épuisement, font sombrer l’artiste dans la dépression.

Après une cure de sommeil et un éloignement médiatique, Polnareff reprend doucement le travail. L’écriture de la musique de la « Folie des Grandeurs » de Gérard Oury le relance.

Michel Polnareff reprend le travail de plus belle . Il s’est mis au sport, cela l’aide pour surmonter ses angoisses. Par ailleurs ses yeux fragiles l’obligent à les protéger sans cesse.

Mais le talent est resté intact et des compositions comme "Holidays" ou "On ira tous au paradis", en 1972, le prouvent.

Michel Polnareff qui n’est plus à une provocation prêt, n’hésite pas pour spectacle Polnarévolution, à faire coller 6000 affiches le représentant fesses nues. Bien sûr, le scandale est au rendez-vous, et il sera condamné à payer 10 francs par affiche sur le motif "d’attentat à la pudeur".

 
Malheureusement les ennuis ne sont pas terminés.Complètement coupé des réalités, il délègue ses questions d’argent à son homme de confiance, Bernard Seneau. C’est au retour d’une tournée au Japon que le chanteur découvre que l’oiseau s’est envolé avec plusieurs millions de francs.
Contraint de rembourser au fisc des sommes qu’il ne possède plus, et de plus affecté par la mort de sa mère, Polnareff déprime à nouveau . En 1973, il quitte la France pour les États-Unis.

Sa nouvelle vie américaine lui permet de se reposer, de retrouver les plaisirs de l’anonymat et d’une vie quotidienne plus paisible.

En 1974, il sort son premier album depuis son départ, "Tibilli", qui ne connaît qu’un succès moyen. Mais en 1975, le titre "Jesus for tonight", tiré d’un disque presque entièrement en anglais, "USA", rentre à la 35e place du prestigieux classement américain, le Billboard.

En 1977, avec son vieux complice Jean-Loup Dabadie, il écrit "Lettre à France", titre dans lequel il exprime sa nostalgie pour un pays qui lui manque.L’année suivante, il peut enfin se poser sur le sol français, mais pour se présenter être jugé de l’affaire de fraude fiscale dont il est accusé. Bien que son homme d’affaires soit déclaré coupable, Michel Polnareff reste redevable de plus d’un million de francs au fisc. Il profite de ce voyage pour présenter son nouvel album, "Coucou me revoilou", qui connaît un succès moyen malgré "Lettre à France" et "Une simple Mélodie"

Polnareff connaît un retour triomphal en 1981 avec l’album "Bulles" qui se vendra à près d’un million d’exemplaires. Cet album contient notamment les tubes "Tam Tam" ou "Radio". Ses problèmes avec la justice étant en cours de règlement, Michel Polnareff commence à revenir un peu plus souvent sur le territoire français.

En 1985, il sort "Incognito" qui ne connaît pas le succès du précédent album. on se souvient des morceaux "Dans la rue" et "Viens te faire chahuter".

En juin 1989 arrive sur les ondes un nouveau morceau, "Goodbye Marylou", surement son meilleur morceau depuis plus de 10 ans . Une fois de plus les rumeurs les plus folles courent sur l’état de santé du chanteur. A cette époque, il réside dans une chambre au dessus d’un petit bistro de province. Un peu plus tard, il s’installe au Royal Monceau, dans lequel il entame l’enregistrement de son nouvel album.

En février 1990 sort "Kama Sutra". L’album est un triomphe.

Alors que depuis de nombreuses années, Michel Polnareff souffre d’une myopie, ses problèmes de vue empirent au début des années 90. Après de longs mois d’angoisse et d’hésitation, Michel Polnareff prend la décision de se faire opérer d’une double cataracte brune. L’opération est une réussite.

En septembre 1995, il donne un concert dans la salle mythique du Roxy sur Sunset Boulevard. Entouré de musiciens américains de talent, il reprend ses plus célèbres titres. Un album sera mis en vente suite à l’enregistrement de ce concert . Le succès sera au rendez-vous.

Depuis ?

Depuis, la une des magazines people, des concerts, des décorations, avoir fait copain avec Sarkozy.

Même pour cette dernière raison, je n’arrive pas à lui en vouloir. En effet, comment en vouloir à celui qui depuis ma plus tendre enfance, me donne des frissons dès que j’entends le son de sa voix ou l’intro de l’une de ses chansons.

Sous quelle étoile est-il né, on est encore à se le demander.

 


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24 réactions à cet article    


  • bleck 8 février 2014 08:35

    L’Auteur


    Voir son idole faire ami-ami avec Sarko aurait pu faire décrocher le plus fan d’entre les fans ; mais heureusement ; vous n’êtes pas du nombre

    Tenez , moi par exemple , je suis fan de Djamel ; je possède toute sa filmographie que je me repasse en boucle ; et bien le croiriez-vous ? : mon fanatisme a été ébranlé depuis que j’ai appris qu’il supportait Hollande


    Mettez-vous à ma place : voir mon idole se compromettre avec Hollande , ( que je pensait ailleurs , occupé à d’autres taches ) , j’avoue avoir douté

    Mais comme vous ; j’ai fais abstraction de cette dérive et continuerai d’admirer mon Djamel

    (1) : les plus de 1,60 m étaient refoulés à l’entrée pour qu’Hollande soit visible



    • Fergus Fergus 8 février 2014 09:31

      Bonjour, fatizo.

      Bel hommage à Polnareff. Un bémol toutefois : le qualifier de « génie » me fait hérisser le poil, cet artiste étant l’un des meilleurs de sa génération, sans aucun doute, avec 3 ou 4 chansons de grande qualité, ce qui est déjà bien.


      • fatizo fatizo 8 février 2014 19:10

        Bonjour Fergus,


        C’est vrai que le terme de génie est un peu exagéré, mais il faut bien reconnaître qu’il est surement le plus doué de sa génération, qu’avec Gainsbourg il a révolutionné la chanson française dans les années 60 .

      • bleck 8 février 2014 10:36

        Bonjour Fergus


        Désolé ; je ne suis pas d’accord avec vous

        Polnarreff est un génie 

        Quand on songe qu’il a été condamné à payer 10 f d’amende sur chaque affiche ou il montrait son cul et qu’aujourd’hui ce génie toucherait 10 000 euros ( au moins ) par affiche collée et surement une Légion d’Honneur ( il doit bien en rester quelques unes à la Duflot) ; on est en droit de se dire qu’en plus d’être un génie c’était un précurseur , trop en avance sur son temps

        • morice morice 8 février 2014 10:52

          Polnareff un génie ??


          galvaudé le terme, galvaudé.

          C’est une carrière de 5 ans maxi... et beaucoup de vide... un génie de l’argent, et de son détournement, peut-être, mais pas un génie musical

          • Aita Pea Pea Aita Pea Pea 8 février 2014 11:30

            Chaque fois qu’essuyant les verres au fond du café la musique de Polnareff s’est mise à sortir du juke-box ,je ne trouvai pas ça génial .
            Le seul voeu que je prononçai était qu’on ne remette pas une pièce dans le bastringue .


            • Surya Surya 8 février 2014 18:29

              J’ADORE Michel Polnareff, et je l’adore depuis que je suis petite. Je ne sais pas s’il est un génie ou non, et je m’en fiche. De toute façon, les génies ne sont reconnus comme tels qu’après leur mort.

              Je n’ai pas tous ses disques, donc je ne connais pas toutes ses chansons, mais j’adore notamment Holidays, Le Bal des Laze, L’Oiseau de nuit, Lettre à France, Dans la maison vide, Sous quelle étoile suis-je né, On ira tous au Paradis... et tant d’autres.

              Je me fiche de savoir quelles sont ses convictions politiques, ce qui m’intéresse c’est sa musique, sa musique, et sa musique. Je regrette simplement que tant d’artistes se croient obligés de soutenir untel ou bidule. Ce n’est absolument pas leur rôle, et soit ils sont manipulés (ou payés ?) par les hommes politiques, ce qui est très vilain, soit ils cherchent à utiliser leur notoriété pour influencer, ce qui est pas très génial.

              En plus de sa musique, de son talent, j’aime son originalité, son culot, sa liberté, notamment celle de faire ce qui lui plait... Je me souviens très bien de l’épisode de l’affiche, qu’est ce que ça a pu me faire marrer (mais il faut me pardonner, je n’avais que huit ans en 72...) smiley

              Michel Polnareff est un artiste, un vrai. Tellement à mille années lumières des trucs commerciaux complètement creux que l’on entend maintenant à la radio et la télé...

              Oui, je l’adore.
              Merci pour votre article  smiley


              • fatizo fatizo 8 février 2014 19:17

                Je comprends que nous sommes de la même génération (9 ans en 72), et que nous avons grandi avec des chansons qui continuent de vivre en nous .

                Je n’ai pas le sentiment que ce qui sort aujourd’hui, on en parlera encore dans 30 ou 40 ans .
                Bonne soirée .

              • Fergus Fergus 8 février 2014 20:38

                Bonsoir, Surya.

                Parmi mes préférées, outre « Le bal des Laze » et « L’oiseau de nuit » : « Qui a tué grand-maman ».


              • Surya Surya 9 février 2014 13:30

                Bonjour Fergus,

                Oui, celle ci est également très belle  smiley
                On ne peut pas toutes les citer malheureusement...
                Passez un bon dimanche


              • Nowhere Man 8 février 2014 19:02

                Polnareff est un gros mégalo un poil mytho mais il est pour l’éternité le plus grand mélodiste francophone après Brassens. Il a pondu en 5ans une bonne trentaine de chefs d’œuvre . Il s’est ensuite vite essoufflé pour devenir complètement sec depuis une vingtaine d’années.

                  Parmi les merveilles méconnues je conseille l’écoute de « l’homme qui pleurait des larmes de verres ».


                • fatizo fatizo 8 février 2014 19:20

                  Comme de nombreux grands artistes, il y a chez lui des facettes irritantes, mais on s’en moque .

                  D’accord avec vous sur « l’homme qui pleurait des larmes de verre », une chanson trop méconnue.

                • Surya Surya 8 février 2014 19:28

                  Comment j’ai pu oublier de citer « l’homme qui pleurait des larmes de verres » ? smiley


                • Gasty Gasty 8 février 2014 19:30

                  Ceux qui n’aime pas Polnareff méconnaissent probablement l’ensemble de son répertoire.


                • bourne 8 février 2014 20:33

                  Génies :

                  _Gainsbourg qui ne se prenait déjà pas pour une merde avait dit à Michel Berger que la variété n’était rien face au classique.

                  _Puis Didier Barbelivien  smiley avait fait cette remarque à Berger : «  Nous avons un petit talent »

                  ...Mais au fait qui sait qui est Gainsbourg et Berger en dehors de ce cher pays de France.

                  Qui sait qui est Polnareff ? Ou, ce cinglé nombriliste qu’est Christophe ?

                  Il s’agit de variétoche, rien d’autre !!! Redescendez sur Terre les fans. Vous avez des goûts de chiotte ! Ne vous masturbez-pas en écoutant vos vieux vinyls. C’est vous et votre époque que vous adorez à travers eux !!

                  Un peu de recul : Bach, Debussy .... smiley ... et peut-être Dylan et Les Beatles dans 150 ans . Mais rien est moins sûr !


                  • Aita Pea Pea Aita Pea Pea 8 février 2014 20:43

                    Raahhhhh ...Dylan ...les Beatles ...quelle horreur !!! Et je le pense !


                  • bourne 8 février 2014 21:13

                    ..... smiley ....


                  • marmor 8 février 2014 21:01

                    Ah ah, Fatizo qui encense un exilé fiscal, raciste et sioniste à qui il trouve du « génie »
                    et commet une diatribe contre un noir talentueux qui paye et ses impôts et ses dettes en France !
                    Vos choix musicaux sont à la hauteur de vos idées.


                    • fatizo fatizo 8 février 2014 21:40

                      Si on devait se priver de tous les artistes qui ne pensent pas comme nous, la vie serait sacrément chiante non ?

                      Tenez, je vais vous faire une confidence, j’ai même des amis de droite .
                      Et pire, je suis déjà tombé amoureux de filles de droite . 
                      Je sais, je n’ai aucune dignité .

                    • vesjem vesjem 9 février 2014 00:38

                      persuadé que dieudo est fan


                      • vesjem vesjem 9 février 2014 00:39

                        perso , je ne peux rester indifférent à ses plus belles chansons


                        • claude-michel claude-michel 9 février 2014 10:39

                          Malheureusement la source d’inspiration de Polnareff est tarie depuis un bout de temps... ?


                          • smilodon smilodon 26 juin 2014 21:30

                            @ l’auteur : Votre « post » date un peu, certes, mais je « tombe » dessus par hasard, en recherchant sur le « net » l’affiche du vinyle « polnarévolution » !.. Comme quoi les grands esprits se rencontrent !.. Bref, fan de MP depuis mes 13 ou 14 ans (j’en ai 57), et possédant presque toute sa discographie (presque), je me joins à vous pour dire que ce « type-là » est aussi important que Ferrat, Ferré, Brel et tous ces grands auteurs-compositeurs d’un siècle déjà passé !.. Je n’y inclus pas Aznavour et quelques uns ou autres qui me déplaisent (question d’oreille, peut-être !).. Reggiani Oui, même si pas « auteur ».... Bref, j’aurais eu le plaisir de voir et d’entendre Michel à bordeaux au cours de sa tournée « ZeTour 2007 », et je m’en souviens encore grâce à son dvd, sa perruque et ses lunettes !.... Pour ma part je pense qu’il a déjà donné tout ce qu’il avait, et qu’on ne le reverra plus, hélas !... Mais c’est déjà pas si mal au ragard de ce qu’on voit maintenant !... En tout cas merci pour cet article... Et désolé pour ma réponse « tardive » !..J’espère qu’elle vous parviendra !.... Bonne soirée mon ami !.. Très cordialement.

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