• AgoraVox sur Twitter
  • RSS
  • Agoravox TV
  • Agoravox Mobile

Accueil du site > Culture & Loisirs > Culture > Mon premier festival, la séquence du jeune spectateur

Mon premier festival, la séquence du jeune spectateur

(Par Olivier Bailly). A partir du 29 octobre, pendant sept jours et dans sept salles de cinéma parisiennes, Mon premier festival propose aux enfants de 2 à 12 ans, moyennant un tarif très raisonnable, une programmation cinématographique de qualité où se mêlent avant-première et classiques, films d’animation (ou non) du monde entier, ciné-concerts, ateliers, cartes blanches, le tout parrainé par un acteur renommé (cette année Karin Viard).

Mon premier festival n’est pas un joujou inventé par le maire de Paris pour se faire plaisir. S’il avait voulu se faire plaisir ou redorer son blason, il aurait créé Paris Plage ou la Nuit blanche... Les lecteurs remarqueront que Mon premier festival commence aujourd’hui et qu’aucun article n’est encore paru dans la presse dite sérieuse pour annoncer cette manifestation. Il faut dire que la presse rechigne bien souvent à parler d’un événement culturel intéressant, surtout quand il est d’abord destiné aux enfants.

Mon premier festival est la partie visible (pour le grand public) d’un programme d’éducation à l’image mené à l’année dans les écoles (voir ci-dessous l’interview de Michel Gomez, délégué général de la Mission cinéma à la mairie de Paris). En ces temps où l’image dit tout, où elle nous gouverne, où elle nous enjoint de penser ce qu’il faut penser, où elle est, en un mot, le plus sûr allié du marketing (politique ou commercial), il est indispensable d’en enseigner les arcanes aux enfants et de les instruire sur ses attraits parfois dangereux. Mais l’image, le cinéma en l’occurrence, ce n’est pas qu’une grammaire. C’est aussi du plaisir, du partage, de la culture, du patrimoine.

Mon premier festival existe depuis 2005. Cette manifestation ouvre aujourd’hui sa quatrième édition dans un climat serein. L’évolution de sa fréquentation est aussi constante que sa philosophie et son déroulement.

Avec Mon premier festival les surprises sont sur l’écran et non pas dans le déroulé du programme, immuable depuis l’origine : pendant 7 jours, dans 7 salles de cinéma (les mêmes depuis le début de la manifestation), on pourra assister à des avant-premières - avec entre autres cette année le très attendu Mia et le Migou de l’excellent Jacques-Rémy Girerd, déjà auteur de L’Enfant au grelot - à des ciné-concerts (comme à l’époque du cinéma muet !), découvrir un pays à travers son cinéma d’animation (après la Lettonie, l’Allemagne et la Chine, le festival consacre cette année un panorama du cinéma d’animation belge avec notamment les inénarrables aventures de PicPic André et de leurs amis), voir ou revoir les films produits par Jacques Perrin, rêver devant le programme thématique consacré aux Contes et légendes... Bref Mon premier festival c’est le changement dans la continuité.

PicPic André

Cette année Karin Viard est la marraine de cette édition. Enfin, le prix d’entrée, relativement modeste, 4 euros (tarif unique quel que soit l’âge), n’a pas varié depuis le début.

Mon premier festival est organisé par la mairie de Paris, mais aussi par l’Afcae, l’Association française des cinémas d’art et d’essai. Avec Mon premier festival, il ne s’agit pas de faire la promotion de tel ou tel film, mais de promouvoir l’art cinématographie. La nuance est essentielle. Ici, même si les adultes sont prescripteurs, ce sont finalement les enfants qui les accompagnent au cinéma. Façon de dire que la programmation est établie en fonction de ce jeune public qu’on a souvent tendance à oublier en dehors de certaines salles qui programment avec régularité et passion ces films intemporels qui transforment comme par magie les consommateurs d’images en cinéphiles !

Le cinéma est encore un véritable loisir populaire. Un loisir que l’on peut partager, un loisir qui fait parler même les moins bavards. Un loisir qui rassemble. Le cinéma c’est de la culture. Une culture commune. La création cinématographique pour le jeune public est loin de se tarir. Elle connaît le même engouement que l’édition pour enfants, un des rares secteurs inventifs du monde de l’édition.

Bien souvent, le grand public n’a écho des films dits pour enfants qu’à l’occasion des vacances de Noël, à une époque où aller au cinéma est encore une espèce de rite familial immuable. A cette occasion il n’est généralement question dans la presse que de blockbusters plus ou moins bien fabriqués à destination des mômes. Mettons de côté certaines créations japonaises ou anglaises (les studios Aardman), elles restent malgré tout minoritaires face aux mastodontes américains.

Emmener les enfants au cinéma reste pour certains parents ou adultes accompagnateurs un devoir et se réduit pour eux à une espèce de corvée. On en sort en se disant que c’était assez bon pour les mômes, que c’était un film pour enfants. Le qualificatif définitif, « pour enfants », dit assez dans quel mépris on tient généralement la culture pour nos cadets… C’est dommage car le choix approprié d’un bon film n’est pas si compliqué que ça. Pourquoi s’ennuyer alors qu’il est toujours possible (dans les grandes villes, il est vrai), de voir un film du patrimoine ou une nouveauté, un film d’animation ou non, de s’en mettre plein les mirettes et de partager ce plaisir avec un enfant ?

Il est vrai que bien souvent les films « pour enfants » infantilisent les enfants. En marge d’une production qui débarque avec ses gros sabots, il existe donc une industrie du film d’animation, de la production à la diffusion qui, à défaut de se porter le mieux du monde, nous permet de découvrir bon an mal an quelques petits joyaux rafraîchissants et souvent iconoclastes (voir La Petite Taupe ou Desmond et la créature du marais), bien azimutés et suffisamment nourrissant pour satisfaire l’appétit des spectateurs de tous âges.

Mon premier festival, seul et unique festival parisien de cinéma pour enfants de 2 à 12 ans, est donc ce moment magique où l’on peut rêver les yeux ouverts sans avoir à se préoccuper d’une maudite barrière générationnelle.

L’Enfant au grelot

Interview de Michel Gomez*, délégué général de la Mission cinéma à la mairie de Paris

Olivier Bailly : Dans quelle optique Mon premier festival a-t-il été créé ?
Michel Gomez : Donner aux enfants le goût des films en salle, leur faire découvrir la diversité du cinéma, leur transmettre un regard différent sur le septième art.

OB : Un festival de cinéma pour les jeunes spectateurs, pourquoi ?

MG : Depuis 2002, la Mission cinéma de la mairie de Paris soutient, en temps scolaire, le développement des dispositifs « Ecole et cinéma » et « Collège au cinéma » en partenariat avec le ministère de l’Education nationale et le ministère de la Culture. Plus de 50 000 enfants ont été concernés par ces actions au cours de l’année 2007-2008. Au-delà de ces succès, la mairie de Paris souhaite permettre aux enfants de profiter du cinéma pendant les vacances.

OB : Comment mesure-t-on les effets de votre démarche d’accompagnement du jeune public ?

MG : Il s’agit de travailler sur les générations à venir et de permettre aux enfants de découvrir la magie de la salle de cinéma dans un contexte marqué par la multiplication des sources d’images (télévision, DVD, internet). L’apprentissage de la salle de cinéma n’est pas uniquement esthétique car il comporte également une dimension de socialisation au travers d’une pratique collective de partage d’émotions.

OB : Quelle est l’évolution (fréquentation, philosophie générale, programmation) depuis quatre ans ?
MG : La fréquentation est passée de 5 000 entrées en 2005 à 8 000 en 2007. La programmation se décline toujours autour de 5 thèmes (avant-premières, 1 thème qui change chaque année – cette année c’est « Contes et Légendes » – des ciné-concerts, une carte blanche à la marraine ou parrain du festival, un coup de cœur à un comédien.

OB : Comment établir un programme idéal pour un public aussi hétérogène allant de petits de 2 ans à des pré-ados de 12 ans ?

MG : Jusqu’à 12 ans les enfants vont encore au cinéma avec leurs parents. Ce sont généralement les parents ou grands-parents qui choisissent les films à aller voir. La programmation se fait naturellement par tranche d’âge (ex. : dès 3 ans, dès 5 ans, dès 6 ans, des 8 ans, dès 10 ans). Les programmatrices travaillent également sur d’autres festivals pour enfants en province.

OB : A l’heure de l’internet, le cinéma est-il encore un spectacle populaire ?

MG : Rien ne remplacera la magie de la salle obscure pour faire découvrir le cinéma aux enfants.

*Après avoir été administrateur de la Quinzaine des réalisateurs (Festival de Cannes), puis Délégué général de la Société des réalisateurs de films, Michel Gomez rejoint L’ARP (Société civile des auteurs réalisateurs producteurs) en 1995 et en devient le Délégué général en 2003. En octobre 2008, il succède à Régine Hatchondo au poste de délégué général de la Mission cinéma et devient de fait l’interlocuteur-clé pour toutes les manifestations cinématographiques parisiennes. Créée en janvier 2002 par Bertrand Delanoë, la Mission cinéma de la ville de Paris a pour objectif d’impulser une politique cohérente de soutien en faveur du cinéma, autour de grands axes comme l’aide à la survie des salles art et essai et indépendantes, l’éducation au cinéma dès le plus jeune âge avec les dispositifs Ecoles et Collèges au cinéma et l’organisation de festivals tels que Mon premier festival.




Moyenne des avis sur cet article :  4/5   (4 votes)




Réagissez à l'article

1 réactions à cet article    


  • LE CHAT LE CHAT 29 octobre 2008 11:59

    Les temps ont quand même bien changé et l’on peut voir toute l’année des dessins animés et autres films d’animation . Certains désormais , sont conçus pour plaire aux plus petits comme aux plus grands !
    et accompagner ses enfants n’est plus autant une " corvée" , tant l’humour au second dégré et les parodies et références à d’autres films apparaissent .

    ici à Fos sur mer , le cinéma municipal propose à chaques vacances scolaires une sélEction de dessins animés pour les enfants ! Heureusement que le profit n’est pas la seule motivation pour ce genre de cinéma ....

Ajouter une réaction

Pour réagir, identifiez-vous avec votre login / mot de passe, en haut à droite de cette page

Si vous n'avez pas de login / mot de passe, vous devez vous inscrire ici.


FAIRE UN DON

Auteur de l'article

Babar

Babar
Voir ses articles






Les thématiques de l'article


Palmarès