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Accueil du site > Culture & Loisirs > Culture > Pauline Lafont, déveine dans les Cévennes

Pauline Lafont, déveine dans les Cévennes

« Être jeune, c’est être spontané, rester proche des sources de la vie, pouvoir se dresser et secouer les chaînes d’une civilisation périmée, oser ce que d’autres n’ont pas eu le courage d’entreprendre. » (Thomas Mann, 1947).



Il y a trente ans, une jeune actrice s’est retrouvée au centre d’une énigme malheureusement pas si mystérieuse que cela. Le 11 août 1988, en vacances dans les Cévennes, Pauline Lafont a fait de la randonnée seule, partie de la maison familiale, celle de sa mère, Bernadette Lafont (1938-2013). Dès la fin de la journée, sa disparition a été signalée à la police et pendant plusieurs jours, des recherches ont été effectuées, sans résultat. Les rumeurs les plus folles ont alors couru, laissant entendre que Pauline Lafont aurait été vivante et aurait voulu refaire sa vie.

Triste banalité d’un accident comme la montagne en provoque souvent hélas. Trois mois plus tard, le 21 novembre 1988, un agriculteur a découvert son corps au fond d’un ravin, elle avait chuté d’une dizaine de mètres et était morte sur le coup. Elle avait 25 ans (née le 6 avril 1963 à Nîmes) et était la seconde fille de l’actrice Bernadette Lafont (morte il y a cinq ans, le 25 juillet 2013, d’une crise cardiaque).

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Comme sa mère, Pauline Lafont avait suivi la voie royale du spectacle, de la comédie, de la chanson et de l’impertinence. Elle avait joué dans une vingtaine de films (en particulier sous la direction de Jean-Marie Poiré, Claude Chabrol, Jean-Pierre Mocky, Jean-Michel Ribes, Sylvain Madigan, Jean-Luc Godard, Josée Dayan, etc.).

Le film où elle a eu un rôle majeur, ce fut "L’été en pente douce" réalisé par Gérard Krawczyk et sorti le 29 avril 1987. C’était le deuxième long-métrage de Gérard Krawczyk qui s’était fait connaître avec son premier film "Je hais les acteurs" sorti le 10 septembre 1986 où Pauline Lafont a joué le rôle d’Elvira aux côtés de nombreux acteurs de renom, entre autres, Michel Galabru, Jean Poiret, Dominique Lavanant, Michel Blanc, Guy Marchand, etc. et même… Gotlib !

Dans "L’été en pente douce", elle jouait le rôle de la compagne d’un des deux frères qui viennent de perdre leur mère, l’autre frère est retardé mental (joué par Jacques Villeret, le premier par Jean-Pierre Bacri), mais ils doivent faire face à la détermination de deux voisins, des frères, joués par Jean Bouise et Guy Marchand, de racheter la maison familiale. Quasiment la seule femme du film, Pauline Lafont éblouissait par sa présence.

Pauline était la dernière enfant de Bernadette Lafont qui avait également Élisabeth (actrice) et David, tous les trois, enfants du sculpteur hongrois Diourka Medveczky (88 ans) qui vit dans les Cévennes après avoir séjourné pendant une année (2015-2016) sur la merveilleuse Île aux Nattes (à quelques brasses au sud de l’Île Sainte-Marie) à Madagascar, sans doute l’un des endroits les plus paradisiaques au monde à condition que les touristes ne l’envahissent pas. Le sculpteur avait réalisé un unique film produit en 1969 avec Bernadette Lafont et Jean-Pierre Léaud, salué par la critique mais jamais distribué (sorti publiquement seulement en DVD le 6 novembre 2012).

De 1985 à sa disparition, Pauline Lafont était la compagne du chanteur Jacno, pseudonyme de Denis Quilliard (mort en 2009 d’une sale maladie) qui a aussi produit des albums notamment de Pauline Lafont mais aussi d’Étienne Daho, Lio, Jacques Higelin, etc.

Promise à une belle carrière, Pauline Lafont est tombée dans le goulp de la destinée. Il n’y a pas d’âge à cela et la réalité est que chaque vie ne tient jamais qu’à un fil. L’actualité des derniers jours, par leurs rudesses caniculaires, l’ont montré dans toute l’Europe. Cette disparition fut le grand malheur de Bernadette Lafont au sourire malgré tout pétillant.


Aussi sur le blog.

Sylvain Rakotoarison (04 août 2018)
http://www.rakotoarison.eu

Pour aller plus loin :
Pauline Lafont.
Marie Trintignant.
Annie Cordy.
Philippe Magnan.
Johnny Hallyday.
Louis Lumière.
Pierre Bellemare.
Meghan Markle.
Pierre Desproges.
Georges Méliès.
Jeanne Moreau.
Louis de Funès.
Le cinéma parlant.
Charlie Chaplin.

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12 réactions à cet article    


  • Fergus Fergus 8 août 2018 11:40

    Bonjour, Sylvain

    Une évocation de Pauline Laffont qui me touche : cette jeune femme avait une forme de candeur lumineuse qui est très bien rendue dans « L’été en pente douce » où elle est formidable de naturel. Merci à vous.

    Un mot sur l’Île aux Nattes que j’ai découverte il y a une douzaine d’années par l’intermédiaire d’amis qui ont adopté une très attachante petite fille malgache et qui ont fait de nombreux séjours dans le pays. Libre à vous de qualifier ce lieu du cliché usé jusqu’à la corde d’« île paradisiaque ». Un avis que je ne partage pas : cette île est tellement « paradisiaque » que l’on trouve des milliers d’endroits du même type sur la planète, tous caractérisés par une langue de sable blanc, des cocotiers et une eau turquoise. Tout cela témoigne d’une grande banalité. Personnellement, je connais des grèves et des plages infiniment plus « paradisiaques » dans leur écrin de montagnes ou de chaos rocheux du sud de l’Espagne à la Norvège. smiley


    • velosolex velosolex 9 août 2018 10:14

      @Fergus
      Fort jolie fille,c’est vrai, mais il y a la plus jolie fille du monde, dans chaque quartier de chaque ville.

      Je rebondis sur « la candeur lumineuse »..ne pouvant que sourire sur ces clichés sur l’éternel féminin fantasmé. 
      Croyez vous que c’est la « candeur lumineuse » qui l’a catapultée en haut du box office, ou l’effet piston de Bernadette ?..
      .Hors sujet, le cinéma français nous montre comment ces privilégiés, assurent sans cesse leur succession, plus ou moins comme les princes d’antan et les rois de France...
      .Normal, ai je entendu le fis Dutronc pour se défendre. Même la caissière de supermarché fait la même chose pour faire entrer sa fille au Prisunic. On est saisit d’une si belle logique. Pourquoi ce beau gosse n’a t’il pas fait philosophie ?
      Ce n’était pas de l’’humour, mais de la sociologie. Celle des people. La même depuis Marie antoinette et son analyse Brioche= pain dur. 
      On le voit, certains se servent d’un téléphérique pour monter au sommet, voir d’un hélicoptère, pendant que d’autres montent avec un piolet, voir avec les dents. 

    • cevennevive cevennevive 8 août 2018 11:59

      Dans « poulet au vinaigre », pauline nous montre son joli petit derrière. Elle est si fraîche, si belle dans ce film.


      Morte en pleine beauté. Elle n’aura pas subi le sort des roses dont parle Ronsard...


      • alinea alinea 8 août 2018 13:11

        @cevennevive

        Je me souviens très bien du temps des recherches ! j’habitais à côté et mes meilleurs amis avaient acheté la propriété agricole de Bernadette !
        Les recherches c’est quelque chose d’incroyable et complétement débile ; en montant derrière la propriété de sa mère elle débouchait sur la corniche des Cévennes ; là elle a traversé la route et s’est cassé la figure guère plus loin.
        Les secours ont cherché pendant des jours, voire des semaines, côté Vallée Borgne exclusivement !! la route fut, tacitement un barrage infranchissable, c’est curieux hein ?
        Morte sur le coup, cela n’a jamais été dit, et est fort peu probable. Son corps a été retrouvé plus de trois mois après, cela laisse seulement la possibilité d’une autopsie aléatoire !

      • Mélusine ou la Robe de Saphir. Mélusine ou la Robe de Saphir. 8 août 2018 16:31

        Fille de la : FIANCEE DU PIRATE. Bernadette condamnée à dette perpé-tue-elle de survivre à celle à laquelle elle a donné la vie. L’« été en pente douce »,...quelle ironie du sort. Qui peut dire à quel point un rôle imprime l’inconscient de celui qui l’interprète ? Les acteurs sont-il vraiment armés pour l’ubiquité. Je joue, mais à quel jeu ?

        • Macondo Macondo 8 août 2018 18:56

          @Mélusine ... J’étais ainsi au rang derrière peut-être même juste à côté, en tous cas nous avons vu le même film générationnel ...


        • velosolex velosolex 9 août 2018 10:03

          @Mélusine ou la Robe de Saphir.
          De la chute de rein, à la chute de pierres. l’une est encore plus fatale que l’autre. La montagne, ça fait beaucoup de morts, une vacherie, qui attend que vous lui tournez le dos pour vous tomber dessus. Préférez les marches dans la Beauce.... Même les vaches qui arrivent dans les alpes doivent être prises en charge par leurs congénères, pour apprendre la meilleure façon de marcher. Authentique !. Ne pas croire donc, cet exemple tragique et people étant là pour le souligner, ( car l’écho d’une célébrité qui dévisse fait beaucoup plus de bruit) . qu’il suffit de faire le K2 pour se mettre en danger. Un simple escabeau suffit...Le réchauffement actuel provoque énormément de décrochements de rochers. Le spectacle d’un couloir où pendant 2 minutes j’ai pu voir des centaines de tonnes de pierres rebondir là où je pique niquais cinq minutes avant, me fait maintenant me méfier du jambon cornichon...De façon générale descendre dans la vie, est bien plus dangereux que monter. Valable aussi pour l’aviation, les ascenseurs, et l’âge. 


        • velosolex velosolex 9 août 2018 10:23

          @Mélusine ou la Robe de Saphir.
          J’ai tenté l’ubiquité quand j’étais jeune, heureux possesseur d’une 2 CH,passant sans cesse sur le siège de devant, à la place du conducteur à celle du passager. 

          Je pense que les acteurs doivent être soumis à ce choix cornélien. 
          Impossible à réaliser avec une ceinture de sécurité. La barre entre les deux sièges d’alors vous rappelant sans cesse comment la vraie vie est dure, mais c’est la loi. 

          A quel je jouons nous, quand arrive un tunnel ?....

        • Mélusine ou la Robe de Saphir. Mélusine ou la Robe de Saphir. 9 août 2018 14:07

          @velosolex

           « Je hais les acteurs ». Voilà une tunnel qui ’ouvre avec les meilleures intentions. Jeu de dupe sado-masochiste. Qui détient vraiment le rôle ? Le cinéaste qui déjà s’habille du regard du futur spectateur, ou l’acteur qui n’offre à la caméra que la partie qu’elle préfère maintenir : obscura. C’est la caverne de Platon. Je ne peux sortir de ma projection qu’en en sortant. Parfois, devant le double bind ou la contrainte impossible, il reste le gouffre. 

        • Pere Plexe Pere Plexe 8 août 2018 17:58

          Là Sylvain touche Lafont...


          • keiser keiser 8 août 2018 18:56
            @Pere Plexe

            Ben oui, il subit l’effet de l’été en pente douce.
            Et sans jeux de mots, bien sur ... smiley

          • stef 19 août 2019 19:02

            Bis repetita avec la mort en cet été 2019 du français Simon Gautier en Italie près de Naples 

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