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Accueil du site > Culture & Loisirs > Culture > Qu’importe le chemin (roman de Martine Magnin)

Qu’importe le chemin (roman de Martine Magnin)

Martine Magnin a encore choisi un sujet très difficile à traiter qui met à mal notre humanité et notre sensibilité.

Elle excelle dans ce roman, dans le traitement d’un sujet délicat qu’elle aborde avec une sensibilité et une habileté inégalées. Sous sa plume, alerte et concise, elle fait vivre un drame que personne ne souhaite avoir à affronter un jour. Il s’agit du récit d'une mère qui découvre que son enfant, en l’occurrence son fils Alexandre, est épileptique, avec aucun espoir de guérison en l’état actuel des connaissances médicales dans ce domaine.

L’intrigue paraît simple. Cependant, en décrivant les espoirs fous de guérison, les visites incessantes aux différents hôpitaux, la vie familiale et personnelle chamboulées et le combat permanent d’une mère, l’auteure décrit parfaitement cette atmosphère pesante qui questionne l’essence même de la vie. 

La pression est de tous les instants, angoissante, mais en même temps, une force surhumaine se dégage de la personnalité de cette mère qui ressent une sorte d’« obligation de vie » ne serait-ce que pour pouvoir être là, aider à surmonter les épreuves, vivre tout simplement, pour son enfant malade mais aussi pour sa famille, notamment son autre enfant, plus jeune qui ne comprend pas tout.

A l'adolescence, l’enfant malade, las et désabusé, décide d’arrêter son traitement et commence à dériver. C'est encore la mère qui sera son soutien et qui lui fera reprendre une vie normale.

Martine Magnin dit : « Dès que l’on passe sous l’imposant porche de pierre de la rue Duroc, dès qu’on entre au sein de l’Hôpital des Enfants malades, même peu concerné, même pour une simple visite, on se sent déjà inquiet. » Alors à fortiori, quand il s’agit de son enfant… Elle dit encore, lorsqu’elle découvre la maladie de son fils : « Les mots sinistres tournaient dans ma tête dans une ronde infernale. Le Grand Mal… malentendu, malédiction, malfaisant, malversation, malveillance, malheur, malheureux, mal-être, malsain, malséant, malin, malingre, malice, malignité, maléfice, malfaçon, mal de mon fils, mon fils est mal. J’ai mal à mon fils. Nous allons tous mal. On ne peut rien attendre de bien de tous ces maux-là. »

En réalité, le plus difficile, c’est de continuer à se battre, sachant qu’il n’y a pas de fin à ce combat permanent, à ce combat pour atténuer la souffrance, tout en sachant que jamais on ne réussira à l’éteindre. Le plus difficile, c’est de faire le deuil de l’insouciance. Le plus difficile, c’est de se persuader que ce n’est pas de votre faute, mais que cela demeure injuste… Car, la maladie n’est jamais banale, surtout quand il s’agit d’enfants.

Cependant, on s’accroche à de petits riens pour trouver un semblant de repères, de vie et de normalité impossible à atteindre. Pour pouvoir aussi faire abstraction de ses angoisses et peurs, afin de donner de l’espoir à l’autre, au malade, qui n’est autre que son enfant : « J’avais le ventre retourné, la respiration coupée, mes larmes coulaient sans fin. Il fallait que je me reprenne avant de monter dans sa chambre. Pourvu qu’Alexandre ne se rende pas compte de ma détresse et de mon découragement. Courage, redresse-toi !  »

S’occuper du quotidien, penser un instant à autre chose que cette satanée maladie incurable et en même temps un effort Surhumain pour donner une vie « normale » à son enfant : « Dans un effort dérisoire de normalisation, je lui citais aussi le cas d’autres enfants subissant également des maladies contraignantes, par exemple le diabète et la prise d’insuline, pour lui montrer qu’il n’était pas le seul à avoir des soucis. »

Enfin, affronter le regard des autres aussi : « Le regard des gens pesait et influait sur notre comportement, or je ne souhaitais pas que cette maladie, déjà pénible, isole Alexandre de ses copains. »

Un roman au ton juste, qui traite avec pudeur et sans excès de sentimentalisme un problème difficile à accepter…

Éditions : Fauves, 19 euros


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