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Retour du peintre au pays natal

 

Louis Denis-Valverane (1870-1943) est de retour au pays. Je m’explique : Louis Denis-Valverane est un enfant du pays, mais il est parti à Paris pour mener son aventure artistique, y côtoyant peintres et écrivains. Il y apprend la peinture et expose, à partir de 1901, régulièrement, dans les salons. Adhérent de la renaissance provençale de Frédéric Mistral, il est membre actif du mouvement fédéraliste provençal des années 1890 où il fréquente les provençaux de Paris : Alphonse Daudet, Paul Arène, Emile Zola.... Menant dans la capitale une existence bohème, il garde un attachement profond pour sa ville natale. Il n’y reviendra qu’après la déception de la défaite. Il y fréquentera Jean Giono, sans qui Manosque, c’est bien connu, ne serait pas Manosque. Trop tard puisque la maladie l’emporte en 1943.

 

Louis Denis-Valverane a une plaque posée sur sa maison. C’est d’ailleurs ainsi que Manosque connaît son existence : une plaque et un boulevard. Car pour voir sa peinture, il faut oser entrer dans les salles de la mairie, ce que tout le monde ne fait pas, sauf à y être contraint par un mariage ou quelques démarches civiques. Pour voir, enfin, sa peinture, il fallait cette exposition à la fondation Carzou et la lumineuse présence d’un pays glorifié sur la toile : un pays perdu ? Bien sur, voyez cette lumière, et la tendresse particulière qui plane sur la ville et sur le paysage. Et voyez cet art du dessin qui fit de Louis un graveur reconnu s’illustrant dans de multiples illustrations de livres.

 

De toile en dessin, de gravure en livres illustrés, on explore une œuvre attachante et profonde. La rue déserte de Gréoux, une vue bucolique sur le Mont d’or, la porte de Notre Dame de Romigier : c’est avec nostalgie que le peintre nous montre un pays, vide de ses habitants ; comme si l’homme devait être absent de la terre pour qu’elle retrouve sa beauté et sa sensualité. J’ai bien écrit l’homme et non l’Homme ; car si Louis Denis-Valverane ne montre pas les hommes, sauf à la terrasse d’un café ou sous les traits de son maître Frédéric Mistral, il sait, dans ces paysages idylliques où l’air diaphane souligne le flamboiement des lauriers roses, y installer la douceur féminine : bugadières à l’ouvrage, femmes au repos devant la majesté du Mont D’Or, marchant sur le parvis de Romigier, sensualité d’une femme nue dans un jardin luxuriant. Louis Denis-Valverane, déçu par les hommes et leur fureur guerrière aurait-il trouvé en la femme l’espoir d’un monde en paix ?

 

On découvre, cheminant devant les toiles la collection d’une ville qui n’a pas encore trouvé les moyens d’offrir à ses artistes un lieu d’exposition permanent. On nous raconte Manosque et sa lointaine histoire, mais les traces de ce passé glorieux et fier s’effacent peu à peu sous les marteaux-piqueurs de la modernité, et la ville ne possède toujours pas le musée qu’elle mériterait pour valoriser et faire connaître son passé, donner à voir les œuvres de ses enfants.

 

Gageons que cette exposition, à voir absolument, posera l’impérieuse nécessité de se doter du lieu indispensable à faire connaître les lumières d’un pays qui happe les artistes, envoûtés par l’azur, et les retient, loin des rumeurs capitales, tels Louis Denis-Valverane, Giono, et tous les inconnus.

 

Exposition Louis Denis-Valverane (1870 - 1943) Fondation Carzou, rue des Potiers, 04100 Manosque, du 27 juillet au 28 août 2005.


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