Sixties, la révolution du rock : So british !
Si l’ébullition des années 60 a conduit aux mouvements populaires de la jeunesse, et à Mai-68 en France, elle fut aussi propice à des révolutions musicales, tant par les thèmes abordés dans les chansons (sexe, drogue, politique, guerre...) que par l’exploration de nouveaux sons, rythmes, harmonies. Cet article constitue la deuxième partie de l’histoire du rock’n’roll.
La décennie s’annonçait sans grande surprise après la mort annoncée du rock’n’roll en 1959 et une désaffection montante de la bonne société américaine pour cette forme de musique considérée comme l’expression du mal. Les charts faisaient désormais la part belle aux survivants de la première décennie de rock’n’roll. Exit les Eddy Cochran, Buddy Holly et Richie Valens, morts prématurément et place au King "institué" roi du genre pour une diffusion commerciale et formatée aux bons soins du colonel Parker. Le goût populaire dominant allait par ailleurs se tourner vers les mélodies sages voire mièvres.
Mais cet assagissement n’était qu’en surface. Car sous l’onde tranquille se préparait une révolution musicale qui allait déferler sur ces années-là et s’inscrire en profondeur. Ce qui allait rendre possible tout cela, c’est la naissance des groupes (Cliff Richard et les Shadows en pionniers), les festivals (Monterey en 1967, Woodstock en1969, île de Wight en 68, 69, 70), et la vigueur du rock en Grande-Bretagne, véritable vivier qui allait ressusciter le rock devenu moribond. Trois groupes s’inscrirent pour un succès mondial et durable : les Rolling Stones (1960) et les Beatles (1959) et peu après les Who (1964). Nous parlerons peu des deux premiers car l’article apporterait peu de choses que le lecteur ne sache déjà. Il sera abondamment question en revanche de tous ces noms du rock et de la pop qui ont marqué les Sixties et dont beaucoup ont sombré dans l’oubli. Certains titres gagnent à être écoutés pour leur fraîcheur créative, leur spontanéité, leur naïveté d’alors. Même s’ils ne sont pas tous des chefs-d’œuvre, ils sont témoins de leur époque et dégagent un charme nostalgique. D’autres sont devenus des classiques et passent encore à la radio, d’autres encore sont remarquables pour leur originalité ou ce qu’ils annoncent. Ici, pas de hiérarchie selon des critères de qualité ou de modernité (le pire a toutefois été écarté !), mais un survol en musique d’une époque riche en rebondissements et en explorations diverses.
On voit bien que la musique pop et rock britannique a dominé cette période. Les artistes et groupes suivants sont britanniques : The Beatles, Cliff Richard & The Shadows, The Rolling Stones, The Animals, The Who, The Kinks, David Bowie, Moody Blues, The Yardbirds, The Pink Floyd, Ten years after, The Yardbirds, “John Mayall & the Bluesbreakers”, Cream, Soft Machine, Rod Stewart, Fleetwood Mac, Procol Harum, Genesis, Deep Purple, Led Zeppelin, Yes, Joe Cocker, King Crimson, T.Rex. Voici leurs principaux titres par années :
1 - 1959 - 1962 : dans la continuité des Fifties :
Pas de bouleversement dans le style musical. Les charts anglais sont largement dominés par Elvis Presley, Cliff Richard and the Shadows. Mais des petits nouveaux se partagent les autres places : Del Shannon Runnaway (qui sera repris par Dave), The Tornados Telstar. The Animals (Eric Burdon) compose déjà des titres célèbres (The House of the Rising Sun sortira en 1964 et sera repris par Johnny sous le titre Le Pénitencier). En 1965, We Gotta get out of this Place (l’une des premières chansons écologiques). Mais aussi Don’ let me be Misunderstood, Hallelujah I Love you so. Ike & Tina Turner (1959, US). Chubby Checker Let’s Twist Again. Un groupe se démarque par son style innovant : The Beach Boys (1961, US, californien).
1963 : Gerry and The Pacemakers : You’ll Never Walk Alone, The Ronettes : Be my Baby. The Kingsmen : Louie louie.
2 - 1964, une année fertile en nouveaux groupes :
Tandis que les Beatles règnent dans les charts anglais déjà depuis l’année précédente, les Rolling Stones font une percée. Le duel durera plusieurs années. Dans le même temps, d’autres groupes et artistes britanniques font leurs débuts. Les Who se forment, rejoints par le batteur Keith Moon. 1964. Premier hit : I Can’t Explain. D’autres succès viennent aussitôt : Anyway, Anyhow, Anywhere. L’album mythique My Generation sort cette année-là tandis que le non moins emblématique Tommy paraîtra en 1969. Ce sont les débuts également des Kinks (You Really got me, Sunny Afternoon, All Day and all of the Night), de David Bowie (d’abord folk), des Moody Blues (rhytm‘n’blues), des Yardbirds (Eric Clapton puis Jeff Beck, guitaristes) :I ain’ got you, A Certain Girl, Got to Hurry... Pour couronner cette profusion, Pink Floyd se constitue autour de Syd Barrett, qui sera très vite remplacé à la guitare par son ami d’enfance, David Gilmour.
Pink + Floyd : Le nom du groupe ne signifie pas « flamant rose », (« flamant » se traduisant en anglais par « flamingo »). C’est en réalité un nom adopté en référence à deux musiciens de blues, Pink Anderson et Floyd Council. Quelques titres :Lucifer Samet Astronomy Domine, en 1967. L’album A Saucerful of Secrets en 1968 dont le titre Set the Control for the Heart of the Sun. Les pierres qui roulent : Les Rolling Stones ont puisé leur nom chez Muddy Waters, joueur de blues qu’ils admirent et dont un morceau s’intitule Rollin Stone.
D’autres artistes à succès en 1964 : Roy Orbison et son célèbre Oh Pretty Woman, Them : Gloria, puis It’s all over now Baby Blue. Dionne Warwick : Walk on by. The Zombies sortent leur premier tube She’s not there. The Supremes : Baby Love.
3 - Milieu des années 60 : L’acid rock ou rock psychédélique :
Le mouvement psychédélique, né sur la côte ouest des Etats-Unis, est représenté par :
The Byrds (US, folk-rock, californien) : Mr Tambourine Man, Turn Turn Turn. Grateful Dead : (appréciés surtout en concert). Jefferson Airplane (US) : It’s no Secret, Somebody to Love. The Doors : album Doors (1967) dont les titres Light my Fire et The End. Les albums Strange Days (1967) et Waiting for the Sun (1968). Creedence Clearwater Revival : le fameuxProud Mary, Travelin’ Band.
Autres styles :
1965 : The Temptations (US, ormé en 1960) : My Girl, The Four Tops It’s the Same Old Song (qui sera adapté par Claude François), The Righteous Brothers : You’ve Lost That Lovin’ Feelin’.
1966 : Tom Jones : Greeen Green Grass of Home. The Velvet Underground (Lou Reed) : I’m Waitin for the Man, Sunday Morning. Cream (dont Clapton) se forme. Album Good Bye. Leur titre Sunshine of your Love annoncera le Cocaïne de Clapton (écouter les premières mesures). Buffalo Springfield (US), composé de Neil Young, de Stephen Stills et de Richie Furray, se forme et sort l’année 67 le tube : For what it’s Worth. The Lovin’ Spoonful (US formé en 65) : Daydream, Summer in the City. Herman’s Hermits : No Milk Today, Percy Sledge When a Man Loves a Woman, The Troggs Wild Thing.
4 - 1967 à 1969 : Essor du rock progressif et naissance du hard rock :
Le rock progressif, initié essentiellement par les Beatles et les Pink Floyd, connaît un développement (il connaîtra son apogée dans les anées 70) :
King Crimson : l’étrange et superbe The Court of the Crimson King. Genesis : Le groupe se forme (avec Peter Gabriel) et sortira son premier album en 1969, From Genesis to Revelation qui sera réédité en 1974 sous le nom In the Beginning qui est aussi le nom d’un des titres. Phil Colins rejoint le groupe en 1970. Yes : Leur album Yes, sorti en 1969, est peu représentatif de la musique qu’ils joueront la décennie suivante. Gong
Le hard rock , dont les prémices existaient chez les Kinks et surtout chez les Who et les Rolling Stones, fait son entrée tonitruante et remarquée avec : Deep Purple : Love Help me, Mandrake Root, Playground, Lalena (slow), Led Zeppelin : en 1969 : Heartbreaker, Whole Lotta Love.
Autres styles :
1967 : The Monkees I’m a Believer. Fleetwood Mac, formation de Peter Green, joue du rock-blues : Albatross, Black Magic Woman qui sera repris plus tard par Santana. Le groupe change après 1974 : il fera du rock californien. Procol Harum dont le tube A Whiter Shade of Pale fait un succès mondial. Janis Joplin (US), Jimi Hendricks (US), Scott Mc Kenzie (US) : San Francisco. The Box Tops : The letter.
1968 : Chicago, Stooges (Iggy Pop), Alice Cooper, Joe Cocker : son premier tube est une reprise des Beatles, With a Little Help from my Friends.
1969 : The Archies Sugar Sugar, Jethro Tull album Stand up (Bourée), The Seekers (premier groupe australien de musique populaire à être bien classé au hit-parade et au classement des ventes au Royaume-Uni et aux Etats-Unis). Sly & The family stone : Stand !
Bonne écoute !
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