« The Servant » en Thriller style humour noir au Poche
- THE SERVANT
- photo @ Brigitte Enguerand
Mais qui donc influence qui ?
A l’image du film de Joseph Losey sur scénario d’Harold Pinter tiré du roman de Robin Maugham où Dirk Bogarde et James Fox rivalisaient en double jeu pervers, ici, sur les planches du Poche Montparnasse, Maxime d’Aboville et Xavier Lafitte tirent allègrement sur les ficelles de la manipulation, sans jamais rompre le suspense du trouble inquiétant.
Il se pourrait néanmoins que la mise en scène de Thierry Harcourt y ait ajouté le prisme de la comédie en accordant des particularités drolatiques aux quatre personnages secondaires.
Ainsi, à l’instar de la dialectique hégélienne du maître et de l’esclave, Tony et Barret vont d’emblée s’entendre comme larrons en foire pour illustrer la thèse du renversement de la relation dominant - dominé par la simple vertu du travail de l’esclave prenant peu à peu le pouvoir sur l’oisiveté du maître.
Cependant, de manière concomitante, trois jeunes femmes entrent dans la danse pour tirer à hue et à dia sur cet étrange attelage désuet que constituent un jeune aristocrate londonien et son valet engagé pour subvenir à toutes les tâches ménagères et organisationnelles.
De plus, un ami de Tony, propriétaire du lieu, essaiera lui également sans discontinuer de remettre chacun à sa juste place, de façon à ce que Tony reste exclusivement l’employeur de Barett et qu’en retour, celui-ci serve son patron sans outrepasser ses prérogatives.
Rien n’y fera ! En effet, viscéralement aimantés l’un par l’autre pour dépendre mutuellement de l’hyperaction délibérée face à la passivité adulée, ces deux-là entrent dans une escalade transgressive sans limite où il semblerait que chacun y trouve son contentement alors même que la bande des quatre s’évertuerait en vain à neutraliser cette osmose relationnelle dérangeante pour autrui.
Ainsi perversité et humour font-ils bon ménage dans cette adaptation française de The Servant par Laurent Sillam au profit de jeunes comédiens parfaitement en accord avec ce ton de l’étrangeté distanciée :
Maxime d’Aboville à l’impénétrable charisme ; Xavier Lafitte, faux air d’un Delon prometteur ; Adrien Melin, en quête de synthèse introuvable ; Alexie Ribes, en défenseur de bonne tenue et enfin Roxanne Bret se partageant en deux « folles » amoureuses.
Thierry Harcourt pourrait fort bien avoir inventé, à lui seul, un nouveau genre de spectacle : La reprise qui fait oublier l’original !
photos @ Brigitte Enguerand
THE SERVANT - ***. Theothea.com - de Robin Maugham - mise en scène Thierry Harcourt - avec Maxime d’aboville, Roxane Bret, Xavier Lafitte, Adrien Melin & Alexie Ribes - Théâtre de Poche Montparnasse
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