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Accueil du site > Culture & Loisirs > Culture > Un univers déshumanisé

Un univers déshumanisé

Philippe Cjaudel nous offre une photographie interprétée du monde dans lequel nous vivons.

A y voir de plus près, sa vision de cette société où l'homme est broyé, infantilisé et livré aux intérêts d'une minorité prête à le jeter comme on jette un papier dans la poubelle est malheureusement réaliste.

Evidemment dans ce roman, le trait est fort et un peu exagéré mais constitue un cri d'alarme.

Il ne nous invite pas à la révolte car ce n'est pas sa fonction en tant qu'écrivain mais nous invite à la réflexion sur notre devenir collectif qui peut ne pas devenir le néant.

« l'Enquête » de Philippe Claudel

livre de poche

Edition Stock

284 pages

6,90 €

Août 2012

 Fascinant et quelque peu inquiétant

La sortie d'un roman de Philippe Claudel ne passe pas inaperçue et pour cause : il capture le lecteur, le fait s'interroger, voire s'inquiéter pour ensuite le mener vers une destination souvent inattendue.

L'enquêteur, puisque c'est ainsi qu'il « se nomme » doit enquêter sur les suicides nombreux et inexpliqués qui touchent l'Entreprise.

C'est ainsi que cet homme, un peu rond et de petite taille, assez banal débarque dans une ville où tout semble obscur et surtout très peu banal...Sa sécurité psychologique est mise à l'épreuve, à l'hôtel où il débarque la nuit, à la porte de l'entreprise qu'il aura du mal à franchir.

Comme au début du siècle dernier, l'Entreprise est omniprésente et d'ailleurs elle couvre toutes les activités possibles : la communication, la production de biens divers, l'ingénierie, l'agroalimentaire, sans oublier la banque et l'incontournable développement humanitaire.

La différence notable réside dans la disparition du propriétaire, patron « paternaliste », ceux qui mènent la danse et qui tirent tout le bénéfice sont aujourd'hui des anonymes actionnaires.

Cette Entreprise et même les autres sont «  devenues des sortes de nébuleuses, agrégeant à elles des filiales comme autant de particules, les délocalisant, les relocalisant, créant des ramifications, des arborescentes lointaines, des radicelles, enchevêtrant les participations, les actifs et les conseils d'administration en des écheveaux si confus qu'on ne parvenait plus très bien à savoir qui était qui et qui faisait quoi. »

Dans cette longue marche, l'enquêteur rencontre non des individus dotés d'une identité mais des fonctions comme le Policier, le Guide, le Vigile ou le Psychologue, chacun étant doté d'une ambivalence.

S'agit-il là d'une réalité ou d'un rêve ?

Est-on là au bord du néant ?

La société décrite est déshumanisée...Les hommes et les femmes avancent parfois dans la rue comme des automates ne communicant pas avec leurs voisins et suivant une ligne droite qui les conduit à un destin qu'ils n'ont pas choisi .

Ce roman nous interpelle et laisse des traces.

Jean-François Chalot


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3 réactions à cet article    


  • LE CHAT LE CHAT 21 septembre 2012 10:10

    la société actuelle, foncièrement individualiste , devient forcément deshumanisée .
    Va t on vers des univers totalitaires comme dans de nombreux romans de science fiction ?


    • Jean J. MOUROT Jean J. MOUROT 21 septembre 2012 12:04

      Je n’ai lu de cet auteur lorrain que « le Rapport de Brodeck » qui lui valut notamment le Goncourt des lycéens. J’ai beaucoup aimé le climat, entre réalisme et allégorie. On pense au Kafka du « Château ».

      Le thème qu’il aborde cette fois est un peu le même que dans « l’Imprécateur » de R.V. Pilhes. On entre dans l’absurdité maléfique de l’entreprise... Le roman de Claudel est actuel. Pas plus tard qu’hier j’avais une conversation sur le sujet avec un délégué syndical d’une entreprise locale au sein d’un groupe racheté par des financiers qui ont des usines en Pologne, en Thaïlande... Notre entreprise locale n’est plus rentable du point de vue des véritables propriétaires. On prévoit un dégraissage prélude à un démantèlement...
      Ainsi va le monde capitaliste...

      Cela dit, Claudel publie ces jours-ci un recueil de nouvelles intimistes où il évoque sa Lorraine natale : Parfums, chez Stock.

      • anty 21 septembre 2012 12:56

        Un article comme çà pourrait être écrit à n’importe quelle époque tant les époques sont semblables avec ses cortèges des misères humaines

        Et sans doutes longtemps dans l’avenir on verra ces misères

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