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Accueil du site > Culture & Loisirs > Culture > Une heure et demie de retard

Une heure et demie de retard

Pierre a déjà enfilé son imper, il est prêt. Il n’attend plus que Laurence pour prendre la voiture et se rendre au dîner où ils sont attendus. Mais sa femme refuse de partir, elle souhaite parler. Pierre lui accorde cinq minutes ; cela va durer une heure et demie.

C’est au Théâtre des Mathurins qu’Evelyne Buyle et Patrick Chesnais incarnent ces deux quinquagénaires aisés, dont la soixantaine approche, et qui vont faire le point sur leurs trente années de vie commune, l’espace d’une soirée. Les auteurs, Gérard Sibleyras et Jean Dell, avaient déjà écrit Un petit jeu sans conséquences (ainsi que Le vent des peupliers pour le premier cité) ; avec Une heure et demie de retard, ils montrent une nouvelle fois leur talent pour nous faire écouter la petite musique des couples en crise. Alors que son troisième et dernier enfant vient de quitter la maison pour vivre sa vie, Laurence s’interroge sur ce qu’a été la sienne, ou plutôt sur toutes celles qu’elle aurait pu avoir si... Les choix qu’elle a faits ont-ils été les bons ? C’est le principe du choix, lui rappelle son mari, que de ne pas savoir ce qui se serait passé si l’on en avait fait un autre. Il l’accepte parfaitement, parce qu’il a eu une belle carrière qui lui permet aujourd’hui de revendre à un bon prix les parts de son cabinet d’avocat fiscaliste. Elle ne parvient pas à s’y résoudre, parce qu’elle estime ne rien avoir fait de sa vie, ce dont elle rend responsable son mari.

Sur cette base, Gérard Sibleyras et Jean Dell ont écrit une comédie très drôle, dans laquelle Patrick Chesnais a le beau rôle. Ce dernier est en effet à l’origine de la plupart des rires fréquents de la salle, avec son personnage d’homme pragmatique et optimiste, ne se résignant pas au désespoir consommé de sa femme, certaine pour sa part que ni l’un ni l’autre ne survivront à l’heure de la retraite. C’est toujours un grand plaisir que de voir Patrick Chesnais, qui plus est au théâtre ; il promène ici sa grande carcasse et son visage de Droopy dans ce salon cossu où il écoute patiemment tous les reproches de sa femme. Evelyne Buyle est moins convaincante, en raison d’un jeu maniéré, qui est quelque peu gênant face au naturel de son partenaire. Si cela fait des années que vous rêvez de poser votre verre de vin directement sur la glace de la table basse en ignorant volontairement le dessous de verre, si vous ne supportez plus de vous faire engueuler à la moindre miette tombée sur le canapé, cette pièce est pour vous. Si vous ne ressentez pas ces besoins, vous pouvez quand même aller voir Une heure et demie de retard pour constater ce qu’aurait pu être votre vie si...


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Turquois


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